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Demandes d'augmentation : comment réagir ?

Comment réagir à une demande d'augmentation de salaire ? Si la problématique adresse l'ensemble des managers et chefs de service, celle-ci peut s'avérer particulièrement épineuse pour les directeurs financiers, érigés comme « gardiens du temple » d'un côté, mais confrontés en même temps, comme tous leurs homologues managers, à la nécessité de conserver et motiver leur propre équipe finance.

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Demandes d'augmentation : comment réagir ?

Comment réagir à une demande d'augmentation de salaire d'un de ses collaborateurs ? Tout responsable d'équipe se voit interpellé une ou plusieurs fois dans l'année par son équipe à ce sujet. Et ce n'est pas forcément la partie la plus agréable du job... Surtout lorsque le manager ne peut (ou ne veut) pas répondre favorablement à la demande exprimée par son collaborateur, de manière parfois vindicative. Malgré tout, l'exercice est incontournable. Et même si le sujet des augmentations est beaucoup passé par des négociations collectives en 2022 et 2023, il sera toujours un point obligé de la relation collaborateur/manager.

En 2023, selon l'étude annuelle sur les rémunérations du cabinet Deloitte, les augmentations médianes de salaire ont été de 4,6 % pour les OETAM (ouvriers, employés, techniciens, agents de maîtrise) et de 4 % pour les cadres. Et ce, sans tenir compte des dispositifs de rémunération variable et de l'épargne salariale, avec lesquels les augmentations médianes s'établissent respectivement à +7 % et +3 %. D'après une enquête réalisée début 2023 par le cabinet de recrutement Robert Half, 64 % des salariés comptaient ainsi demander une augmentation dans l'année, et même 74 % des 18/34 ans... Pour cette année 2024, toujours selon Robert Half (Guide des Salaires 2024), 49 % des salariés interrogés anticipaient un manque de compétitivité des salaires proposés par leur entreprise.

Dans ce contexte, prises entre l'augmentation générale de leurs coûts d'un côté et la nécessité de retenir les talents, les entreprises doivent donc faire les bons arbitrages. Avec en première ligne leurs managers et directeurs de service. Et si la problématique adresse l'ensemble de ces publics, elle peut s'avérer particulièrement épineuse pour les directeurs financiers, érigés comme « gardiens du temple » d'un côté, mais confrontés en même temps, comme tous les autres managers, à la nécessité de conserver et motiver leur propre équipe finance.

« Le DAF ne peut pas se réfugier dans le fait qu'il est le garant de la solidité financière de l'entreprise »

Travaillant avec des collaborateurs habitués à jongler avec les chiffres, équipes de surcroît plus au courant que les autres salariés de la situation financière de leur entreprise et de ses capacités d'investissement, le DAF pourrait être tenté de se contenter d'un « Non, tu connais la situation de l'entreprise, tu connais le contexte d'inflation, tu connais... ».

Une très mauvaise idée selon Fabrice Coudray, Managing Director Executive Search pour Robert Half. « Je pense que ce serait faire injure aux collaborateurs en question. Ce n'est pas parce qu'un comptable, une personne du service recouvrement ou un crédit manager est potentiellement plus au fait des indicateurs financiers de l'entreprise qu'une personne de la production ou une assistante administrative, qu'elle n'a pas droit au même traitement ». L'expert conçoit que l'exercice de l'augmentation des salaires de son équipe finance soit plus délicat, intellectuellement, pour le DAF que pour d'autres directeurs de service moins impliqués dans les rouages financiers de l'entreprise mais il n'empêche qu'il estime qu'il doit s'astreindre au même process de décision. Pourquoi ? Parce que le DAF est finalement confronté aux mêmes problématiques que les autres en matière de rétention de ses collaborateurs. « Le DAF ne peut pas se réfugier dans le fait qu'il est le garant de la solidité financière de l'entreprise pour refuser, sans plus d'arguments, les demandes d'augmentation », poursuit Fabrice Coudray.

Se laisser le temps de la réflexion et analyser le marché

L'expert de Robert Half préconise, avant toute chose, de ne pas réagir immédiatement à une demande d'augmentation. « Je déconseille de répondre oui ou non à chaud. Il faut toujours argumenter. Et surtout, il faut prendre la mesure de la pertinence de la demande : est-ce que le collaborateur en question a un salaire qui est bien dans le marché actuel. Si oui, est-ce que sa performance justifie un coup de pouce supplémentaire ? Si son salaire est en revanche en dessous du prix de marché, il y a lieu de se pencher sur la question et de réfléchir à un ajustement. Car attention, si le DAF dit non à l'augmentation de salaire, il y a toujours le risque d'un départ à plus ou moins court terme. Et dans ce cas-là, il faut savoir si on pourra recruter quelqu'un d'autre au même tarif, ce qui n'est pas évident dans le contexte actuel ». Il s'agira alors pour le DAF d'exposer les enjeux à sa direction générale.

Si l'augmentation du fixe est justifiée, mais pas possible, des voies alternatives sont à explorer. Notamment l'actionnariat salarié, l'amélioration des conditions de travail générales (temps de travail, télétravail etc.) ou encore l'ajustement de la part variable de la rémunération qui doit mener à une meilleure performance du collaborateur et donc à un équilibre gagnant-gagnant pour les deux parties etc.

En revanche, si rien ne justifie une augmentation du collaborateur, tant du point de vue de sa performance individuelle que du niveau de salaire de celui-ci par rapport au marché, le DAF devra alors forcément dire non. Désagréable, en convient Fabrice Coudray, mais partie intégrante du job de directeur. Financier ou pas.

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