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Crise en Ukraine : l'inquiétude des exportateurs français

Après une année 2021 remarquable au niveau des exportations, la guerre en Ukraine est venue mettre du plomb dans l'aile des exportateurs français et mondiaux. Si bien que leur optimisme du début d'année semble peu à peu laisser place à une certaine forme d'inquiétude.

Publié par Florian Langlois le | Mis à jour le
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Crise en Ukraine : l'inquiétude des exportateurs français

7 entreprises sur 10 ont déclaré avoir enregistré des performances à l'export plus élevées qu'attendu dans le monde l'année dernière. En France, ce chiffre atteint 72% selon l'Allianz Trade Global Survey 2022. Dans cette étude, Allianz Trade (ex-Euler Hermes) prend le pouls des entreprises en France, en Italie, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Chine et aux Etats-Unis à travers deux enquêtes, une avant et une après l'invasion de l'Ukraine, réalisée auprès d'environ 3000 entreprises toutes tailles confondues.

Il en ressort qu'après cette bonne année 2021, les exportateurs attaquaient l'année 2022 de manière optimiste. En France, 97% des répondants s'attendaient à une hausse de leur chiffre d'affaires à l'export. 75% d'entre eux prévoyaient même d'étendre leur activité internationale à d'autres marchés. Mais sans surprise, l'invasion de l'Ukraine par la Russie est venue refoidir leurs ardeurs. Ainsi, après le déclenchement de cette guerre, ils n'étaient plus que 77% à anticiper une hausse de leur chiffre d'affaires à l'export (-20 points). "Même si l'Ukraine et la Russie ne sont pas des marchés finaux clés pour les exportateurs européens, la situation actuelle affecte les échanges internationaux via des canaux indirects (supply chains, matières premières, énergies), et pèse ainsi sur les opportunités export des entreprises", rapporte Françoise Huang, économiste senior en charge du commerce mondial chez Allianz Trade.

Le prix de l'énergie, risque majeur

Même si l'activité à l'export pour les acteurs français a été positive en 2021, l'année n'en est pas moins restée mouvementée, avec notamment les multiples perturbations sur les chaînes d'approvisionnement internationales. Une tendance qui s'est confirmée dans l'étude. En France, les 3 risques qui ont le plus affecté les entreprises exportatrices dans leur croissance sont l'incertitude sur la demande, du fait de l'épidémie Covid-19 (35%), les pénuries et le coût de la main d'oeuvre (33%) et les prix élevés de l'énergie (32%). Sur ce troisième point, la dynamique semble même s'aggraver. En effet, même avant l'invasion de l'Ukraine, 37% des entreprises françaises interrogées estimaient que les prix de l'énergie deviendraient un défi encore plus important en 2022.

Sans surprise, depuis le début du conflit ukrainien, l'inquiétude sur la hausse des prix de l'énergie s'est largement répandue, bien que la France reste plus confiante que ses voisins européens. « Au total, 56% des répondants à notre enquête estiment désormais que les prix de l'énergie deviendront un défi encore plus important en 2022 (+19 pts par rapport aux réponses pré-invasion). Les pays les plus inquiets sont les plus dépendants des importations de gaz : l'Italie (66%, +20 pts par rapport à l'enquête pré-invasion), le Royaume-Uni (62%, +15 pts) et l'Allemagne (52%, +18 pts). La France témoigne de la hausse la moins élevée en la matière (46%, +9 pts), ce qui reflète la mise en place par le gouvernement du Plan Résilience », relate Ano Kuhanathan, responsable de la recherche sectorielle chez Allianz Trade.

La crainte d'une hausse des impayés

L'exposition au risque d'impayés semble également avoir crû ces derniers temps. Toujours selon l'enquête, les impayés ont eu un impact sur l'activité à l'export pour 66% des entreprises françaises. De plus, en France, 62% des interrogés ont avoué avoir constaté des délais de paiement plus long en 2021. Un sujet d'autant plus préoccupant depuis le début du conflit en Ukraine. Ainsi, 49% des entreprises françaises s'attendent désormais à une résurgence du risque d'impayés en 2022, et 33% à un rallongement des délais de paiement.

Enfin, pour faire face à cette crise et financer leurs ambitions de croissance en 2022, les exportateurs tricolores comptent sur trois principales sources de financement : les prêts bancaires (52%), la trésorerie (49%) et le soutien étatique (35%). Sur ce dernier point, seuls 42% des répondants déclarent avoir reçu un soutien public en 2021. Pire, ils ne sont que 57% à estimer que ces soutiens les ont aidés à survivre à la crise, soit 11 points de moins que dans les autres pays interrogés (68%). Des entreprises qui ont désormais des attentes nouvelles de la part de leurs gouvernements. "Comme plusieurs pays souffrent actuellement de pénuries de main d'oeuvre, 44% des exportateurs français, 45% des exportateurs allemands et 53% des exportateurs italiens attendent de leurs gouvernements qu'ils implémentent des politiques d'amélioration des compétences des salariés", conclut Ana Boata, directrice de la recherche économique d'Allianz Trade.

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