Ouverture de capital : un levier stratégique à manier avec méthode
Ouvrir son capital social est une décision stratégique qui peut transformer en profondeur la gouvernance, la dynamique financière et les perspectives de développement d'une société. Nous faisons le point avec Stéphane Villard, associé au sein de cabinet Deloitte, sur les bénéfices de cette démarche et les écueils à anticiper.

Une ouverture de capital est assez courante dans la vie d'une entreprise. Cette opération peut répondre à différents enjeux : organiser la transmission de l'entreprise, financer une nouvelle phase de croissance (acquisitions, internationalisation) ou encore résoudre des blocages liés à des conflits entre associés. Selon leurs résultats financiers, les entreprises sont plus ou moins attractives vis-à-vis des investisseurs. « Pour un LBO, les investisseurs recherchent généralement des entreprises en croissance rentable, générant un bon cash-flow. Une société affichant une croissance annuelle de 10 à 15 %, un EBITDA supérieur à 10 % et une conversion EBITDA to cash élevée est une bonne candidate », informe Stéphane Villard, associé en charge de l'activité conseil en fusions-acquisitions France au sein de cabinet Deloitte.
Des secteurs qui ont la côte
De même, le secteur d'activité a son importance. « Il existe des effets de mode et certains secteurs sont actuellement très porteurs, comme le marché des data centers ou celui des cabinets de conseil, qui intéressent beaucoup les investisseurs », remarque l'associé de Deloitte. A l'inverse, certaines activités auront peine à les attirer. Actuellement, il est ainsi difficile pour une entreprise de prêt-à-porter positionnée sur de l'entrée de gamme de réaliser un LBO. De même, les mauvaises expériences passées dans certains secteurs, comme les cliniques vétérinaires, peuvent aussi refroidir les investisseurs pendant plusieurs années.
Une valorisation de l'entreprise
Outre l'apport de fonds financiers, un investisseur amène également des bonnes pratiques de gestion. « Il met en place des outils de reporting qui permettent de mieux suivre l'évolution du business et de mieux gérer le cash. Il pousse également le management à s'interroger sur sa vision stratégique et sur la gouvernance de l'entreprise », détaille Stéphane Villard. En améliorant le pilotage, la gestion de la trésorerie et en alignant la gouvernance avec cette stratégie, les résultats de l'entreprise s'améliorent, ce qui entraîne une hausse mécanique de sa valorisation. Par ailleurs, être détenu par un fonds d'investissement rend l'entreprise plus attractive sur le plan financier. « Les fonds ont généralement une stratégie de sortie à 5-7 ans, ce qui place l'entreprise sous le radar d'autres acquéreurs potentiels », analyse Stéphane Villard.
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Une bonne préparation en amont
Intégrer de nouveaux membres au sein du capital social implique aussi de leur attribuer certains pouvoirs, ce qui peut être rédhibitoire pour certains dirigeants. « Il faut accepter de partager une partie de la gouvernance, mais cela ne signifie pas pour autant qu'il faille céder le contrôle ou subir les décisions de l'investisseur », explique Stéphane Villard. L'expert rappelle que les fonds n'ont pas vocation à diriger les entreprises mais de générer de la valeur pour leurs souscripteurs. « Il arrive que des fonds prennent le contrôle, mais uniquement dans des situations extrêmes, lorsque le management est défaillant », poursuit-il. Pour éviter les écueils, l'expert de chez Deloitte insiste sur l'importance d'anticiper ce genre d'opération et de se faire accompagner par un cabinet de conseil en M&A expérimenté et par des avocats spécialisés. « Il faut être capable d'identifier les enjeux et de conseiller sur les fonds entrants. Le bon investisseur n'est pas nécessairement celui qui propose le prix le plus élevé, mais celui dont l'ADN est aligné avec les valeurs du management et la stratégie de l'entreprise », souligne-t-il. Une condition essentielle pour sécuriser le projet et minimiser les risques.
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