Les tensions commerciales pèsent sur la croissance française en 2025
Alors que les tensions commerciales internationales se renforcent, notamment du fait de la hausse des droits de douane américains, les perspectives de croissance pour la France en 2025 sont revues à la baisse. Selon les projections macroéconomiques de la Banque de France, le PIB français ne progresserait que de 0,6 % cette année, contre 0,7 % anticipé dans les prévisions de mars. La reprise attendue en 2026 et 2027 serait également plus graduelle. Détails.

Dans la dernière note de conjoncture, publiée le 12 juin 2025, la Banque de France fait état de nouvelles projections en prenant en compte les premières estimations des comptes nationaux du premier trimestre 2025, publiées fin avril, et de l'inflation IPCH définitive d'avril. Elles intègrent un scénario commercial fondé sur les hypothèses de l'Eurosystème, incluant le maintien des droits de douane américains sur les exportations européennes à 10 %, sans contre-mesures de l'UE, ainsi que des hausses sectorielles ciblées - jusqu'à 25 % sur l'acier et l'automobile.
À cela s'ajoute une détérioration des relations commerciales entre les États-Unis et la Chine, avec des droits de douane mutuellement relevés de 30 %. Ces frictions alimentent une incertitude commerciale mesurée par le Trade Policy Uncertainty Index, qui devrait cependant diminuer progressivement d'ici 2027.
Un impact mesuré mais réel sur la croissance
L'impact cumulé de ces mesures protectionnistes et de l'incertitude qu'elles génèrent représenterait une perte de 0,4 point de PIB sur la période 2025-2027 pour la France, dont la moitié était déjà intégrée dans les projections de mars. Cette perte serait essentiellement concentrée sur l'année 2025, avec un effet estimé à -0,2 point de croissance, affectant notamment l'investissement privé et la consommation des ménages.
En 2025, la croissance du PIB serait ainsi limitée à 0,6 %, avec une contribution négative du commerce extérieur estimée à -0,5 point, contre +0,3 point dans les projections de mars. Ce recul s'explique par la baisse de la demande extra-zone euro, la montée des barrières commerciales, et l'appréciation du taux de change. La demande intérieure hors stocks resterait en revanche stable et contribuerait positivement à la croissance à hauteur de 0,6 point, soutenue par une dépense publique plus dynamique.
Des scénarios alternatifs et un horizon plus favorable
Un scénario alternatif plus sévère, simulé par la Banque de France, anticipe une hausse des droits de douane américains à 20 % et un maintien d'une forte incertitude commerciale. Même dans cette hypothèse, la France éviterait la récession, avec une croissance estimée à 0,3 % en 2025 et 0,7 % en 2026.
En 2026, l'activité progresserait à 1,0 %, soit une révision de -0,2 point par rapport aux prévisions précédentes. Le commerce extérieur continuerait à peser, sa contribution devenant nulle. La consommation des ménages serait tirée par la croissance des revenus réels, malgré un fléchissement de l'emploi et une révision à la baisse des hausses salariales. L'investissement privé redémarrerait, mais moins fortement que prévu en mars, dans un contexte de taux d'intérêt à long terme plus élevés. En 2027, la croissance devrait s'approcher de son rythme potentiel, portée par une demande intérieure solide et un commerce extérieur légèrement positif (contribution de +0,1 point).
Une inflation contenue
L'inflation IPCH resterait modérée sur l'horizon de prévision. En mai 2025, elle s'établit à 0,6 % en glissement annuel, après 0,9 % en avril. L'inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) atteint 1,5 % en mai, contre 1,9 % le mois précédent. Cette dynamique confirme un contexte désinflationniste, qui pourrait soutenir la consommation à moyen terme, tout en offrant une marge de manoeuvre à la politique monétaire.
Le durcissement des politiques commerciales, notamment aux États-Unis, agit comme un frein sur l'économie française en 2025. Toutefois, la résistance de la demande intérieure et une normalisation progressive de l'incertitude devraient permettre une reprise progressive en 2026 et 2027. L'économie française semble donc pouvoir éviter une récession, mais la croissance reste fragile, conditionnée à l'évolution des tensions géopolitiques et aux réponses économiques coordonnées au niveau européen.
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