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Quelles prévisions pour l'économie mondiale pour 2023 ?

L'inflation ne cesse d'augmenter à travers le monde depuis le début de l'année. Les banques centrales, la Fed et la BCE en tête, ont augmenté leurs taux pour contenir cette hausse. Quelles sont les prévisions macro-économiques concernant l'année 2023 ?

Publié par Florian Langlois le | Mis à jour le
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Quelles prévisions pour l'économie mondiale pour 2023 ?

L'année 2022 est marquée par la hausse de l'inflation et du prix des matières premières à travers le monde. Après cette année compliquée, quelles hypothèses sont envisagées pour l'année 2023 ? Dans l'ensemble, l'optimisme n'est pas de mise et une récession globale devrait voir le jour dans les pays qui ne sont pas encore entrés dans cette phase.

Dans le détail, du côté de la Chine, la politique zéro Covid a fortement impacté l'économie cette année. « Nous nous attendons à une croissance de moins de 3% pour la Chine en 2022 (2,9%). Un rebond est toutefois à prévoir l'année prochaine. Mais le fait que la Chine ferme régulièrement son pays et ses ports, à cause de cette politique très stricte, crée déjà des problèmes assez importants au niveau mondial. Ainsi, des pays comme l'Allemagne sont déjà rentrés en récession à cause de ces perturbations sur les chaines de valeur, » détaille Maxime Darmet, économiste Allianz Trade.

Aux Etats-Unis, c'est plutôt en 2023 que l'économie américaine devrait souffrir de cette crise. « Une récession est clairement attendu aux Etats-Unis. Historiquement, la Fed n'a quasiment jamais réussi à réduire l'inflation sans entrainer une récession. Nous tablons ainsi sur une poursuite des hausses des taux de la Fed. Le retournement du marché immobilier, extrêmement sensible aux taux d'intérêts, participera également à cette récession dans l'économie américaine, » développe Maxime Darmet.

Une croissance négative pour l'Europe en 2023

Concernant les pays émergents, ces derniers subissent de fortes pressions, expliquées notamment par les resserrements monétaires de la Fed et la BCE. « La hausse du dollar est très négative pour les pays émergents. Néanmoins, la grande différence par rapport à la crise des émergents des années 80 est que ces grands émergents, typiquement l'Inde, sont beaucoup plus résiliants, » complète l'économiste.

Du côté de l'Europe, il sera difficile d'éviter une récession pour l'année prochaine selon l'expert. « Nous nous attendons à un fort ralentissement de l'économie dès le trimestre prochain dans toute la zone Euro. Pour le moment, la commission européenne essaie de contenir à tout prix la crise énergétique. » Compliqué cependant d'empêcher une récession pour l'année prochaine. Allianz Trade prévoir ainsi une croissance de -0,8% pour 2023, notamment à cause de la crise énergétique. A noter qu'avec la pénurie actuelle de gaz, les choses pourraient se détériorer encore plus si l'hiver est amené à être froid.

La France résiste, l'Allemagne souffre

Dans le détail, l'Allemagne risque d'être le pays qui souffrira le plus de cette crise énergétique. Une baisse de son PIB de 1,3% est ainsi prévue. « L'Allemagne est déjà en récession industrielle, à cause notamment des problèmes d'approvisionnement liés à la Chine. Pourtant, les défaillances restent à un niveau très bas car le gouvernement a mis sur la table un plan de 65 milliards pour aider les entreprises. Nous nous attendons tout de même à une récession globale à venir, » précise Maxime Darmet.

De son côté la France résiste pour l'instant plutôt bien à cette crise et à ce choc énergétique, « plus important que le choc pétrolier des années 70 » selon l'économiste. En effet, la croissance attendue pour 2022 serait de 2,5%, en partie due au bouclier tarifaire mis en place pour contenir cette crise. « Nous estimons que l'inflation française serait 2 points plus élevée si le bouclier tarifaire n'avait pas été mis en place. En 2023, la première ministre, Elisabeth Borne, a annoncé le prolongement du bouclier tarifaire avec néanmoins un assouplissement. Nous prévoyons ainsi des hausses de 15% dès janvier des factures de gaz et d'électricité. L'inflation française devrait alors restée très élevée l'année prochaine. C'est la principale raison qui explique le fait que l'économie française va très certainement rentrer en récession, avec une prévision de croissance de -0,6% pour l'année 2023, » poursuit l'économiste.

L'économie russe en grande difficulté

En France, les défaillances d'entreprises avaient chuté pendant la crise Covid, elles commencent désormais à repartir à la hausse. « Nous prévoyons entre 51.000 et 53.000 entreprises mettant la clé sous la porte pour 2023, contre 41.000 en 2022, » anticipe Maxime Darmet. Cela s'explique en partie par la fin du quoi qu'il en coûte mais aussi et surtout aux prix de l"nergie qui s'envolent. Les secteurs de l'industrie, de la restauration et des transports sont les secteurs qui ont pu observer une hausse de défaillances la plus importante au deuxième trimestre 2022, notamment pour les TPE.

Enfin, sans surprise, la Russie a vécu une année 2022 compliquée économiquement, avec toutes les sanctions qui ont découlé de son invasion de l'Ukraine en début d'année. Cependant, l'économie russe a tout de même mieux résisté que prévu. « Nous nous attendons à une baisse du PIB russe de l'ordre de 5,5% en 2022 alors que les prévisions étaient plutôt autour de moins 8 à moins 10%, » note l'expert. Malgré tout, l'hypothèse que l'économie russe réussisse à tenir le coup est assez peu probable. « La Russie ne tiendra pas plus de deux hivers si elle continue à couper l'ensemble de ses approvisionnements de gaz vers l'Europe. Il y a également des effets plus corrosifs à long terme des sanctions mondiales. Le secteur agricole russe est par exemple en chute libre. Ils ne peuvent plus importer d'engrais, de matières premières agricoles dont le secteur a besoin, cela pose donc de gros problèmes. Plus généralement, couper les flux d'investissements étrangers dans une économie entraine une perte de connaissance, de talents. A long terme, cela implique nécessairement une perte de croissance potentielle pour le pays, » conclut Maxime Darmet.

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