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Export : les entreprises moins confiantes

Les crises récentes semblent avoir impacté l'optimisme des entreprises exportatrices. Elles ne sont plus « que » 70% à s'attendre à une croissance de leur chiffre d'affaires à l'export et 40% d'entre elles craignent un rallongement des délais de paiement et une résurgence du risque d'impayés.

Publié par Florian Langlois le - mis à jour à
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Export : les entreprises moins confiantes

Depuis la crise en Ukraine, l'inquiétude des exportateurs français ne cesse de croître. Cette tendance semble se confirmer, si l'on en croit les résultats de la deuxième édition du Global Survey d'Allianz Trade, dans laquelle l'assureur-crédit a interrogé près de 3 000 exportateurs de France, d'Allemagne, d'Italie, d'Espagne, de Pologne, du Royaume-Uni et des Etats-Unis sur leurs perspectives export 2023, les perturbations de supply chain qu'elles ont subies, leurs plans pour en améliorer la résilience, mais également sur leurs stratégies ESG.

Dans le détail, plus de 70% des entreprises s'attendent à une croissance de leur chiffre d'affaires à l'export en 2023. Si ce chiffre est conséquent, il est tout de même en recul de 10 points par rapport à la précédente édition de l'Allianz Trade Global Survey l'année dernière. Un déclin qui s'explique par un environnement économique moins favorable aux échanges commerciaux selon l'assureur-crédit, avec un commerce mondial devrait croître très modérément en volume en 2023 (+0,7% contre +3,8% en 2022) et se contracter en valeur (-0,1% contre +9,7% en 2022).

Les entreprises exportatrices françaises demeurent tout de même plus optimistes que leurs voisines européennes. « 76% des répondants français s'attendent à une hausse de leur chiffre d'affaires à l'export, soit une très légère baisse de -1 point par rapport à 2022. Avec les espagnols (77%), les exportateurs français sont les plus optimistes pour 2023, loin devant l'Allemagne (55%), la Pologne (60%) et l'Italie (65%). Concrètement, les pays les plus pessimistes sont ceux qui ont été le plus affectés par la crise énergétique, » commente Ana Boata, directrice de la recherche économique d'Allianz Trade.

Autre signe de prudence, les entreprises semblent moins tentées par la conquête de nouveaux marchés. Ainsi, 63% des répondants favorisent la croissance des investissements dans un pays où ils sont déjà présents, alors que 47% seulement prévoient d'investir dans de nouveaux pays.

Des risques d'impayés à la hausse

Au sujet des délais de paiement, même s'ils ont diminué depuis deux ans, au point de retrouver leurs niveaux d'avant-Covid, 42% des entreprises interrogées dans le cadre de cette étude s'attendent à une hausse des délais de paiement à l'export (+11% par rapport à l'année dernière). Les exportateurs français sont alignés avec cette perception (41%), et c'est aux USA et au Royaume-Uni que les craintes sont les plus élevées (respectivement 50 et 48%).

Par conséquent, le nombre d'entreprises qui s'attendent à une recrudescence du risque d'impayés à l'export a fortement augmenté (+11 points également) et atteint désormais 40%. Ce risque est par ailleurs la crainte principale des entreprises françaises. « Les entreprises doivent faire face simultanément à une faible demande, des pressions additionnelles sur leur rentabilité et des conditions de financement qui se resserrent. Dans ce contexte elles s'attendent clairement à subir des délais de paiement à l'export plus long et un risque d'impayés à l'international plus fort en 2023, » explique Aylin Somersan Coqui, CEO d'Allianz Trade.

Parmi les autres freins, près de 75% des répondants estiment que des obstacles logistiques (pénuries d'intrants, tensions sur le marché du travail), les prix élevés de l'énergie et le coût élevé du transport auront un impact modéré à significatif sur leur activité export en 2023.

Le BNPL a le vent en poupe

Pour financer leur développement export, les entreprises misent en premier lieu sur leur trésorerie. Suivent le crédit bancaire et les délais de paiement, qui occupaient les premières places lors de la précédente enquête, mais qui ont reculé dans les plans des exportateurs face au durcissement des conditions d'accès au financement et à la forte pression qui pèse sur leurs réserves. « Ce qui est intéressant, c'est que juste après les sources traditionnelles de financement, les entreprises citent majoritairement les solutions de Buy Now, Pay Later (BNPL) pour financer leur développement export. Au Royaume-Uni et en France, il s'agit même de la troisième source de financement, juste derrière la trésorerie et le crédit bancaire. Cet intérêt croissant pour le BNPL, solution particulièrement adaptée aux besoins des petites entreprises, pourrait faciliter l'accès des PME aux échanges commerciaux internationaux », décrit Ano Kuhanathan, responsable de la recherche sectorielle d'Allianz Trade.

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