[Tribune] De gardien des finances à celui d'acteur stratégique : Le DAF s'adapte aux pressions financières externes
Dans le contexte économique et social actuel qui se contracte et se complexifie, le rôle du directeur financier est amené à évoluer vers la stratégie de l'entreprise. Les données financières deviennent un enjeu qui intéresse au delà de l'équipe dirigeante. Comment le directeur financier peut-il résister aux pressions internes et externes ? Réponses dans cette tribune de Valentin Gerbi, Country Manager France de Payhawk.
Après avoir connu plusieurs années d'inflation en Europe, la désinflation est en cours puisque selon Eurostat, en mars, l'inflation en zone euro a été de 2,4 %, contre 2,6 % le mois précédent . Les taux d'intérêt sont également à la baisse après l'annonce par la Banque centrale européenne (BCE) de sa première baisse de taux d'intérêt en juin dernier. Pour autant, les perspectives restent moroses puisque selon l'INSEE, l'investissement des entreprises est en repli pour le troisième trimestre consécutif.
Le rôle du directeur financier se trouve donc à un moment charnière : celui de rationaliser la fonction finance pour accélérer la croissance des entreprises.
De nombreux défis... pour un changement de paradigme
Par le passé, les directeurs financiers ont dû jongler avec de nombreuses tâches : comptabilité,
fiscalité, protection des actifs en période de volatilité... Ces priorités restent élevées pour les DAF mais ce rôle de gardien des finances est désormais révolu au profit de celui d'acteur stratégique.
D'autant que les entreprises ont essuyé de nombreux revers depuis la crise du COVID : inflation, augmentation des taux d'intérêt... Selon le dernier rapport de la Coface sur les comportements de paiement en France, le nombre de défaillances d'entreprises a nettement progressé en 2023, avant de se maintenir clairement au-dessus des niveaux d'avant-COVID au premier semestre 2024. De plus, les retards de paiement explosent : « 85% des entreprises interrogées ont constaté des retards de paiement en 2024, contre 82% l'an dernier ».
L'endettement des entreprises s'ajoute aux nombreuses préoccupations des DAF. Et si la part d'entreprises déclarant obtenir les crédits demandés reste stable et élevée en France[1], tout nouvel investissement pour stimuler la croissance dépendra davantage des réserves de trésorerie existantes.
La mutation du DAF en acteur stratégique se joue dans ces conditions de pressions externes. Aujourd'hui, les cadres, dirigeants et autres partenaires s'appuient de plus en plus sur sa vision, ses compétences et les données financières pour diriger l'entreprise.
Pour maintenir leur entreprise à flot, ils se concentrent sur la rationalisation des coûts pour faire face à ces défis, et mettent l'accent sur les prévisions de trésorerie, une activité essentielle pour mieux comprendre le runway (piste de trésorerie) qu'une entreprise pourrait avoir en période d'incertitude.
De plus, la planification de scénarios et l'accès à des données exactes pour soutenir cette planification sont devenus des réponses stratégiques prioritaires pour affronter les difficultés économiques et éviter le surendettement de l'entreprise, cause la plus fréquente de faillites d'entreprise.
Enfin, l'ajout de solutions technologiques telles l'IA appliquée à la finance permet des analyses précises et des décisions en temps réel, apportant une réelle valeur ajoutée à la direction.
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Le DAF est appelé à être un allié stratégique du PDG. Capable d'investir dans le capital humain tout en optimisant les coûts, d'évaluer l'impact économique, de gérer les risques et d'anticiper les imprévus, le rôle du DAF évolue pour guider l'entreprise, et saisir de nouvelles opportunités incluant les nouvelles technologies sur lesquels il peut s'appuyer pour réaliser sa mission.
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