Julien Galinat, véritable « business patner » à la tête de la finance chez Rakuten France

Quel a été votre parcours dans la finance d'entreprise ?

Julien Galinat : Je possède une expérience de plus de vingt ans dans le domaine de la finance. J'ai eu l'opportunité de travailler au sein de grands groupes. Par la suite, j'ai intégré Veepee, leader dans le e-commerce en tant que Vice-Président. Cette entreprise a connu une croissance significative et est désormais présente dans plusieurs pays européens.

J'ai également eu l'occasion de travailler dans divers domaines de la finance, en contrôle de gestion et comptabilité. Ensuite, j'ai occupé un poste axé sur la mise en place de processus au sein des différents départements financiers, et j'ai accompagné la structuration du département financier.

Vous avez pris vos fonctions chez Rakuten en mars dernier, consolidant une solide expérience pour les pureplayers, pourquoi ce choix ?

J. G. : Ce qui m'a toujours guidé, c'est le désir de découvrir de nouveaux métiers, cultures et environnements. J'ai également été motivé par l'envie d'avoir un impact sur les organisations, c'est ce qui a particulièrement retenu mon attention. Enfin, l'alignement avec un projet est essentiel. Ces trois éléments étant réunis, j'ai accepté le poste de directeur financier de Rakuten France.

Comment se traduit ces ambitions au niveau de votre feuille de route ?

J. G. : Ce qui est particulièrement intéressant, c'est l'opportunité de travailler rapidement avec l'ensemble du comité de direction de Rakuten France à l'élaboration des grandes orientations stratégiques de l'entreprise, notamment sur le focus « innovation » et l'amélioration de l'expérience utilisateur.

Ensuite, ma feuille de route consiste à adapter celle du département finance à ces grandes orientations stratégiques et à travailler en étroite collaboration avec les autres départements pour atteindre ces objectifs.

Aujourd'hui, le Daf est un véritable business partner auprès de la direction. Est-ce le cas chez Rakuten ?

J. G. : Effectivement, le terme « business partner » m'est particulièrement cher. Cette notion a en effet guidé l'ensemble de mon parcours professionnel et mon arrivée au sein de Rakuten. Je pense qu'un département financier se doit d'être agile afin d'accompagner les équipes opérationnelles dans l'atteinte de leurs objectifs. À mon arrivée, l'un des points que j'ai estimé essentiel a été d'intégrer davantage les départements opérationnels aux différents processus de budget et de prévision. Inversement, il était également crucial que la finance soit impliquée en amont dans les projets.

Comment cela se matérialise dans les équipes et fonctions ?

J. G. : Il s'agit de collaborer et d'échanger avec d'autres fonctions support, telles que la DSI notamment. En réalité, cela concerne l'ensemble des départements, y compris IT pour les projets d'innovation, ainsi que les départements commerciaux et marketing, qui revêtent une importance particulière au sein de Rakuten

En effet, deux aspects sont essentiels. Premièrement, l'élaboration de business plans en amont permet d'anticiper, de prévoir au mieux et de comprendre pleinement l'impact de ces projets. Deuxièmement, il est crucial de prévoir en aval une exécution rigoureuse sur le plan financier.

Où êtes-vous dans la digitalisation des opérations ? Comment utilisez-vous l'IA ?

J. G. : L'intelligence artificielle et les processus financiers s'inscrivent dans une démarche réfléchie et structurée. Il convient de rappeler que nous appartenons à un vaste groupe japonais, fort de plus de trente mille collaborateurs disséminés à travers plus de trente pays, où les principes de bonnes pratiques sont profondément ancrés. L'utilisation de l'intelligence artificielle est vivement encouragée par le groupe, et cette orientation est au coeur de nos préoccupations.

Notre département financier en France utilise avec enthousiasme l'intégration de l'IA dans notre quotidien, mais avec une méthode rigoureuse. Tout d'abord, il est essentiel de dresser un panorama des outils déjà en place et de leur rôle respectif. Parallèlement, nous accompagnons nos équipes dans l'acquisition de nouvelles compétences par le biais de formations spécifiques dédiées à l'intelligence artificielle.

La mise en oeuvre de solutions d'IA dans nos processus financiers s'effectue selon une approche pragmatique de type « test and learn », où chaque idée est expérimentée avant d'être déployée à plus grande échelle. Enfin, une veille constante sur les innovations et les outils émergents est indispensable, tant ce domaine évolue rapidement.

Quel est le principal défi à ce sujet ?

J. G. : Le défi majeur réside dans la création d'un centre de données fiables et la consolidation de leur qualité, en étroite collaboration avec nos équipes techniques. L'utilisation de l'IA repose en effet sur des données irréprochables. Notre avance se fait donc avec prudence et méthode, car en tant que département financier, nous exigeons des outils à la fois transparents et fiables. L'objectif ultime de l'intelligence artificielle est de nous faire gagner un temps précieux tout en améliorant notre précision.

Dans votre feuille de route vous avez mentionné le soutien à l'innovation. Comment la finance accompagne-t-elle ces projets ?

J. G. : L'entreprise Rakuten a l'innovation ancrée dans son ADN. Il n'existe pas d'arbitrage particulier à effectuer, car l'innovation alimente la croissance et la rentabilité, tandis qu'une croissance saine permet de financer les projets innovants.

Un exemple concret de cette synergie réside dans l'utilisation de l'intelligence artificielle pour enrichir notre catalogue. Nos équipes techniques ont développé des solutions d'IA permettant d'améliorer les descriptions de produits, de les recatégoriser et de revoir un nombre significatif de fiches produits. Cette initiative présente un double intérêt : au-delà de la performance technique, elle s'inscrit pleinement dans notre orientation stratégique d'amélioration de l'expérience utilisateur. D'un point de vue financier, cette innovation nous permet d'optimiser nos processus opérationnels, ce qui se traduit par une amélioration tangible de nos résultats financiers.