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Accord commercial UE : quels risques à venir pour les entreprises françaises ?

Après l'annonce de droits de douane unilatérauxentre l'UE et les Etats-Unis, les réactions et craintes sont nombreuses en France. Le niveau de défaillances d'entreprises, déjà très élevé depuis le début d'année 2025, pourrait connaître des soubresauts dus à cet accord considéré comme « déséquilibré » pour certains secteurs.

Publié par Christina DIEGO le | mis à jour à
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Accord commercial UE : quels risques à venir pour les entreprises françaises ?
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« Le travail continue », a déclaré Eric Lombard, ministre de l'Economie et des Finances ce lundi 28 juillet en estimant que l'accord commercial « n'était pas complet ». Dans un entretien au quotidien Libération, le ministre a déclaré « il y a une base, c'est 15 %, et des exemptions qui ne sont pas encore toutes détaillées », car « l'accord n'est pas finalisé et nous veillerons à ce qu'il soit amélioré ». Qu'en est-il pour les entreprises françaises ? Selon les secteurs, l'accueil diffère.

Des entreprises soulagées et d'autres inquiètes

Certains secteurs sont soulagés. En effet, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé dimanche que certains secteurs bénéficieront d'une exemption totale des droits de douane entre les États-Unis et l'Europe, conformément à l'approche « zero-to-zero ». Elle a précisé que cela concernerait le secteur de l'aéronautique, tous les aéronefs ainsi que leurs composants. Cette exemption a été bien accueillie par le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales, qui considère cette décision « comme favorable à un équilibre industriel entre la France et les États-Unis », dans un communiqué.

De leurs côtés, les industriels laitiers français, qui exportent plus de 340 millions d'euros de produits aux États-Unis chaque année, vont subir des conséquences négatives. François-Xavier Huard, PDG de la Fédération nationale de l'industrie laitière, a souligné dans un communiqué que les tarifs de 30 %, annoncés au préalable par Donald Trump auraient fortement ralenti les exportations de produits laitiers. Il a ajouté « qu'un accord était préférable à une guerre commerciale, même si cet accord est globalement défavorable aux Européens », peut-on lire dans Les Echos.

En revanche, l'industrie des cosmétiques, qui exporte près de 13 % de sa production vers les États-Unis, est l'une des plus touchées par les nouvelles règles commerciales. Emmanuel Guichard, délégué général de la Fédération des entreprises de la beauté, a exprimé un certain soulagement quant à la visibilité apportée par l'accord, mais a également souligné une mauvaise nouvelle, lit-on dans la dépêche AFP. « On faisait 0 % de droits de douane en janvier vers les Etats-Unis et maintenant, on va être à 15 % ». Les États-Unis représentant un marché de trois milliards d'euros pour cette filière, cette augmentation des coûts pourrait rendre les produits européens moins compétitifs et menacer environ 5 000 emplois en France.

Des entreprises françaises déjà en difficulté

Dans la dernière étude d'Allianz Trade publiée le 24 juillet dernier, les experts de l'assurance-crédit ont détaillé les causes de la hausse significative des défaillances d'entreprises au deuxième trimestre 2025. En effet, sur un an, plus de 67 000 défaillances ont été enregistrées, marquant une augmentation de 3,5 % par rapport à juin 2024. Le deuxième trimestre 2025 a vu 17 085 défaillances, soit une hausse de 3,5 % par rapport au deuxième trimestre 2024.

Bien que le pic d'accélération des défaillances semble dépassé, la perspective d'un nouveau record historique de sinistralité reste d'actualité avec 67 500 faillites attendues d'ici la fin de l'année 2025. Dans le détail, à l'exception du commerce de détail, qui reste stable à un niveau élevé, aucun secteur n'échappe à la montée prolongée des défaillances. Les défaillances touchent de plus en plus les grandes entreprises et pas seulement les très petites entreprises. Maxime Lemerle, responsable de la recherche défaillances chez Allianz Trade, explique que les entreprises continuent de faire face à de nombreux défis, tels que la faiblesse du cycle conjoncturel, la fin et le remboursement des aides, la reprise des assignations par les services fiscaux et sociaux, ainsi que les incertitudes géopolitiques. « De plus, la guerre commerciale initiée par les États-Unis pourrait entraîner un nombre de faillites supérieur aux prévisions pour 2025 et 2026, estimées respectivement à 67 500 et 65 000 », estime-t-il.

Les PME, entre craintes et déception

Autre réaction, celle de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), qui a déclaré dans un communiqué que les conséquences du pacte annoncé dimanche « seront très négatives pour l'économie française et auront des répercussions désastreuses pour des milliers de PME ». Pour l'organisation patronale des PME, l'accord-cadre est considéré comme « une fausse bonne nouvelle », et avance que le prix à payer pour éviter la guerre commerciale avec les Etats-Unis « dépasse les limites du raisonnable ». Entre la baisse du dollar face à l'euro, les nouveaux droits de douane vont rendre « l'accès au marché américain (...) plus difficile et plus cher pour les entreprises françaises », souligne la CPME. Les effets risquent de se faire ressentir « singulièrement pour les PME qui, contrairement à certains grands groupes, n'ont pas la capacité de négocier des 'accords de prix minimum' avec le gouvernement américain », assure l'organisation.

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