DossierQuand la fintech révolutionne la finance
4 - Zoom sur quelques solutions proposées par les fintech
De l'affacturage à la maîtrise du risque de change en passant par les levées de fonds, les fintech propose des solutions innovantes à différentes problématiques quotidiennes des entreprises. Découvrez ici quelques-unes de ces offres.
Agir sur la trésorerie
L'affacturage, tout le monde connaît. Mais ce sont souvent des processus lourds, longs et coûteux qui découragent les "petites" entreprises. Finexkap, l'un des pionniers de la fintech en France, a choisi de se développer sur ce créneau, en proposant une solution de financement de trésorerie des TPE et PME sur leur plateforme. "Les services financiers des TPE, PME et ETI ont moins de temps à consacrer à monter un dossier d'affacturage et ont besoin de plus de temps pour faire du business", souligne Arthur de Catheu, l'un des deux coprésidents et cofondateurs. "Nous ne demandons pas d'engagement de volumes ou de durée ni d'engagement de responsabilité du dirigeant", continue-t-il.
Finexkap s'engage sur un délai de 72 heures maximum pour accepter un dossier et mettre en place un compte sur sa plateforme, contre 25 jours en moyenne pour une structure normale. Au bout du compte, Finexkap modifie la gestion de trésorerie de l'entreprise, qui dispose ainsi immédiatement des montants facturés sur son compte. "Nous offrons donc une facilité d'usage à un besoin qui existe aujourd'hui. Nous souhaitons alléger les contraintes administratives et financières de l'affacturage classique et proposer une transparence totale de nos tarifs, qui sont fonction de plusieurs indicateurs", explique ainsi Cédric Teissier, l'autre coprésident et cofondateur. Le coût, quant à lui, reste très raisonnable, puisqu'il s'élève en moyenne à 2,49% du montant des créances au-dessus de 10 000 euros, avec dégressivité si le contrat est récurrent. À titre de comparaison, le taux chez les acteurs historiques peut aller jusqu'à plus de 10% en fonction des factures cédées.
"La facturation intégrée est aussi l'un des services offerts par les fintech et repose sur des logiciels qui font la liaison entre la comptabilité de l'entreprise et la facturation", explique Cyril Bertrand. Dans ce secteur, Fred de la Compta, One Up ou encore Oddu font référence et permettent d'avoir une comptabilité à jour en temps T. Le principe est simple: grâce à un scanner, une photo ou un envoie par e-mail, les factures sont réconciliées avec le compte bancaire via les plateformes. "Ces nouveaux usages de comptabilité en temps réel constituent un véritable changement pour les utilisateurs de ces applications. La réconciliation flux et cash facilite, grâce à l'automatisation, le travail des comptables", continue Cyril Bertrand.
Les devises moins chères
C'est un changement des habitudes de travail, des approches financières et comptables et des offres de services que proposent ces nouvelles technologies appliquées à la finance.
Dans le même ordre d'idée, l'accès au marché des devises peut s'avérer compliqué et opaque pour des entreprises ayant peu de volumes et passant par des circuits bancaires classiques. "Les banques n'ont aucune obligation de transparence sur la composition des commissions prélevées sur le marché des devises. Kantox affiche une transparence totale sur ses frais de transaction, notre volonté étant de rendre le change transparent", assure Philippe Gelis, le président fondateur de Kantox. La plateforme offre donc un accès au marché des changes à moindre coût, puisque le prix par défaut est de 0,29 % du volume.
Parallèlement, la plateforme se développe dans les logiciels pour apporter une valeur ajoutée supplémentaire aux entreprises. Kantox propose ainsi de monitorer les risques de changes et l'impact de l'évolution des changes sur le compte de résultat. "Nous connectons les ERP de nos clients avec la plateforme qui opère sur le marché des changes. Dès qu'une facture en devises est émise, le risque de change associé sera automatiquement couvert", explique Philippe Gelis. Cela permet à la fois une réconciliation et une mise à jour permanente du compte de résultat, tout en évitant les sources d'erreurs manuelles.
Des financements facilités
Levées de fonds ou emprunts, les entreprises peuvent désormais y accéder autrement que par les banques. Les plateformes de crowdfunding - financement participatif - sont d'ailleurs très (trop?) nombreuses, même si seuls trois ou quatre acteurs dominent le marché. Dans le crowdequity (financement en capital, dédié avant tout aux start-up et de plus en plus aux promoteurs immobiliers), on retrouve Wiseed, SmartAngels ou Anaxago; et dans le crowdlending (pour les prêts), Lendix ou Unilend font référence. Dans les deux cas, les entreprises font appel public à l'épargne des particuliers, via des plateformes.
Dans le cas du crowdequity ou financement participatif en actions, ce sont des parts d'entreprises qui sont proposées aux particuliers. Pour l'entreprise, les montants levés permettent de financer sa croissance en ayant accès rapidement aux fonds. "La moyenne des levées de fonds, chez nous, s'élève à 30 jours contre quatre à six mois dans les levées de fonds classiques", souligne Joachim Dupont, cofondateur d'Anaxago. Pour l'entreprise, pas toujours habituée à relever l'exercice, faire appel à ces plateformes, "outre la rapidité des opérations, c'est aussi la nécessité de mettre en place des outils de reporting, de suivi et d'information des investisseurs, mais aussi d'accéder à des réseaux auxquels elles n'auraient pas accès autrement", affirme Joachim Dupont. Ces réseaux peuvent ainsi venir des financeurs épargnants comme des entreprises présentes sur la même plateforme.
Du côté du crowdlending ou financement participatif par le prêt, là encore les entreprises ont accès à une source de financement alternative et plus rapide que les réseaux classiques. Pour Nicolas Lesur, créateur d'Unilend, "les prêts obtenus sur la plateforme servent le plus souvent à financer des dépenses immatérielles et leur montant unitaire (80 000 euros en moyenne) n'est pas rentable pour une banque. C'est une diversification des sources de financement et non un remplacement des banques". Et même si les taux d'intérêt sont de l'ordre de 6 à 8% selon les cas et la durée de financement, "le processus est beaucoup plus souple, aucune garantie personnelle n'est demandée, ni de sûreté ou autre garantie sur l'entreprise", précise Nicolas Lesur.
En définitive, c'est un changement des habitudes de travail, des approches financières et comptables et des offres de services que proposent ces nouvelles technologies appliquées à la finance. Certains acteurs comme Yomoni, précurseur de la gestion patrimoniale dans les fintech, voient déjà plus loin. "Il n'est pas impossible d'imaginer que d'ici peu nous proposions nos services d'accompagnement de l'épargne dans des produits d'épargne salariale à destination des entreprises", envisage Mourtaza Asad-Syed, le fondateur de Yomoni. C'est aussi le cas de Nancéo, qui compte réinventer le financement des ventes grâce à sa plateforme Leasa. L'idée est d'acheter les matériels et contrats aux concessionnaires pour les revendre aux bailleurs via Leasa.
Cependant, à peine en phase de décollage, ces nouvelles technologies appliquées à la finance posent déjà la question de la stabilité du système financier. Une interrogation qui, pour l'heure, n'a été soulevée que par le Conseil de stabilité financière lors du G20 en mars dernier.