(Quasi) retour à la normale pour le mid-market
Après une succession de records historiques sur les 3 derniers trimestres, l'Argos Index® mid-market du 3ème trimestre 2021 a enregistré une baisse des valorisations des PME non cotées de la zone euro. Doit-on voir là un signe d'une sortie de crise ?
Lancé en 2006 par Argos Wityu, fonds d'investissement européen indépendant et Epsilon Research, plateforme en ligne pour la gestion des opérations M&A non cotées, l'Argos Index® mid market mesure l'évolution des valorisations des PME non cotées de la zone euro ayant fait l'objet d'une prise de participation majoritaire au cours des 6 derniers mois. Il est publié chaque trimestre.
Au troisième trimestre 2021, le prix d'acquisition des PME non cotées européennes baisse, après une succession de records historiques sur les 3 derniers trimestres. Il reste cependant à un niveau élevé, à 11 fois l'EBITDA.
Retour à une situation d'avant-crise
Quelles sont les raisons de cette baisse ? Les créateurs de l'index en avancent trois. Tout d'abord, un repli des prix payés par les fonds d'investissement : situés à 11,3 x l'EBITDA, ils se rapprochent des prix payés par les industriels (situés à 10,9 x l'EBITDA).
Ensuite, une moins grande proportion des opérations dans les secteurs fortement valorisés de la santé et de la technologie : elles sont passées de nouveau sous les 40% de l'échantillon, retrouvant des niveaux d'avant-crise.
Enfin une reprise de la croissance plus rapide et prononcée, associée au maintien par la BCE de conditions financières exceptionnelles, conduisant à un afflux de liquidités. Cette baisse serait donc un retour à la normale plutôt qu'un nouvel épisode de crise.
Les grandes sociétés cotées représentent 78% des acquéreurs
A noter que même si les prix payés par les fonds marquent un net recul par rapport aux records des trois derniers trimestres, ils restent néanmoins élevés, portés par les conditions exceptionnelles de financement mais aussi le stock de capital à investir et une forte concurrence sur les actifs de qualité.
Les grandes sociétés cotées deviennent notamment des concurrents sérieux des fonds : elles représentent 78% des acquéreurs stratégiques eu 3e trimestre 2021, un niveau record depuis la création de l'indice. Elles bénéficient de la hausse continue des marchés actions et du niveau de leurs propres multiples.
Par ailleurs, leur activité M&A est portée par le contexte économique, l'accès au financement à coût réduit et un niveau record de trésorerie disponible après la crise, mais également par des changements structurels (numérisation, ESG, comportement des consommateurs) qui poussent à la transformation via des acquisitions structurantes.
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Situation instable
Par rapport au trimestre précédent, l'activité M&A mid market en zone euro se stabilise en volume mais baisse en valeur.
En effet, la situation atypique et instable créée par la crise du Covid et la forte reprise (chaînes d'approvisionnement déréglées, envolée des prix de l'énergie et des matières premières, forte hausse de la demande...) incite les acteurs du mid-market à la prudence : les données financières sont moins lisibles, les cash-flows plus volatils et les prix plus difficiles à fixer. La sortie de crise se fait lentement mais sûrement.
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