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De militaire à Daf, le parcours atypique de Bernard Selvo

Responsable des transmissions dans l'armée, Bernard Selvo est depuis sept ans directeur financier d'Isospace, une entreprise spécialisée dans l'agencement d'espace. Sans grande formation dans la finance, il a réussi à structurer le service financier de cette PME et à lui octroyer de nouvelles clés de performance.

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De militaire à Daf, le parcours atypique de Bernard Selvo
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« Je ne vais pas vous dire le contraire : à 18 ans, jamais mais alors vraiment jamais je n'aurais pensé qu'un jour je serai Daf. Quand j'ai arrêté l'école après mon bac pro bureautique/comptabilité, c'était parce que cette orientation ne me convenait pas. Ce métier me dirigeait vers des activités de bureau et moi, j'avais envie d'un métier qui bouge », raconte, en souriant, Bernard Selvo.

Et pourtant, à 56 ans, l'homme est aujourd'hui directeur administratif et financier de l'entreprise Isopace, grosse PME implantée en région parisienne et spécialisée dans l'aménagement et l'agencement d'espaces. Activité qu'il exerce depuis sept ans, après une carrière dans l'armée. Son job à l'époque, après avoir fait l'école de sous-officier : gérer les transmissions. En clair, établir les communications radios entre les différentes sections de sa compagnie et s'assurer du bon fonctionnement des matériels de télécommunications. « Les transmissions sont essentielles car sans ces communications, les troupes dispersées sur le terrain sont esseulées et sans ordre. Je m'occupais des 25 chars de ma compagnie, du travail de fréquence, de chiffrage, etc. », décrit Bernard Selvo.

Une histoire de vélo

Mais après douze ans à ces fonctions, sans doute rassasié des envies de grande aventure qui le tenaillaient à la sortie de l'adolescence, il a choisi de venir progressivement vers des fonctions plus statiques. Au programme : le secrétariat d'un régiment avant de terminer sa carrière militaire à l'état-major des armées avec des activités administratives. « Je suis ensuite sorti du régime militaire et c'est en tant que civil que j'ai rejoint le ministère de la Défense, pour des missions de secrétariat de la direction de la sécurité aéronautique d'État, puis à la plateforme achats/finances, toujours au ministère de la Défense », raconte le Daf d'Isospace. Mais c'est là, en 2007, qu'une histoire de vélo (et oui...) le propulse chez son futur employeur. « Pendant cette période, je faisais beaucoup de vélo avec d'autres amateurs comme moi. Et notamment avec le patron d'Isospace. Il avait racheté l'entreprise dix ans auparavant et était en pleine structuration/organisation. Il m'a proposé de venir lui donner un coup de main. Vous savez, le vélo, c'est un sport dans lequel on ne peut pas se cacher. On est sur le vélo, comme on est dans la vie. Ma posture lui a plu. » Et c'est ainsi que cela a commencé, à un poste correspondant à du contrôle de gestion.

Structuration

À l'époque, l'entreprise comptait une vingtaine de salariés pour un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros, n'avait pas de Daf ni de Raf. Aujourd'hui, Isospace réalise trois fois plus de de chiffre d'affaires et emploie une centaine de collaborateurs.

« À l'origine, Isospace faisait essentiellement de la cloison de bureau. Mais petit à petit, par croissances externes, elle en est venue à faire de l'agencement d'espaces de vente et est devenu un acteur majeur de ce marché. Aujourd'hui, le groupe compte une dizaine de sociétés. Chaque acquisition permet d'ajouter une corde à son arc,
mais nécessite à chaque fois une intégration et une nouvelle organisation. » Alors, dès son arrivée, Bernard Selvo a structuré. « Dès la première année, on a gagné 4 % de marge. J'ai mis en place des procédures et, petit à petit, j'ai structuré mon service et suis devenu officiellement Daf il y a deux ans. » Il pilote désormais une équipe de sept personnes : trois à la comptabilité, trois aux achats et une Raf. « On m'a fait confiance et j'ai grandi avec cette entreprise. Je suis arrivé chez Isospace en ne connaissant pas grand-chose, il faut bien le reconnaître : uniquement mon petit bagage scolaire et mon expérience dans l'armée. J'ai beaucoup travaillé pour comprendre, analyser les besoins, intégrer de nouvelles compétences. Et puis, j'ai oeuvré à bien m'entourer. Je le dis clairement et sans aucune honte, je ne sais pas faire tout ce que réalise mon équipe, mais je suis le chef d'orchestre, je maîtrise les enjeux et fixe les objectifs. » Son travail et sa manière de fonctionner ont fait leurs preuves, à tel point qu'il est même entré, au bout de deux ans, au capital de l'entreprise.

Dématéralisation

Sa feuille de route désormais ? « Elle est en perpétuelle évolution, j'essaie d'améliorer les choses en permanence. Par exemple, sur la dématérialisation. » Après avoir mis en place un ERP, une solution de gestion électronique des documents et de dématérialisation des factures, Bernard Selvo se dit désormais fin prêt pour la facture électronique. « Là aussi, je ne suis pas compétent sur tous les domaines, mais je me suis appuyé sur un prestataire pour m'accompagner dans cette transformation. » Prochaine étape, la mise en place d'une organisation du groupe par business unit afin d'obtenir une analyse plus fine des ratios de rentabilité par métier : office, retail, hospitality, etc.

Et son passé de militaire dans tout cela ? « On pourrait penser que cela n'a rien à voir avec mon job d'aujourd'hui. C'est vrai et en même temps, cela me sert beaucoup. Cette expérience dans l'armée m'a donné une vraie capacité d'adaptation, essentielle dans une entreprise en mouvement perpétuel. Et puis, il y a bien entendu cette rigueur dont on parle souvent pour les militaires. C'est exact, j'aime que les choses soient bien faites et sécurisées. » Et puis le Daf d'Isospace évoque l'aspect RH, très important aussi. « J'ai toujours managé des équipes dans l'armée. Dans le cadre militaire, on a toujours une vigilance sur l'adhésion globale des équipes, car cela peut vraiment faire la différence sur le terrain. Dans l'entreprise, on ne parle pas de commandement, on parle de management, c'est pareil en réalité... Le Daf doit emmener son équipe avec lui et veiller à mobiliser chacun de ses salariés, s'assurer qu'il est opérationnel, compétent, motivé et bien dans son job. »

Bernard Selvo, lui, semble visiblement parfaitement à l'aise dans ses nouvelles baskets de Daf. Bakets qu'il pose régulièrement pour aller faire du vélo, évidemment. -

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