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Défaillances entreprises : un niveau historiquement haut mais stable

Selon le bilan trimestriel d'Altares, près de 16 600 entreprises ont été placées en procédures collectives au cours du deuxième trimestre 2025, avec des redressements judiciaires à un niveau record. Certains secteurs sortent la tête de l'eau, mais d'autres enchaînent les difficultés. Tour d'horizon.

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Défaillances entreprises : un niveau historiquement haut mais stable
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Le groupe Altares, référent de l'information sur les entreprises, a publié le bilan du deuxième trimestre 2025 des défaillances d'entreprises en France. Une analyse qui pointe des tendances contrastées, avec des signes d'amélioration dans certains secteurs et des tensions persistantes dans d'autres. Au total, le deuxième trimestre 2025 a enregistré un total de 16 586 procédures collectives ouvertes, soit une légère hausse de 1,3 % par rapport à la même période de 2024.

Bien que ce niveau reste historiquement élevé, la tendance montre un ralentissement des défaillances pour la fin d'année. En effet, après un mois d'avril encore difficile (+8 %), le mois de mai a stoppé la hausse et juin a confirmé le reflux des défauts (-2 %).

Redressements judiciaires en hausse

Les procédures de sauvegarde sont en net recul de 16,1 %, avec 349 jugements enregistrés ce trimestre, ne représentant plus que 2 % de l'ensemble des procédures. À l'inverse, les redressements judiciaires (RJ) atteignent un niveau record avec 5 177 jugements prononcés, soit une augmentation de 7,5 %. Les redressements représentent désormais plus de 30 % des procédures ouvertes. Les liquidations judiciaires (LJ) se stabilisent légèrement au-dessus de 11 000 jugements, concernant les deux tiers des procédures ouvertes.

Les grosses PME en difficulté

Les PME de 20 à 99 salariés parviennent à stabiliser les ouvertures de procédures, avec une baisse de 1 % par rapport à l'année précédente. Cependant, les grandes PME d'au moins 100 salariés sont en difficulté, avec une augmentation de 29 % des défaillances. Malgré ces tensions, le nombre d'emplois menacés recule à 65 000, grâce à une meilleure résistance des PME de moins de 100 salariés.

Dans le détail, les jeunes entreprises de moins de trois ans sont particulièrement touchées, avec une augmentation de 8,4 % des défaillances. Ces structures, souvent fragiles financièrement, voient leurs procédures se conclure par une liquidation judiciaire dans plus des trois quarts des cas. Les entreprises âgées de plus de dix ans sont également en difficulté, avec une hausse de 6 % des défaillances.

Les secteurs en amélioration

Le secteur de la construction montre une remarquable résistance, avec une baisse sensible de plus de 5 % des défaillances. Le gros oeuvre enregistre une nette baisse des ouvertures (-7,2 %), tandis que le second oeuvre connaît un reflux moindre (-3,3 %). Les travaux publics retrouvent également des couleurs (-13,8 %).

Le commerce de détail présente des points de tension, mais globalement, le secteur du commerce enregistre une baisse de 2 % des défaillances. Les activités de détail font mieux avec un recul de 5 %, notamment dans le bricolage et l'équipement du foyer (-11 %).

Les secteurs en difficulté

Les transports accusent une dégradation plus lourde nette (+13 %), en particulier le transport de voyageurs (+49 %) et les autres activités de transport (+28 %). Les activités d'assurance et financières sont également en difficulté (+15 %), tout comme les services informatiques et l'édition de logiciels (+8,1 %).

Le secteur de la restauration est mal orienté (+6 %), avec une lourde augmentation dans la restauration traditionnelle (+21 %). Les activités de santé humaine et d'action sociale enregistrent également une forte hausse des défaillances (+30,5 %).

Régions en tension

Les Pays de la Loire accusent l'évolution métropolitaine la plus sévère, avec une hausse de 12 % des défaillances. La Loire-Atlantique, qui concentre 45 % des défauts de la région, pèse fortement sur la tendance. La restauration reste fortement sinistrée dans cette région.

La région voisine de Centre-Val de Loire est également à la peine (+7 %), avec des tensions dans la construction. La Nouvelle-Aquitaine ne parvient pas à inverser la trajectoire (+7 %), avec des départements comme la Charente-Maritime qui dérapent de plus de 20 %.

L'Occitanie est la quatrième région mal orientée (+6 %), avec des départements comme les Hautes-Pyrénées et l'Hérault qui affichent encore de très lourdes évolutions.

Les régions en amélioration

L'Île-de-France bascule dans le vert (-2 %), avec des améliorations dans la plupart des branches du bâtiment, des services, du commerce et de l'industrie. La Corse affiche une nette baisse (-8 %), tirée par les bons chiffres du bâtiment et de la restauration.

La Bourgogne-Franche-Comté est favorablement orientée (-6 %), avec des tendances positives dans de nombreuses activités. Le Grand-Est (-3 %) et la Provence-Alpes-Côte d'Azur (-4,7 %) enregistrent également des améliorations.

Thierry Millon, directeur des études Altares, conclut : « À mi-année, ce sont donc un peu plus de 35 000 entreprises qui ont poussé la porte des tribunaux. Ce nombre reste très élevé mais ne nous place toujours pas sur une trajectoire à 70 000 défauts. À la faveur d'un été traditionnellement moins lourd du fait des vacations judiciaires d'août, le second semestre nous projetterait sur un atterrissage annuel voisin de 67 000 défauts. Le risque commercial, et donc d'incidents de paiement, ne s'estompe donc pas comme l'illustre le niveau élevé des retards de règlement fournisseurs qui, là aussi se fixent sur un plateau à 14 jours en moyenne depuis le début de l'année. »

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