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Le Daf, pilote de la performance globale de l'entreprise

Les indicateurs extra-financiers sont désormais au coeur des préoccupations dans le pilotage de la performance d'une entreprise. En plus de guider toutes les équipes, les directions financières ont aussi la responsabilité d'allier profitabilité et responsabilité dans leurs prises de décision.

Publié par Florian Langlois le - mis à jour à
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Le Daf, pilote de la performance globale de l'entreprise

Le monde de la finance et celui de la RSE se rapprochent de manière inéluctable. L'intégration des critères ESG dans les entreprises et encore plus dans les directions financières est désormais essentiel. En plus de la performance financière, le directeur financier devient donc aussi le pilote de la performance extra-financière de son entreprise, soit le pilote de la performance globale. Pour ce faire, il se doit de mettre en place un certain nombre d'outils afin que son entreprise puisse allier profitabilité et responsabilité.

Cela passe tout d'abord par la définition de la raison d'être de sa société. C'est ce qui a été fait du côté de chez Crédit Mutuel Arkéa, comme l'explique Jean-Marie Alfonsi, son Group CFO & Overall Performance, à l'occasion d'un échange organisé par le cabinet de conseil en stratégie PMP Stratégy. « Cette définition de la raison d'être du groupe marque bien la nouvelle boussole du groupe et l'évolution de son modèle d'affaire. Cela nous incite à faire évoluer notre modèle d'affaire et donc nécessairement, à se préoccuper de la mesure et du pilotage, » décrit-il. La difficulté était alors de « redéfinir l'appréciation de cette notion de performance globale, qui associe à la fois cette notion de performance financière et extra-financière. Il a ainsi fallu mesurer cette performance extra-financière, afin d'avoir des éléments synthétiques qui puissent permettre de s'assurer que nous sommes sur la bonne trajectoire, » poursuit Jean-Marie Alfonsi.

L'importance de la mesure

La mesure de cette performance extra-financière est bel et bien la condition indispensable pour se diriger vers cette performance globale. « Chez Holcim, nous mesurons désormais l'impact non-financier de nos activités. Nous « financiarisons » les impacts non-financiers. Pour organiser cette donnée, il faut multiplier les indicateurs mais aussi que les directions financières supportent les opérations, » relate Alexandre Duca, en charge des activités ciment et economie circulaire chez Holcim France. « De manière très concrète, nous mesurons dans nos sites industriels les émissions de CO2, l'impact du poids de CO2 dans nos produits. Nous avons même changé nos systèmes d'information et nos ERP pour pouvoir inclure plus d'indicateurs extra-financier, » rapporte-t-il.

Même son de cloche du côté de Crédit Mutuel Arkéa. « Nous avons innové en mettant au point une méthodologie qui permet de convertir en euro nos impacts environnementaux et sociaux pour pouvoir piloter cette performance extra-financière, et donc la performance globale du groupe, » complète Jean-Marie Alfonsi.

L'une des difficultés que rencontreront les Daf sera de faire face à un manque de data. « Il est encore très difficile aujourd'hui d'avoir accès à des données fiables et traçables, note Jean-Marie Alfonsi. Souvent, nous n'avons pas accès aux données de nos clients car eux-mêmes ne possèdent pas ces données extra-financières. Nous avons donc dû utiliser des bases de données externes qui donnaient des informations suffisamment fiables, solides et démontrables afin de nous permettre de développer cette mesure et pouvoir piloter notre performance globale avec cet outil. » Sur ce point, Martine Léonard, Présidente de la SFAF Administrateur indépendant, se veut rassurante. « Nous savons que, d'ici deux ans, nous aurons plus de données. Celles-ci ne seront pas forcément complètement fiables, mais elles seront présentes. Les deux mondes (financiers et extra-financiers) pourront alors se rapprocher encore plus facilement. »

Quoi qu'il en soit, ces KPI vont être clés dans le fait de définir une stratégie d'entreprise claire qui va permettre d'embarquer le plus grand nombre de collaborateurs au sein de la société.

L'engagement collectif, clé de la réussite

Dans la mise en place de cette stratégie, l'engagement de l'ensemble des collaborateurs est essentiel : « chaque collaborateur est impacté par ces enjeux, même s'ils n'en ont pas encore tous conscience, » explique Alexandre Duca. Il est alors capital de faire redescendre cette stratégie à l'ensemble de son organisation. « Fixer des objectifs par le CEO du groupe ne sera pas suffisant. Cela donnera probablement une impulsion, mais la transformation passera par l'appropriation par toute l'entreprise et par la compréhension de ces enjeux. Il faut arriver à convaincre en interne que ces changements sont obligatoires et qu'ils seront imposés s'ils ne sont pas anticipés, » indique Alexandre Duca. Chez Holcim, cette transmission passe dans un premier temps par la formation des managers. « Nous formons les managers et nous communiquons largement dessus pour que ça redescende dans toutes les équipes, » poursuit Alexandre Duca.

Selon Martine Léonard, cette stratégie, correctement appliquée, sera même source d'opportunité, notamment concernant l'accès aux financements. « Derrière cette double matérialité, vont se construire des produits financiers, des produits d'investissement. Si vous êtes bon en matière de double matérialité, vous allez vous offrir des possibilités de financement supplémentaires, » conclut-elle.

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