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Le Covid n'a pas freiné les projets d'implantation des entreprises françaises

Banque Populaire a publié son 5ème Baromètre concernant l'importation des entreprises françaises à l'étranger. Il en ressort que la pandémie n'a pas ralenti les projets d'implantation des dirigeants, qui privilégient, toujours, les mêmes destinations pour s'installer.

Publié par Florian Langlois le | Mis à jour le
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Le Covid n'a pas freiné les projets d'implantation des entreprises françaises

" En 2020, nous avons vécu des moments inédits, mais, au final, le bilan est plutôt positif . " Jérôme Bonnet, directeur général de Pramex International, est plutôt positif, lorsqu'il s'agit d'évoquer les entreprises françaises qui s'implantent à l'international. Son entreprise, spécialiste dans le conseil en implantation internationale des start-up, PME et ETI, a publié, en partenariat avec Banque Populaire, le 5ème Baromètre portant sur l'implantation des PME, ETI et start-up françaises à l'international en 2020. (voir méthodologie dans l'encadré ci-dessous)

De manière globale, la crise de la Covid n'a que très peu impacté les projets d'internationalisation des entreprises françaises. En plus du baromètre, le tandem Banque Populaire / Pramex a réalisé un sondage, auprès de 102 dirigeants d'entreprise. Un peu plus de la moitié (51%) des dirigeants interrogés affirment avoir maintenu leurs décisions d'investissements en 2020. La pandémie a également eu une très faible incidence sur le choix géographique, puisque 89% des répondants ont confirmé que les pays ciblés à l'international restent inchangés. Ainsi, seulement 13% des interviewés ont confirmé avoir repensé la nature de leur stratégie à l'international en favorisant plutôt la proximité. Enfin, les dispositifs d'aide mis en place par l'Etat ont incité seulement 10% des dirigeants interrogés à s'internationaliser.

"La majorité d'entre elles [NDLR : des start-up, PME et ETI françaises] a fait le pari qu'il y avait plus à perdre qu'à gagner à modifier leur stratégie. Contrairement à d'autres, ces entreprises ont vite considéré que la crise sanitaire serait temporaire, qu'à un moment donné les marchés reprendraient un aspect plus normal" commente Philippe Waetcher, directeur de la recherche économique chez Ostrum Asset Management (Groupe BPCE).

Les Etats-Unis, l'Allemagne et Singapour, principaux gagnants de 2020 ...

Les États-Unis restent de loin le premier marché d'implantation des sociétés françaises à l'étranger, avec une part de marché de 13,6% en 2020. Le marché américain a repris de la vivacité après un recul important l'année précédente (11,4% des projets en 2019). De manière plus générale, l'Amérique du Nord a retrouvé la forme en cette année 2020, avec près d'une entreprise française sur 5 (19%) qui s'y importe. Le continent avait subi une lourde baisse l'année dernière, en tombant à 16%.
L'Amérique du Sud absorbe quant à elle entre 3 et 4% des projets d'internationalisation des entreprises françaises. La majeure partie (2,1% des projets) des entreprises qui s'installent en Amérique du Sud le font au Brésil.

Deuxième destination mondiale et première en Europe, l'Allemagne (9,2% des implantations) confirme sa position de marché refuge privilégié des dirigeants tricolores. Notre voisin d'outre Rhin capitalise sur son marché intérieur et son rôle de locomotive pour les exportations. A son image, l'Europe consolide son statut de première zone d'implantation des sociétés françaises, avec près de 52% de parts de marché. Le vieux continent bénéficie de la désaffection des entrepreneurs pour les destinations lointaines.

Singapour consolide de son côté sa vocation de hub pour toute l'Asie. Sa part de marché croît solidement en passant de 3,1% en 2017 à 4,6% en 2020, en dépit des conditions draconiennes à remplir pour s'implanter sur son territoire. Porte d'entrée de l'Asie du Sud-Est, la cité-État profite du déclin de Hong Kong. De façon plus générale, l'Asie du Sud-Est enregistre une légère hausse. Les économistes la désigne d'ailleurs comme le réservoir de la croissance du futur.

... au contraire de l'Espagne et d'Hong Kong

De son côté, l'Espagne fait office de grand perdant cette année 2020. En un an, la péninsule ibérique a perdu un tiers des projets français. Avec 6,8% de parts de marché, la destination chute du premier au troisième rang en Europe derrière l'Allemagne et le Royaume-Uni. En 2020, l'Espagne a payé l'arrêt des deux secteurs moteurs de son économie : la consommation et le tourisme. Cette situation pourrait néanmoins être passagère, au dernier trimestre, Pramex observait un net regain d'intérêt pour le pays.

En quatre ans, Hong Kong, traditionnelle base des Occidentaux pour la conquête de l'Asie a vu sa part de marché divisée par trois. En 2020, elle affiche un nouveau recul, à 1,3%. Elle pâtit de son instabilité politique et des réformes fiscales. De la même manière, excepté Taïwan, tous les marchés d'Asie du Sud et d'Asie de l'Est, qui attiraient un nombre significatif de projets français, accusent un nouveau recul en 2020. En quatre ans, cette perte se chiffre à 15%.

Enfin, l'Afrique continue aussi de décevoir. Au regard de son explosion démographique, les experts prédisent que l'Afrique est l'un des marchés d'avenir au plus fort potentiel. Force est de constater que son attractivité n'augmente pas du côté des PME et des ETI. Avec 7% de parts de marché en 2020, le continent encaisse même un recul inédit depuis 2018. Mention spéciale tout de même pour le Maghreb, qui regroupe les trois quarts de ces projets.

Méthodologie

Le baromètre de l'implantation à l'international 2021 a été réalisé entre janvier 2020 et avril 2021. Il recense les projets d'investissement réalisés à l'étranger en 2020 par les start-up, PME et ETI disposant d'un siège en France. L'étude agrège des projets créateurs d'emplois par le biais de créations de filiales, de joint-ventures et d'acquisitions à l'étranger. Elle se compose de 631 projets d'implantation réalisés dans 51 pays, dont 433 créations de filiales et 198 acquisitions. Ces projets représentent un échantillon d'au moins 30% de chacun de ces marchés.

L'étude n'intègre pas les opérations réalisées par les grands groupes français, les opérations financières, les franchises ni les projets d'extension de filiales existantes.

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