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DossierLa RSE, c'est aussi une affaire de Daf !

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2 - Politique RSE : quel rôle pour le Daf ?

Agir pour conjuguer finance et gestion d'entreprise avec développement durable, c'est une manière de réconcilier l'entreprise avec son avenir, celui de la société et de ses parties prenantes. Voici quelques explications et un plan d'action pour mener à bien ce projet.

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Les évolutions induites par le développement durable font partie intégrante des paramètres de transformation de la fonction de Daf. La profession doit procéder à un changement significatif de grille de lecture et à une modification de registre. Les dimensions à couvrir s'élargissent au-delà de la "routine" des ratios financiers et de gestion conventionnels ou des seules questions d'optimisation des processus et des organisations. Ne pas s'emparer de ces sujets risque de conduire le Daf à n'avoir qu'une vision tronquée des paramètres de nature et d'origine très variées qui, demain, vont conditionner les performances de l'entreprise.

RSE : la difficile mutation du Daf

Cette transformation est complexe. Les principes sont relativement récents, perturbants, différents et, par conséquent, plus difficilement appréhendables au premier abord et encore moins maîtrisables que les ratios "mécanistes" de la gestion financière traditionnelle. Les référentiels élargis, qui ne sont pas encore stabilisés, sont plus complexes à concevoir et gérer que les référentiels financiers, de comptabilité ou de contrôle de gestion classiques, ce qui laisse des espaces d'innovation et de créativité importants dans ce domaine.

Quitte à ouvrir le débat, posons l'hypothèse que la direction administrative et financière devienne actrice de la transformation de sa fonction. Comment ? En abordant de façon proactive les évolutions profondes liées au développement durable et en proposant d'en animer la démarche, en totale coordination avec les acteurs-clés de l'entreprise. Même si les Daf sont attendus sur leur capacité à contribuer au pilotage stratégique, le "logiciel" de la plupart d'entre eux - et, dans une certaine mesure, le marché et les impératifs financiers poussent à ces postures - a, d'une part, été "paramétré" avec des principes qui ne tiennent pas compte de ces nouveaux critères environnementaux et sociétaux. D'autre part, ce "logiciel" est généralement calé sur un horizon à court terme, voire à très court terme ("délivrer la marge" au mois, trimestre ou à l'année), la projection à trois ou cinq ans restant souvent un exercice de style quand il est fait.

La crise de 2008, en révélant au plus grand nombre les excès d'un marché insuffisamment régulé et ses effets collatéraux, a remis au goût du jour les notions d'investissement de long terme et d'économie réelle. À l'inverse, l'investissement sur des projets ou des initiatives développement durable ou RSE est encore trop souvent considéré, notamment dans les PME, comme générateur de coût, sans effet immédiat sur le compte d'exploitation, autrement dit avec des ROI ou des paybacks insuffisants. C'est pourquoi ce sont des budgets "faciles" à geler.

Pourtant, l'image du Daf obsédé par la gestion des coûts, le maintien des marges, la génération de cash flow et de paybacks inférieurs à deux ans, en opposition à celle du manager développement durable ouvert sur l'écosystème rendu plus complexe de l'entreprise moderne, désireux d'écouter les parties prenantes et souhaitant intégrer les externalités dans les outils de pilotage, est sans doute caricaturale.

Comment mener une stratégie DD-RSE ?

S'il est souhaitable que les PME s'en emparent, les ETI, elles, ont une taille suffisamment importante pour leur interdire d'être discrètes sur leur dispositif en matière de développement durable et de responsabilité sociétale. Elles doivent avoir des ambitions et développer des actions cohérentes, visibles et étayées dans ce domaine. Pour autant, elles n'ont pas les moyens des grandes structures "corporate" pour mettre en place des structures et des systèmes dédiés.

Une des pistes pour favoriser l'irrigation du développement durable dans toutes les strates de l'entreprise sans créer de structure et processus additionnels est de viser l'intégration optimale dans les cycles de l'entreprise, les processus et procédures de gestion existants. L'initialisation d'une démarche DD-RSE est l'opportunité de revoir le dispositif existant dans une logique de lean management.

Pour mettre en oeuvre cette démarche, il est essentiel d'avoir en permanence le souci de l'adaptation aux moyens et à la taille de l'entreprise en termes d'allocation de ressources (temps et euros, compatibilité du plan d'action avec les tâches existantes dans tous les métiers, etc.). En ce sens, le Daf est plutôt bien placé! Mais s'il existe des lignes directrices, chaque démarche est unique et propre à chaque entreprise. C'est l'une des conditions d'appropriation par l'ensemble de la société. À chaque fois que cela sera possible, il faudra rechercher la mutualisation des dispositifs de pilotage, la chasse aux circuits parallèles en termes de reporting et d'instances de pilotage, dans l'adaptation et le réalisme d'une démarche structurée de responsabilité d'entreprise. Cette dernière nécessite un véritable volontarisme et du réalisme sur la chronologie des étapes.

En effet, tout n'est pas possible tout de suite dans un domaine qui relève du temps long et passe par le respect de chaque étape. Mais une fois la décision prise, la compréhensible inertie qui accompagne ces démarches de changement, compte tenu des enjeux traités, ne devra pas servir de prétexte à un report parce qu'une priorité à court terme ou une turbulence viendra toujours perturber sa mise en oeuvre. Ce risque est un vrai défi. Il faudra donc faire preuve de lucidité sur les arbitrages et disposer d'amortisseurs qui permettront de tenir compte des évolutions de cycles, tout en assurant une implication continue et prolongée, afin de ne pas stopper la dynamique, ce qui pourrait se révéler contre-productif en interne et en externe.

Dans cette même logique, privilégiez les actions réalisables à court terme visant à démontrer opérationnellement, via les résultats obtenus, la pertinence de la démarche. Convaincu de la supériorité d'une stratégie DDRSE qui saurait articuler, dans un même mode de management, les leviers de performance ESG et de performance financière? Vous trouverez ci-dessous une feuille de route qui vous permettra d'approcher cette vision.

Jean Volatier, Daf de transition et consultant spécialisé sur les questions DD

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