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IA en entreprise : la sécurité des données interroge

La troisième vague du baromètre Talan/Ifop « Les Français et les IA génératives » confirme l'ancrage rapide de ces technologies dans le quotidien. En entreprise, les usages diffèrent selon les âges, les besoins et les objectifs des fonctions métier, mais des questions liées à la sécurité des données subsistent notamment pour les fonctions à risques comme les Daf. Détails.

Publié par Christina DIEGO le | mis à jour à
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IA et stockage de données
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« Nous voyons des organisations déployer des systèmes qu'elles ne comprennent fondamentalement pas », s'est alarmé Patrick Opet, le directeur de la sécurité informatique du géant bancaire de Wall Street, JP Morgan, dans une lettre ouverte, publiée par Les Echos fin avril dernier. L'expert s'inquiètait du fait que de nombreuses entreprises intègrent de nouvelles solutions informatiques d'IA génératives à un rythme soutenu, mettant à mal, selon lui, des décennies de travail concernant la sûreté des systèmes réseaux des entreprises.

En effet en très peu de temps, un an, selon le dernier baromètre Talan/ Ifop*, le taux d'adoption a progressé de plus de 40 %, atteignant 45 % d'utilisateurs réguliers. La notoriété des IA génératives continue également de s'élargir, avec près de 86 % des Français qui en ont désormais entendu parler, et 91 % des moins de 35 ans se déclarent familiers du sujet.

Les usages sont variés de la recherche d'information (34 %), au gain de temps dans la vie quotidienne (28 %), à la correction de fautes (23 %), au soutien à la créativité (13 %), voire l'amélioration de la confiance en soi (10 %). Derrière cette dynamique, une tendance se dessine : l'intégration croissante des IA génératives dans la vie courante, tant personnelle que professionnelle.

IA en entreprise : un levier de productivité encore sous-exploité ?

L'usage professionnel des IA génératives progresse rapidement, pour 43 % des répondants les utilisent dans le cadre de leur activité professionnelle. Et les effets sont significatifs. Près de 29 % des utilisateurs affirment que leur productivité a augmenté de plus de 40 % grâce à ces outils.

Parmi les solutions les plus utilisées, ChatGPT (72 %) reste en tête, suivi de Gemini de Google (20 %), Microsoft Copilot (12 %), et de nouveaux entrants comme Mistral (6 %) ou Deepseek.

Pourtant, cette adoption s'effectue dans un cadre souvent informel et non structuré. Seuls 15 % des utilisateurs professionnels ont été formés, alors que 73 % des Français déclarent ne pas disposer des connaissances nécessaires pour les utiliser efficacement. Pire encore, seuls 9 % des salariés en entreprise ont accès à un outil mis à disposition par leur organisation, et 49 % affirment que leur entreprise ne prévoit pas d'en déployer. La méfiance serait-elle de mise ?

Enjeux de souveraineté et de sécurité

Alors que les IA génératives s'imposent dans les usages, la méfiance reste vive, en particulier sur des sujets sensibles comme la souveraineté numérique ou la protection des données.

Les principales préoccupations exprimées par les sondés concernent la dépendance aux acteurs technologiques étrangers (60 %), les risques juridiques liés aux droits d'auteur et à la propriété intellectuelle (64 %), et la sécurité des données personnelles et professionnelles (65 %).

Ces craintes mettent en évidence la nécessité pour les entreprises d'encadrer davantage l'utilisation de ces outils, en intégrant des politiques claires de conformité, de gouvernance et de cybersécurité.

Des fractures générationnelles et territoriales se creusent

Ce mouvement global masque néanmoins des disparités croissantes. Sur le plan générationnel, 85 % des 18-24 ans ont adopté les IA génératives (contre 68 % en 2024), 63 % des 25-34 ans, mais seulement 31 % des plus de 35 ans. L'usage reste donc fortement concentré chez les jeunes actifs.

La fracture est également territoriale. L'Île-de-France regroupe 59 % des utilisateurs, dont 64 % dans l'agglomération parisienne, contre 44 % dans les communes urbaines de province et seulement 34 % dans les zones rurales. La diffusion des IA génératives reste donc très inégale à l'échelle nationale.

Pour les Daf, ce baromètre met en lumière plusieurs enjeux structurants. D'une part, la montée en puissance des IA génératives constitue une opportunité en matière d'efficacité, d'automatisation et de réduction des coûts. D'autre part, cette transition nécessite une vigilance accrue en matière de gestion des risques, de formation des équipes et de conformité réglementaire. Il apparaît une forte inégalité dans l'accès aux outils, une insuffisance de formation et des craintes liées à la sécurité, qui imposent une approche stratégique articulée autour de la montée en compétence, du déploiement progressif d'outils validés et du suivi des usages.

Les IA génératives ne sont plus une promesse technologique, elles transforment dès à présent les pratiques des individus et des actifs. Mais cette révolution, rapide et inégale, interpelle les entreprises, notamment sur leur capacité à accompagner le changement de manière structurée. Pour les directions administratives et financières, le défi est double : tirer profit des gains potentiels tout en assurant la maîtrise des risques dans un cadre sécurisé et responsable.

* Etude réalisée par l'Ifop pour Talan en mars 2025, auprès d'un échantillon de 1100 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

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