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Entretiens annuels cuvée 2023 : à quoi faut-il vous attendre ?

Dans le contexte post covid actuel de pénurie de talents, de « grande démission », de « quiet quitting » des salariés et d'inflation importante, l'entretien annuel version 2023 représente un outil RH d'attractivité et de remobilisation intéressant des équipes finance. A condition de le manier avec précaution, sous peine de subir un effet boomerang à court ou moyen terme. 

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Entretiens annuels cuvée 2023 : à quoi faut-il vous attendre ?

Selon une toute récente enquête de Javelo, solution de management de la performance et de gestion des talents, menée avec OpinionWay, 41% des salariés interrogés redoutent les entretiens annuels car générateurs d'un pic de stress. Pire peut-être encore, 54% les trouvent inutiles. Mais dans le même temps, 79% des salariés estiment qu'un entretien annuel « amélioré », c'est-à-dire mieux préparé et vraiment suivi d'effets, peut contribuer à leur fidélisation et à leur motivation.

Des entretiens annuels encore plus importants que d'habitude pour un bon management ?

Ces attentes sont à prendre encore plus en compte qu'à l'accoutumée par les directeurs financiers car dans un contexte avéré de quiet quitting et de pénurie des talents, tout outil de remobilisation ou de fidélisation de leurs équipes est important. Et inversement, un entretien raté (du point de vue des collaborateurs en tout cas) pourrait mener, encore plus que d'habitude, à un départ anticipé vers d'autres cieux espérés comme plus intéressants. Un contexte qui génère sans doute une pression supplémentaire pour certains managers.

« Il est certain que dans l'environnement actuel, les enjeux de ces entretiens annuels sont extrêmement importants, il serait difficile de dire le contraire même s'il ne faut pas non plus leur donner trop d'importance car les feed-backs réguliers sont également essentiels dans la motivation constante et la performance des équipes », insiste Sophie Rozet, présidente de Tempo and Co (filiale de Colombus Consulting), spécialiste de l'accompagnement des DRH. Isabelle Drouet de la Thibauderie, responsable du pôle expertise RH du groupe Cegos, complète : « les entretiens doivent offrir une bonne expérience utilisateur en quelque sorte. Il s'agit d'un des éléments qui peuvent participer négativement ou positivement à la construction d'une marque employeur ».

Pour une bonne expérience justement, Sophie Rozet préconise de les mener en face à face, malgré le déploiement massif du télétravail et des visio-conférences. « Les conditions de travail ont évolué, nous avons tous appris à travailler et échanger à distance mais on connait aussi désormais les inconvénients de ces échanges via des caméras. Les collaborateurs pourraient craindre par exemple d'être entendus par une autre personne présente dans la pièce avec son manager. Et celui-ci pourrait ne pas percevoir correctement les non-dits, le langage non verbal ». Si un entretien en direct n'est vraiment pas possible, Sophie Rozet conseille de prévoir un temps un peu plus long que pour un entretien physique afin de se laisser la latitude pour régler les problèmes techniques.

Une préparation minutieuse de rigueur

Dans tous les cas, en face à face comme en visio, une préparation minutieuse est indispensable. Du côté du collaborateur comme du directeur financier. Avec désormais à disposition, toute une panoplie d'outils digitaux permettant d'optimiser cette préparation. Benoît Dufresne, Daf d'Itesoft depuis 2012 (200 salariés, CA 2022 : 21 millions d'euros), fait passer chaque année six à sept entretiens annuels à ses collaborateurs directs. Depuis trois ans, comme toute son entreprise, il a abandonné ses tableaux Excel pour utiliser une application dédiée. « Une trame commune est disponible afin de balayer les différents points incontournables (les valeurs, les faits marquants, le bilan etc). Je prépare en amont et mon équipe fait de même de son côté, je peux prendre connaissance de l'autoévaluation avant l'entretien, ce qui me permet de préparer les réponses appropriées à apporter et de cadrer l'entretien ». Benoit Dufresne consacre une à deux heures de préparation pour chacun des entretiens. « C'est chronophage mais cela permet d'avoir ensuite un échange plus pertinent, plus efficace. Les échanges sont ainsi plus fluides ». D'autant plus si, comme le préconise Sophie Rozet, l'accès préalable à la préparation de l'autre est valable dans les deux sens.

Benoît Dufresne limite à une heure, une heure trente maximum le temps de l'échange. Suffisant pour balayer les points importants. Surtout si, des bilans et feed-backs sont opérés tout au long de l'année. « Avant, ces exercices étaient plus difficiles car nous avions un seul entretien dans l'année pour tout se dire. Désormais, en général, personne n'est surpris », explique le directeur financier.

Inflation, conditions de travail, équilibre vie privée/vie professionnelle : les sujets auxquels il faut s'attendre

Même si l'entretien annuel n'est pas forcément le lieu de discussion pour parler salaire, mais plutôt pour échanger sur le bilan de la performance de l'année et des objectifs à venir, il n'empêche que cette année, les directeurs financiers devront s'attendre à des questionnements probablement plus insistants qu'à l'accoutumée sur ce sensible sujet des augmentations. « La question de l'inflation est prégnante actuellement. Peu d'entretiens passeront à côté, les directeurs financiers doivent impérativement préparer le terrain avec les RH en amont. Il ne s'agit pas forcément de donner un chiffre d'augmentation personnelle à la sortie de l'entretien mais au moins d'avancer des éléments de politique générale de l'entreprise sur ce point du pouvoir d'achat de ses salariés », conseille Sophie Rozet.

Autre nouveau sujet qui sera probablement sur la table : celui de la qualité de vie au travail et de l'équilibre vie professionnelle/vie privée. Deux priorités passées au premier plan depuis la pandémie. « Il faut être attentif, déceler d'éventuels mal-être chez ses collaborateurs. Y compris chez ceux qui auraient du mal à le verbaliser, en n'hésitant pas à poser des questions ouvertes pour leur laisser la possibilité de s'exprimer plus librement », enjoint, pour conclure, Isabelle Drouet de la Thibauderie.

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