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L'export est-il la clé de la reprise pour les entreprises françaises ?

Euler Hermes a publié fin mai la 7ème édition de son Baromètre Export. Après une année 2020 compliquée, les entreprises prévoient d'exporter plus et autrement cette année. Pour ce faire, elles comptent sur leur trésorerie mais devront se préparer à affronter encore plus de risques.

Publié par Florian Langlois le | Mis à jour le
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L'export est-il la clé de la reprise pour les entreprises françaises ?

Sans surprise, l'année 2020 a été compliquée pour les exportateurs français. Selon Euler Hermes, qui a publié fin mai la 7ème édition de son Baromètre Export, 4 entreprises françaises sur 10 ont observé un recul de leurs exportations l'année dernière. Mais malgré la crise, un tiers des entreprises a tout de même vu ses exportations croître en 2020. Les secteurs des services aux entreprises, des biens d'équipements et du numérique notamment ont pu observer une hausse de leurs exportations.

Après une baisse de 8,1% en 2020, le commerce mondial de biens et services en volume devrait rebondir prochainement. Une hausse respectivement de 7,9% et 6% pour 2021 et 2022 est prévue par Euler Hermes. Un rebond important, principalement dû à la reprise progressive de l'activité économique dans la plupart des régions.

Les exportateurs français pourront également saisir les opportunités provenant du rebond des échanges internationaux. En effet, après une diminution de 16,6% en 2020, Euler Hermes prévoit une augmentation de 8% en 2021 et de 5,7% en 2022 des exportations françaises de biens et services en volume. Car de réelles opportunités existent à l'international pour les entreprises françaises : l'auteur de cette étude estime ainsi que la demande additionnelle de biens et services adressée à la France augmentera de 59 Mds€ en 2021 et de 47 Mds€ en 2022, alors qu'elle avait chuté de 125 Mds€ en 2020. "En 2021, l'export sera indéniablement la clé de la reprise pour les entreprises françaises assure Clarisse Kopff, CEO et Présidente du Directoire du Groupe Euler Hermes. De belles opportunités existent pour combler les manques à gagner de 2020 [...] Pour les saisir, il faudra faire preuve d'audace et de vigilance, au niveau de l'organisation des chaînes logistiques mais aussi des zones ciblées."

Une autre façon de percevoir l'export

Par ailleurs, l'épidémie de Covid-19 a profondément changé la façon dont les entreprises françaises appréhendent l'export : 81% d'entre elles déclarent avoir fait évoluer leur approche export à cause de la crise sanitaire. Principaux changements : la révision des relations avec les fournisseurs (24% des entreprises sondées), le changement des modes de transports et des choix logistiques (21%) et la modification des conditions contractuelles offertes à leurs clients (21%). "La crise sanitaire a engendré une refonte des stratégies d'approvisionnement chez les exportateurs français. De nombreuses entreprises sont passées d'une logique de " just in time ", avec des chaînes de valeur pensées pour produire dans les meilleurs délais, à une logique de " just in case ", avec le développement de nouvelles relations fournisseurs pour pallier d'éventuelles perturbations de l'activité productive." explique Selin Ozyurt, économiste France chez Euler Hermes.

Exporter plus en 2021, et dans de nouveaux pays

Malgré une crise qui s'est poursuivie en ce début d'année 2021, l'optimiste est de retour du côté des exportateurs français : 78% des entreprises interrogées envisagent d'augmenter leur chiffre d'affaires à l'export cette année.
Les intentions fermes sont également à un niveau élevé, avec 42% des entreprises qui déclarent envisager avec certitude une croissance de leurs exportations en 2021. Ces intentions fermes sont particulièrement élevées dans les secteurs des biens d'équipement (63%), de l'agriculture, de l'énergie et du bâtiment (62%), des travaux publics (44%) et des biens de consommation (44%).

Les entreprises françaises veulent exporter plus, mais elles veulent également se lancer à l'assaut de nouveaux marchés. En effet, 51% des entreprises interrogées veulent accroître leurs exportations vers de nouveaux pays, contre seulement 38% lors du précédent baromètre, en 2018. Les destinations les plus citées sont les Emirats Arabes Unis, le Canada, le Cameroun, le Maroc et le Sénégal. " Il semblerait que les exportateurs français souhaitent diversifier les marchés de croissance ciblés. C'est un indicateur positif concernant le volontarisme des entreprises tricolores, mais également le signe qu'elles ont tiré un apprentissage crucial de la crise Covid-19 : pour préserver leurs activités et anticiper les imprévus, mieux vaut réduire sa dépendance à une zone d'exportations ", décrit Ana Boata, directrice des recherches macroéconomiques d'Euler Hermes.

Les entreprises misent sur leur trésorerie ... et font face à toujours plus de risques

L'un des enseignements majeurs de ce Baromètre Export est que les entreprises françaises sont prêtes à puiser dans leur cash pour financer leur développement export : 77% d'entre elles déclarent qu'elles utiliseront leur trésorerie pour financer leur internationalisation cette année, soit 29% de plus qu'il y a 3 ans. Viennent ensuite un ou plusieurs dispositifs d'aide publique (13%) et le financement par prêt bancaire (8%). " Le fait que les entreprises soient majoritairement prêtes à utiliser leur trésorerie pour financer leur développement export est un réel indicateur de confiance [...] Si elles sont prêtes à puiser dans cette réserve, c'est qu'elles voient l'export comme un véritable relais de croissance qui leur permettra de sortir plus vite de la crise et de combler le manque à gagner de 2020 " poursuit Ana Boata.

Les entreprises favorisent également les exportations depuis la France (70%) à l'implantation locale (30%) pour leur stratégie d'internationalisation. Les principaux motifs avancés pour justifier cette stratégie sont le choix du Made in France pour une question d'image et de qualité (63%) et le coût d'implantation à l'étranger trop élevé (54%).

Concernant les risques, le risque d'impayés est identifié comme la principale menace à l'international par les exportateurs français (62%). Une crainte justifiée, puisque 38% des répondants ont remarqué une hausse du délai moyen de paiement à l'export lors des 12 derniers mois (+22% par rapport à la précédente édition du Baromètre) et 22% déclarent avoir subi au moins un impayé sur la même période (+7%). Suivent les risques légaux (59%), les barrières douanières (55%) et les risques liés aux transports (55%).
La grande surprise est l'arrivée des risques sanitaires en 5ème position de ce classement (45%), qui devance les risques politiques (41%).

Enfin, un dernier facteur vient influencer la stratégie export des entreprises françaises : l'émergence de la RSE. En effet 46% des exportateurs sondés reconnaissent que cette responsabilité sociale les a poussés à modifier leur stratégie d'internationalisation.

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