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Nouveau gouvernement : quelles perspectives pour les entreprises ?

Avec la nomination du nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, l'avenir du projet de loi de finances 2026 est dans tous les esprits. Fiscalité, incertitudes économiques, budget 2026 à faire voter... quelles sont les perspectives économiques qui attendent les entreprises dans les semaines à venir ?

Publié par Christina DIEGO le | mis à jour à
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Nouveau gouvernement : quelles perspectives pour les entreprises ?
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Et de trois. En un an, c'est le troisième Premier ministre qui prend les rênes de Matignon. Sébastien Lecornu vient d'être nommé ce mardi 9 septembre, à la suite du vote de confiance du 8 septembre qui a fait chuter et démissionner le gouvernement Bayrou. En effet, après Michel Barnier en novembre 2024 et la motion de censure, le Premier ministre François Bayrou a tenté de faire voter un projet de loi de finances ciselé avec trois mois d'avance. En vain ? Le sort du budget n'est pas encore remis en question à ce jour. A la clé : 44 milliards d'économie, essentiellement sans une hausse de la fiscalité des entreprises, a répété plusieurs fois Eric Lombard, ministre démissionnaire de l'Economie et des Finances avant l'été.

Les entreprises en attente de stabilité

De leur côté, les entreprises restent dans l'attente d'une situation stabilisée, qui tarde à se concrétiser. « La confiance des sociétés fait défaut aujourd'hui, et engendre une incertitude qui se traduit par un ralentissement général des investissements au sein des entreprises, lesquels se cantonnent désormais à ceux jugés strictement nécessaires, sans ambition accrue ni expansion significative », nous explique Denis Le Bossé, président du Cabinet Arc spécialisé dans la gestion du poste client. Pour lui, les entreprises sont dans un schéma où elles mettent tout en oeuvre pour préserver leur cash, « ce qui induit parfois un durcissement des rapports de force, notamment en matière de délais de paiement ».

Les délais de paiement, un ajustement financier

En avril 2025, le retard moyen de paiement entre entreprises en France a atteint 17,3 jours, en forte hausse par rapport aux 16,5 jours en 2024 (+15,7%), selon une étude publiée par le cabinet Arc en avril dernier. Les grandes entreprises ont réglé moins d'une facture sur quatre à l'échéance, avec un retard moyen de 14,8 jours, tandis que le secteur des services administratifs et de la santé affiche jusqu'à 21 jours de retard en moyenne. Une grand majorité des entreprises considèreraient les délais de paiement comme un outil d'ajustement financier. « Aujourd'hui, le rapport de force existe entre les entreprises et leurs fournisseurs. Et 49 % d'entre eux ne vont pas réclamer leurs factures auprès de leurs clients « grand compte », et pour ne pas perdre de parts de marché », assure-t-il. Autre constat, l'externalisation de la comptabilité à l'étranger engendre un allongement des délais de paiement. « C'est une stratégie pour sécuriser le cash. Les entreprises réduisent leurs investissements, et priorisent sur une trésorerie conséquente et disponible en cas d'incertitudes », souligne Denis Le Bossé.

Des dirigeants d'entreprise inquiets mais sur le terrain

Philippe d'Ornano, co-président du METI, a également rappelé, dans une interview parue dans L'Opinion, ce 9 septembre, la nécessité de ne pas ajouter de nouvelles taxes à destination des entreprises. Il souligne que les dirigeants d'entreprise vivent ces incertitudes politiques dans un climat de grande inquiétude. « Ce climat intervient dans un environnement international plus difficile et alors que les ETI souffrent déjà d'un environnement compétitif dégradé. Nous alertons sur les projets qui viseraient à taxer plus encore les entreprises qui produisent en France : nous les avons connus par le passé ; nous savons déjà les dégâts. Partout sur le terrain, les dirigeants et leurs salariés tiennent la barre : l'activité se maintient et le chômage ne s'envole pas. Cette résilience ne doit pourtant pas masquer la réalité : défaillances au plus haut, moral en berne et exaspération face à l'absence de cap économique clair. »

De son côté, le président de la CPME a déclaré que « La France ne peut pas se permettre 18 mois d'attentisme jusqu'à la prochaine présidentielle », a estimé Amir Reza-Tofighi dans Les Echos. Il soutient la nécessité d'un « choc de simplifications ». Procédures, normes, contrôles et délais administratifs doivent être allégés pour libérer du temps utile à la production et à l'emploi, préconise-t-il. « Dans les 18 prochains mois, il y a quelque chose qui ne coûte rien à l'État : simplifier la vie des entreprises », a assuré Amir Reza-Tofighi sur Sud Radio.

Enfin, la Confédération souhaite qu'une place plus grande soit donnée aux dirigeants d'entreprise dans la décision publique, y compris pour traiter des sujets stratégiques comme la dette de l'État. « La culture du résultat, de l'efficacité et du compromis qui prévaut dans les PME peut utilement inspirer l'action publique », rappelle-t-elle.

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