PME-ETI : forte inquiétude face au choc de la hausse des droits de douane
Les tensions internationales font vaciller la confiance des dirigeants, mais l'investissement et l'emploi demeurent stables. Face aux soubresauts de la conjoncture mondiale, les dirigeants de PME-ETI affichent une capacité d'adaptation en ce mois de mai, malgré l'effet des premiers impacts de la hausse des droits de douane aux États-Unis qui les inquiètent...

Selon le dernier Baromètre PME-ETI de Grant Thornton, réalisé avec OpinionWay entre le 23 avril et le 15 mai 2025*, 87 % des dirigeants interrogés se disent confiants dans l'évolution de leur propre activité, un taux élevé mais en léger recul de 2 points par rapport à avril. La dynamique haussière des derniers mois semble donc atteindre un plateau.
Toutefois, les dirigeants adoptent une posture plus prudente : la part de ceux se déclarant « très confiants » chute de 17 points, passant de 27 % à seulement 10 %, tandis que ceux se disant « assez confiants » progressent de 15 %. Tous les secteurs restent bien orientés : l'industrie-BTP est stable à 87 %, les services reculent à 87 % (-4 points) et le commerce atteint 89 % (-3 points).
Économie française : un net retournement de tendance
La confiance dans l'économie nationale, qui avait connu un rebond spectaculaire (+41 % entre février et avril), s'effondre à 38 % en mai (-28 points). Ce recul brutal s'accompagne d'une explosion du taux d'inquiétude : 33 % des dirigeants se disent désormais « très inquiets », soit +32 points en un mois. Les services sont les plus affectés (-33 points), suivis par l'industrie (-27 points) et le commerce (-27 points).
Ce recul s'inscrit dans un contexte budgétaire tendu, marqué par un déficit public qui pourrait atteindre 5,6 % du PIB en 2025. Malgré un environnement de taux favorable, les dirigeants anticipent des efforts fiscaux accrus et des pressions sur leurs marges.
Lire aussi : Conjoncture économique : les entreprises entre incertitudes géopolitiques et nationales
L'économie mondiale inquiète tout autant
Le pessimisme se propage également à l'échelle internationale : seuls 36 % des dirigeants se montrent confiants dans les perspectives de l'économie mondiale (-24 points), tandis que 37 % se disent « très inquiets » (+33 points). Le commerce (-27 points) et les services (-26 points) enregistrent les plus fortes baisses.
Les facteurs d'inquiétude sont multiples : ralentissement mondial, secousses boursières et surtout montée des tensions géopolitiques, amplifiées par les mesures protectionnistes américaines. Conséquence directe : les projets de développement international se réduisent, passant de 30 % des intentions en janvier à 24 % en mai.
Chaînes d'approvisionnement sous pression
Les perturbations de la supply chain sont au coeur des préoccupations : 61 % des dirigeants anticipent des impacts négatifs, principalement en matière de disponibilité des matières premières (41 %), de hausse des coûts (29 %) et d'allongement des délais (20 %). Ces inquiétudes conduisent à une reconfiguration des investissements.
Si 27 % des dirigeants reportent leurs projets et 6 % les annulent, une majorité (63 %) choisit de les maintenir. Cela témoigne d'une résilience affirmée, malgré un climat d'affaires instable.
L'emploi : un ancrage de stabilité
Les intentions d'embauche progressent légèrement à 8 % (+2 points), tout comme celles de réduction d'effectifs (4 %, +2 points). La très grande majorité des entreprises (88 %) souhaite maintenir ses effectifs, ce qui se traduit par un solde net d'emploi stable à 4 %, bien en deçà du seuil des 10 %, pour le huitième mois consécutif.
Une inquiétude désormais globale
Les préoccupations des dirigeants évoluent : si, au début de l'année, elles portaient principalement sur le contexte politique et fiscal français, elles se concentrent désormais sur les tensions géopolitiques (83 %, +45 points), le contexte économique mondial (76 %, +36 points) et les incertitudes réglementaires (50 %, +24 points), en lien direct avec la flambée des droits de douane.
Méthodologie
*Ce baromètre repose sur une enquête menée auprès de 220 dirigeants d'entreprises dont le chiffre d'affaires dépasse 20 millions d'euros. Les questions d'actualité ont été posées uniquement aux entreprises réalisant plus de 50 M€ de chiffre d'affaires. L'étude a été conduite par téléphone selon la méthode CATI, du 23 avril au 15 mai 2025, avec un redressement par secteur et taille d'entreprise.
Sur le même thème
Voir tous les articles Fiscalité