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Rémunération variable : quels leviers actionner ?

Inflation oblige, de nombreuses entreprises ont mis en place des systèmes de rémunération variable pour soutenir le pouvoir d'achat de leurs collaborateurs. Dans le contexte actuel, une stratégie basée sur le collectif semble particulièrement appropriée, d'autant que le cadre juridique est assez ouvert.

Publié par Audrey Fréel le | Mis à jour le
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Rémunération variable : quels leviers actionner ?
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Inflation croissante, difficultés de recrutement... Le contexte actuel incite les entreprises à repenser leur politique de rémunération afin de compenser la perte de pouvoir d'achat de leurs salariés. "Compte tenu de la pression exercée sur les augmentations de salaire, les entreprises cherchent à innover dans la structuration de leur politique de rémunération", observe Navaz Djadaoudjee, directeur rémunération et avantages sociaux chez PwC France et Maghreb, lors d'un webinaire organisé par PwC le 6 décembre 2022.

Cela les amène notamment à élaborer des systèmes de rémunération variable. Ce qui n'est pas sans contrainte. "Il convient d'analyser et de maîtriser les critères d'attribution, les objectifs quand la part variable en dépend et leur évolution dans le temps", énumère Corinne Guyot Chavanon, avocate associée droit social chez PwC société d'avocats. De même, l'ensemble des règles relatives à la rémunération variable doit être communiqué de la façon la plus simple possible aux représentants du personnel et aux salariés. "Une bonne communication est clé dans l'acceptation des systèmes de rémunération", confirme l'avocate.

Miser sur le collectif

Dans le contexte actuel, les entreprises auraient tout intérêt à miser sur une stratégie de rémunération collective, selon les experts de PwC. Problème : leur vision est actuellement très court-termiste et indivualiste. "Elles préfèrent en général actionner le levier de la prime exceptionnelle, en attendant que la conjoncture se stabilise, plutôt que développer une approche moyen/long terme", observe Navaz Djadaoudjee. Pourtant, l'inflation durera, vraisemblablement, encore plusieurs années. "Il y a probablement davantage d'intérêt pour les entreprises à actionner le levier du caractère collectif", estime-t-il.

Hélène Farouz rappelle, par ailleurs, qu'au cours des dernières années, les entreprises ont privilégié des augmentations individuelles de salaires, entraînant un manque de transparence et un sentiment d'iniquité pour les collaborateurs. Pour elle, il est aujourd'hui essentiel de réconcilier les approches individuelles et collectives afin de pallier la perte de pouvoir d'achat des collaborateurs. A titre d'exemple, la mise en place d'un dividende salarié est actuellement en discussion entre patronat et partenaires sociaux. Ce dispositif permettrait aux entreprises un meilleur partage de la valeur au sens large.

Un cadre législatif ouvert

Si la rémunération variable entre dans le cadre du contrat de travail, cette sphère contractuelle peut être dépassée grâce à de nombreux dispositifs collectifs dont l'épargne salariale (participation et intéressement) ou encore la prime de partage de la valeur, devenue pérenne depuis juillet 2022. "Les plafonds de cette prime sont désormais assez élevés. Le dispositif est actuellement très avantageux d'un point de vue social et fiscal", informe Corinne Guyot Chavanon.

Au cours des dix dernières années, le droit du travail a connu de nombreuses évolutions. "Aujourd'hui, la négociation collective peut se faire dans toutes les entreprises, y compris celles de moins de 50 salariés, ce qui est assez nouveau", souligne Corinne Guyot Chavanon. Les systèmes de rétribution ont également connu des transformations importantes. "A titre d'exemple, la mise en place des dispositifs d'épargne salariale dans les entreprises de moins de 50 salariés a été facilitée au fil des textes législatifs", illustre l'avocate. Derniérement, la loi du 16 août 2022 a d'ailleurs permis une mise en place de façon unilatérale dans les PME. Les entreprises ont aussi la possibilité de réaliser un déblocage exceptionnel de l'intéressement et de la participation jusqu'au 31 décembre 2022 pour soutenir la consommation. "Aujourd'hui, les possibilités sont multiples, en particulier sur l'épargne salariale. Le cadre législatif est très ouvert", conclut Corinne Guyot Chavanon.

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