« Le DAF ne doit pas être trop premier de la classe » : Grégoire Chevignard
DAF du groupe ERIS, Grégoire Chevignard revient sur la préparation d'un second tour de table dans un contexte de marché difficile. Il insiste sur l'importance du réalisme, de la confiance et de la diffusion d'une culture de la donnée au sein de l'entreprise.

Le ton est direct, parfois amusé, mais toujours précis. « J'ai dû aller demander à nos concurrents comment ils faisaient pour vendre. Parce qu'à force de vouloir être trop bon élève, on en oublie de faire simple. » Grégoire Chevignard, DAF du groupe ERIS, ne mâche pas ses mots. Intervenant lors d'une table ronde consacrée aux financements dans un environnement contraint, qui se tenait le 12 juin au Parc des Princes, il revient sur la structuration d'un second LBO pour soutenir l'ambition européenne de son entreprise.
Réalisme d'abord, toujours
« On a présenté une stratégie à 5 axes, en disant clairement que deux échoueraient sans doute. Mais que les trois autres porteraient la croissance. » Ce type de discours, loin des projections linéaires trop optimistes, permet selon lui d'établir une relation plus honnête avec les investisseurs. Car à l'heure où les marchés se crispent, seule la lucidité inspire confiance. « Il faut assumer une croissance moindre que par le passé et démontrer pourquoi on continue à surperformer. »
Autre principe fondamental : créer la confiance, en évitant l'excès de sophistication. « Quand un DAF produit des analyses trop avancées, trop précises pour la taille de sa boîte, il donne le sentiment qu'il vit dans Excel, pas dans le business. » L'enjeu est de rester à hauteur d'entreprise, tout en laissant entendre qu'on est capable de grandir avec elle. « Il faut parler un langage compréhensible et montrer qu'on sera encore pertinent dans trois ans. »
Chez ERIS, la direction financière ne se contente pas de produire les chiffres. Elle transforme la culture interne. « L'objectif, c'est de sortir du management par la discussion ou l'intuition. On veut ancrer une culture du pilotage par la donnée. » Cela passe par une meilleure exposition des indicateurs, une simplification des messages et une réponse concrète aux irritants du quotidien.
Fonction stratégique
Grégoire Chevignard l'affirme : « La compta, c'était une verrue, un mal nécessaire. Aujourd'hui, la fonction finance doit se réinventer. » En diffusant des indicateurs utiles à l'action, en accompagnant les métiers dans leur pilotage, le DAF devient un vecteur d'alignement stratégique.
Et surtout, il refuse la posture défensive : « Il ne s'agit pas de répondre à toutes les demandes du fonds. Il faut aussi poser des questions : que peut faire notre partenaire financier demain ? Comment rester aligné avec lui dans le temps ? » Autrement dit : penser le financement comme une relation vivante, pas comme une obligation contractuelle figée.
Sur le même thème
Voir tous les articles Financements & Innovations