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Gouvernance d'entreprise : la 3e voie du modèle européen

Pris en étau entre un modèle de gouvernance centré sur les actionnaires comme aux USA et un autre plus étatiste des pays d'Asie, à quoi pourrait ressembler un modèle de gouvernance européen? Quelles valeurs doit-il incarner? Elements de réponses à l'occasion d'une journée organisée par l'IFA.

Publié par Marie-Amélie Fenoll le - mis à jour à
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Gouvernance d'entreprise : la 3e voie du modèle européen

"Aujourd'hui, il existe des visions différentes de l'économie de marché. L'une plus individualiste comme aux Etats-Unis centrée sur les actionnaires et l'autre plus Etatiste issue du confucianisme présente dans les pays d'Asie. Nous n'avons pas le choix, si nous sommes pris en étau entre la Chine et les USA, il faut réfléchir à quel type de finance nous voulons en Europe", explique Denis Terrien, président de l'IFA et directeur général des Petits Chaperons rouges à l'occasion d'une journée dédiée aux administrateurs organisée par l'IFA (l'Institut français des administrateurs) le mercredi 16 octobre.

Une 3e voie entre la Chine et les USA

Dans ce cas, comment imaginer une gouvernance européenne? Face à l'ensemble des défis environnementaux, des formes d'activisme, une grande implication des parties prenantes dans l'entreprise ou l'évolution des besoins des consommateurs, comment doit-y répondre le Conseil d'administration?

Entre le modèle américain et celui des pays d'Asie, il semble possible d'imaginer "une 3e voie" selon Bruno Roche, économiste en chef et président de mars Catalyst, think tank du groupe Mars, auteur de "Completing capitalism". "L'Europe a une vision dite "personnaliste" inspirée du philosophe Emmanuel Mounier, fondateur de la revue Esprit. Celle-ci se base sur la réciprocité. En d'autres termes, en Europe, l'entreprise existe parce que des parties prenantes existent et les challengent". Toujours selon lui, les relations basées sur la réciprocité sont un modèle supérieur en terme de création de valeur.

Une gouvernance basée sur la réciprocité

Ainsi, si hier, les business models des entreprises avaient pour objectif de créer de la valeur uniquement financière, aujourd'hui les données changent. Le capital financier est surabondant, donc mécaniquement le modèle de création de valeur va se déplacer du capital financier vers un autre capital davantage basé sur les ressources, l'éducation, la recherche, ... "Et cela élargira le rôle des administrateurs. Mais aujourd'hui, ils ne sont pas encore équipés des outils ni intellectuellement pour gérer cette complexité. A L'Europe, qui a la légitimité philosophique et idéologique de porter cela via sa gouvernance. Car le rôle des administrateurs c'est de définir la raison d'être de l'entreprise. Si elle est fondée sur des principes de réciprocité, elle peut driver et structurer la stratégie".

Tout cela part du postulat d'une Europe ayant une identité forte avec des valeurs comme la démocratie, de la recherche du bien commun dans l'exercice des responsabilités publiques, ou du respect des Droits de l'Homme. Or, pour Pascale Witz, membre du board Fresenius Medical Care (Allemagne DAX40), Horizon Thearpeutics (Irlande), Perkin Elmer et Regulus Therapeutics (US), il est "compliqué d'imaginer un modèle unique européen car les objectifs sont différents. En Allemagne, les sociétés sont familiales et il y a beaucoup de fondations, tandis que l'Irlande est très européenne mais accueille aussi beaucoup d'entreprises américaines car cela est plus simple au niveau gouvernance, des taxes et de l'administration. Il faut travailler ensemble en Europe pour faire face aux grands défis. Mais ne pourrait-on pas parler de modèle de gouvernance occidental plutôt qu'européen?

Lire la suite en page 2 : 4 points clés pour comprendre la gouvernance européenne


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