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La crise a effacé 3 années de croissance pour les ETI

Les ETI ont vu leur chiffre d'affaires augmenter de façon constante entre 2016 et 2019, avant que la crise de 2020 ne vienne éclipser cette embellie. C'est ce que relève l'observatoire ATH dans son étude portant sur la santé financière des ETI françaises.

Publié par Florian Langlois le | Mis à jour le
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La crise a effacé 3 années de croissance pour les ETI

Ce n'est pas une surprise, les ETI françaises ont été très fortement marquées par la crise du Covid. L'observatoire ATH a publié une étude concernant l'évolution de leur santé financière entre 2016 et 2020 (voir méthodologie ci-dessous). Le premier constat est qu'après une hausse régulière du chiffre d'affaires des ETI, d'environ 11% sur 3 ans, ce dernier a chuté en 2020 au point d'effacer ces trois années de croissance.

Tous les secteurs d'activités ont été impactés par cette baisse du chiffre d'affaires (CA), de manière plus ou moins forte. Le BTP a été le secteur le plus fortement marqué, avec une baisse de 11% de son CA. L'industrie (-9%), le commerce (-6%) et les services (-5%) ont été plus modérément touchés.

Suivant la même tendance, le niveau d'excédent brut d'exploitation (EBE) a connu une augmentation constante entre 2016 et 2019, passant de 12,9 à 14 millions d'euros de moyenne. Il a par la suite subi une forte chute en 2020 avec une baisse de 12%, le ramenant à un chiffre inférieur à celui de 2016. Logiquement, le taux EBE/CA a également diminué en 5 ans, passant de 6.6% à 6%.

La seule bonne nouvelle concerne l'export, qui s'est maintenu au même niveau qu'avant la crise. 58% des ETI interrogées ont été exportatrices en 2020, soit 1 point de plus qu'en 2019 (dans l'étude, une société est considérée comme exportatrice lorsqu'elle réalise plus de 5% de son CA à l'export). L'année dernière, l'export a représenté 20% du CA pour l'ensemble des ETI, des chiffres similaires à ceux de 2019.

Le résultat d'exploitation en chute libre

L'étude tend également à montrer que, compte tenu de la crise, les sociétés ont constitué un niveau de provision plus élevé que les années passées. Elles sont passées d'environ 4,5% du CA entre 2016 et 2019 à 5.1% pour l'année 2020. Dans le détail, ce sont surtout sur les actifs circulants (stock et créances) qui ont augmenté, +16% en 2020 par rapport à l'année précédente, passant de 1,4 à 1,6 millions d'euros en moyenne.

Une crise qui a également eu un impact très important sur le niveau du résultat d'exploitation des ETI. Ce niveau a chuté de 30% en 2020, passant de quasiment 9 millions d'euros de REX moyen à 6,3 millions après avoir augmenté de manière constante entre 2016 et 2020.

Assez logiquement, le taux du REX comparé au CA global des entreprises a lui aussi chuté, en perdant un point. Il représentait 4,1% du CA en 2019 et a diminué à seulement 3,1% en 2020. Un tiers de cette baisse est liée à une baisse de performance réelle des sociétés, le reste est dû à une politique prudente des entreprises concernant les provisions et à une hausse de ces dernières.

Une nouvelle fois, le secteur du BTP a été le plus touché, avec une baisse du REX de 72%. Suivent l'industrie (-34%) et les services (-33%). Le secteur du commerce présente quant à lui un résultat d'exploitation en très légère diminution, à seulement -5%.

Structure financière maintenue

De manière globale, la structure financière des ETI a été maintenu pendant la crise. Le ratio dettes/fonds propres est resté stable, de 70% en 2016 à 71% en 2020. Les ETI se sont attachées à essayer de maintenir les équilibres financiers pré-crise en augmentant leurs fonds propres à la même vitesse que leur endettement.

En effet, les entreprises interrogées ont beaucoup plus emprunté, en ayant notamment recours de manière beaucoup plus fréquente aux emprunts obligataires (+40% entre 2019 et 2020). Une tendance confirmée par la banque de France qui relève que la part du financement obligataire dans le financement de la dette des ETI est passée de 15% avant la crise de 2008 à 32% en 2019.

Les ETI ont aussi pu compter sur la présence de leurs actionnaires durant la crise. Tout d'abord au niveau de l'augmentation de leurs fonds propres, qui ont augmenté de plus de 3,5 millions pour les entreprises interrogées, allant de 42,8 en 2019 à 46,4 millions en moyenne en 2020. Les réserves des entreprises ont-elles aussi augmenté, de 4 millions d'euros, soit deux fois plus que les années précédentes. Cela s'explique par la prise de dividende bien moindre comparé aux années passées, de manière à renforcer les fonds propres.

Enfin, en ce qui concerne le PGE, 56% des ETI avaient sollicité un PGE en avril 2021 selon BPI France. Pourtant, une grande majorité (68%) ne l'ont pas consommé ou très peu, 30% envisagent de le rembourser en 2021 et 44% comptent l'amortir sur plusieurs années.

Méthodologie :

Cette étude a été auprès de 2800 ETI françaises du secteur marchand. Les entreprises de service bancaire et financiers, les assurances et holding ne sont pas concernées.

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