NAO : l'inflation va-t-elle encore peser sur les augmentations de salaires ?
Alors que démarre la période du dialogue social sur les négociations annuelles obligatoires (NAO), 86 % des accords NAO signés en 2023 envisageaient une augmentation générale des salaires, un chiffre en progression malgré le contexte inflationniste. Explications.
Alors que la période des négociations salariales arrive, le dernier baromètre de l'Apec révèle que 6 cadres sur 10 ont été augmentés en 2024, soit le niveau le plus élevé depuis 2009. « C'est un niveau record depuis que notre baromètre de la rémunération des cadres existe », a souligné ce jeudi le directeur général de l'Apec, Gilles Gateau, lors de sa présentation.
Une annonce à relativiser par une étude approfondie du cabinet d'experts en dialogue social, Sextant Expertise, dévoilée ce mercredi qui porte sur les 11 000 accords de NAO signés entre 2021 et 2023, début de la période inflationniste.
Les NAO aboutissent surtout dans les grandes entreprises
Les négociations sur les rémunérations collectives « aboutissent le plus souvent dans les grandes entreprises et le secteur industriel », dévoile l'étude. En effet, le dialogue social sur les rémunérations serait plus difficile dans les PME, où seules 5 % des entreprises ont conclu un accord sur les salaires entre septembre 2021 et août 2023, contre 65 % des entreprises de taille intermédiaire (ETI).
Les grandes entreprises signent en moyenne 4,1 accords, profitant de la possibilité de négocier à la fois au niveau du groupe et de ses différentes entités. Portées par le secteur industriel, les négociations salariales représentent 29 % des accords conclus. En revanche, des secteurs comme la construction ou l'immobilier, pourtant significatifs en termes de poids économique, « signent un volume d'accords relativement faible » .
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L'inflation dynamise les revalorisations collectives des salaires
Les mesures d'augmentation générale des salaires continuent de s'imposer dans un contexte inflationniste marqué. En effet, 86 % des accords NAO signés prévoient une augmentation générale des salaires, un chiffre en progression constante. Cette proportion s'élevait à 82 % déjà entre septembre 2021 et février 2022, et 90 % entre mars et août 2023, « illustrant une volonté croissante de préserver le pouvoir d'achat des salariés face à l'inflation ».
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L'égalité femme-homme, un levier pour négocier
Les mesures d'égalité femmes-hommes constituent un élément clé de la négociation : les écarts de rémunération de genre continuent d'être un sujet central dans les négociations salariales. 63 % des entreprises abordent cette problématique dans leurs accords, témoignant d'une prise de conscience croissante en matière d'égalité professionnelle et d'un nécessaire ajustement annuel des mesures salariales sur ce thème.
Influence de la pénurie de talents
Autre sujet phare des NAO : les difficultés de recrutement. En 2023, plusieurs secteurs ont connu « une pénurie croissante de main-d'oeuvre », dans plusieurs secteurs au-delà du domaine de l'IT, traditionnellement tendu.
Selon l'INSEE, en 2024, « 52 % des chefs d'entreprise de l'industrie manufacturière déclarent rencontrer des difficultés de recrutement.»
Des difficultés qui s'expliquent notamment par un taux de chômage historiquement bas et qui place les salariés en position de force pour négocier des augmentations.
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