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Budget 2026 : ce qu'il faut retenir pour les entreprises

Le Premier ministre François Bayrou a présenté ce mardi 15 juillet 2025 la feuille de route budgétaire de l'année 2026. L'objectif principal est de réaliser 40 milliards d'euros d'économies. Découvrez les annonces qui concernent les entreprises.

Publié par Christina DIEGO le | mis à jour à
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Budget 2026 : ce qu'il faut retenir pour les entreprises
© Flickr/Funky Tee
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40 milliards d'économies pour réduire le déficit à 4,6 % du PIB. C'est l'objectif affiché par l'exercice de style délicat du Premier ministre François Bayrou ce mardi 15 juillet. Le chef du gouvernement a esquissé les contours du prochain budget pour l'année 2026.
L'objectif principal est de réaliser 40 milliards d'euros d'économies afin de ramener le déficit à 4,6 % du PIB, contre 5,8 % en 2024. Un plan qui « demandera un effort à tous les Français », et vise à reprendre le contrôle des finances publiques après une hausse des dépenses et des recettes fiscales inférieures aux attentes en 2024.

La principale annonce concerne les dépenses de l'État qui seront gelées en 2026, « au même niveau qu'en 2025 », à deux exceptions près : la charge de la dette et la défense, a-t-il assuré en introduction. Autre exception assumée depuis des mois par Bercy, les entreprises, dont « le travail et la compétitivité » doivent être « autant que possible épargnés ».

Eric Lombard, ministre de l'Economie et des Finances était l'invité du 20h sur France 2 hier soir. Il a rappelé qu'il était impératif « de réduire nos déficits afin d'assurer la stabilisation de notre dette. Plusieurs méthodes peuvent être envisagées pour atteindre cet objectif. La première consiste à diminuer les dépenses de l'État, une approche que nous mettons activement en oeuvre avec des mesures représentant environ 30 milliards d'euros ».

Entreprises innovantes et retards de paiement

Pour les jeunes entreprises innovantes, un investissement de 900 millions d'euros est envisagé. François Bayrou a souligné que le capital-risque était « un outil puissant pour l'innovation et la croissance des entreprises ».

Autre annonce, le gouvernement souhaite « orienter davantage les financements de France 2030 vers les secteurs prioritaires de l'intelligence artificielle et du cyber dans tous les secteurs ». François Bayrou a estimé que « l'intelligence artificielle peut devenir un outil utile, qui améliore la productivité des entreprises. On estime dans les études les plus sérieuses à 20 % le gain de productivité lié à l'intégration de l'intelligence artificielle dans les processus productifs ».

Pour lutter contre les délais de paiement entre entreprises, un durcissement des sanctions contre les retards de paiement reprend ce qu'a déjà annoncé la ministre Véronique Louwagie, ministre déléguée chargée du Commerce, de l'Artisanat, des Petites et Moyennes entreprises et de l'Économie sociale et solidaire il y a quelques jours. Des amendes pouvant aller jusqu'à 1 % du chiffre d'affaires sont prévues.

Jours fériés et travail

Le Premier ministre a indiqué que des négociations dans les prochains jours seront proposés aux partenaires sociaux sur l'assurance chômage et sur le droit de travail pour améliorer les conditions de travail pour tous, ainsi que pour faciliter les recrutements et augmenter l'offre de travail.

Autre annonce choc : la suppression de deux jours fériés : le lundi de Pâques et le 8 mai. « Il faut que toute la nation travaille plus. Je propose donc que deux jours fériés soient supprimés », a-t-il précisé. « Je propose le lundi de Pâques et le 8 mai, dans un mois de mai devenu un véritable gruyère ».

Sur TF1, la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet a repris cette annonce en précisant que les jours fériés supprimés seront assortis d'une « contribution » versée par les entreprises. Sans plus de précisions sur la contribution, son entourage a ensuite indiqué que « les modalités sont à définir » et qu'il ne s'agira pas nécessairement d'une contribution à hauteur de 0,3 %. Ces deux journées s'ajouteraient à la conversion depuis 2004 du lundi de Pentecôte en « journée de solidarité », travaillée mais pas payée, assortie d'un prélèvement correspondant à 0,3 % de la masse salariale annuelle pour financer une meilleure prise en charge des personnes âgées ou handicapées.

Le ministre de l'Economie a, de son côté, soutenu cette mesure en arguant que « notre production nationale reste insuffisante par rapport à celle de nos concurrents. En effet, un travailleur français travaille en moyenne 100 heures de moins par an qu'un travailleur allemand. Cette différence ne tient pas à un manque d'efficacité ou d'engagement de nos concitoyens, mais plutôt à des facteurs tels que les jours de congé et d'autres éléments structurels ». Pour Eric Lombard il est nécessaire d'augmenter notre production. « La suppression de deux jours fériés représente un sacrifice pour les Français, qui apprécient leurs périodes de repos. Cependant, cette mesure constitue un moyen de produire davantage et de contribuer à l'effort collectif requis », assure-t-il.

Social et dépenses publiques

Le Premier ministre a également annoncé que 2026 sera une « année blanche » sur le barème des impôts, la CSG, les prestations sociales et les pensions qui devront être au même niveau que 2025. Il table sur une baisse de l'inflation conséquente pour rendre cette mesure moins douloureuse, notamment pour les retraités. La mesure permettrait d'économiser 7 milliards d'euros.

Les plus hauts revenus, eux, devront s'acquitter d'une « contribution de solidarité », qu'il a justifié « de l'ordre de plus de 250 000 euros pour une personne seule » et de « 500 000 pour un ménage », sans autre précision.

Lutte contre la fraude et niches fiscales

Le Premier ministre a annoncé vouloir renforcer la lutte contre la fraude avec un projet de loi prévu à l'automne pour mieux détecter, sanctionner et recouvrer les fraudes.
Il a également indiqué vouloir agir sur les « niches fiscales et sociales qui profitent d'abord aux ménages les plus aisés et aux grandes entreprises », notamment en faisant « la chasse aux niches fiscales inutiles, inefficaces, en commençant par les dispositifs qui arrivent à extinction ».

Des réactions du monde patronal

Parmi les réactions du monde économique, le METI a publié un communiqué dans lequel il invite le gouvernement « à faire le choix de la compétitivité » car c'est le seul qui rapporte, comme en témoignent les résultats économiques de ces dernières années : « entre 2018 et 2023 ce sont 1,5 millions d'emplois nouveaux créés et 34 Mds de recettes fiscales annuelles en plus sur les trois principaux impôts sur les entreprises ».

De son côté, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), Amir Reza-Tofighi, a commenté les annonces auprès de l'AFP, « j'ai entendu des mesures assez courageuses de la part du gouvernement, citant en premier lieu la limitation de la dépense publique ». Selon lui, la vision qui est donnée est bonne, « mais beaucoup de questions se posent encore ».

Et surtout, les opppositions ont déjà fait savoir qu'elles pourraient censurer ce projet de loi à la rentrée. Le gouvernement sait que sa position est fragile dans une Assemblée sans majorité absolue. Il devra sans doute modifier et négocier certaines annonces de cette première mouture d'ici l'automne.

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