Comment repenser la résilience des entreprises ?
Le contexte actuel n'est pas favorable aux entreprises, qui sont soumises à de nombreuses risques et contrôles. Face à cette pression accrue, il convient de développer des stratégies pour maintenir un équilibre organisationnel.
Organisé le 4 avril dernier par RSM et la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, le forum Risk & Governance World avait pour but de réfléchir à des solutions pour développer une politique de gestion globale des risques et d'optimisation de la gouvernance. Plusieurs tables rondes et ateliers se sont succédées tout au long de la journée. Les deux premières avaient trait aux contrôles et contraintes qui impactent les entreprises et aux solutions pour leur permettre d'être plus résilientes.
"Les entreprises sont aujourd'hui confrontées à beaucoup de risques, dont la notion de risque politique qui revient au premier plan", a analysé lors d'une de ces conférences Alain Bentejac, président du réseau Les Conseillers du Commerce Extérieur. Il a notamment illustré ses propos avec l'exemple des entreprises qui se retirent du marché russe, en raison des sanctions mais aussi du risque réputationnel.
L'inflation met également à mal de nombreux groupes. "Cela implique une augmentation des taux d'intérêt pour contrebalancer cette hausse des prix mais aussi pour la politique monétaire qui doit défendre l'ancrage nominal", a pointé Olivier Klein, directeur général. Avant d'ajouter : "Si nous avons des taux trop bas trop longtemps, nous développons trop d'endettement". Résultat : lorsque les taux remontent, certaines entreprises peuvent se retrouver en situation de surendettement, entraînant un fort risque d'insolvabilité.
Les questions des risques cyber et de la protection des données ont également été mis sur le devant de la scène car ils peuvent affecter les activités des entreprises. Pour mieux les maîtriser, plusieurs intervenants ont insisté sur l'importance des enjeux liés à la souveraineté numérique et à l'innovation.
Des contrôles qui s'accélèrent
Par ailleurs, les entreprises sont aujourd'hui soumises à de nombreuses réglementations. "Il n'y a pas de mondialisation sans règles. Elles permettent de garantir la juste compétition entre les acteurs mais aussi que l'activité économique n'impacte pas la santé, l'environnement et les droits humains", a rappelé l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, qui intervenait en sa qualité d'avocat. Sapin 2, Pilier 2, directive CRSD, devoir de vigilance... Ces dernières sont très contraignantes et imposent aux groupes de fournir de nombreuses données. Face à ces nombreux contrôles, il semble essentiel pour les entreprises de changer de paradigme. "Il faut réfléchir ces sujets d'une façon globale, et non plus au regard d'une réglementation particulière. Il est important de casser les silos en entreprise", a indiqué Jocelyn Grignon, associé chez RSM.
Au-delà de la réglementation, d'autres parties-prenantes exercent aussi des formes de contrôles sur les entreprises. A l'instar des ONG qui peuvent dénoncer certaines pratiques à travers notamment des actions de communication qui sont très souvent relayées sur les médias sociaux. "Nous avons aussi des moyens judiciaires car nous pouvons nous constituer parties civiles", a souligné Anne-Charlotte Gros, secrétaire générale de l'ONG Respect Zone et directrice général de la fondation pour le droit continental.
De même, les organisations syndicales peuvent lancer des alertes. "Cela ne doit pas être vu comme une contrainte, mais plutôt comme un outil dont les entreprises doivent se servir pour détecter les dysfonctionnements", a estimé Sébastien Crozier, président de la CFE-CGC d'Orange, avant de rappeler que le risque social peut mettre en péril l'activité économique d'une entreprise.
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