Management : êtes-vous plutôt gorille ou lion ?
Il y a beaucoup à apprendre des animaux. Même en matière de management : conservatrice au zoo de Taronga à Sydney, Erna Walraven a tiré de son observation des animaux sauvages un livre sur le leadership. Ou comment être un bon chef en s'inspirant du gorille, du lion et même de la hyène.
L'observation des animaux sauvage est passionnante à bien des égards. Mais saviez-vous que vous pouviez également en tirer des leçons managériales ? A travers son ouvrage C'est qui le chef - Ce que nous enseignent les animaux sauvages sur le leadership, la conservatrice du zoo de Taronga à Sydney, Erna Walraven, nous livre différents modèles de management d'entreprise, tirés de la nature. Inspirant.
Management autoritaire, comme le gorille
Au sein des clans de gorilles, le chef prend les décisions seul. C'est lui qui dit quand se déplacer, se nourrir, se reposer ; il ne demande pas conseil aux autres membres du groupe. Il est autoritaire mais également protecteur : responsable de la sécurité et du bien-être du groupe, il sait mettre tout le monde à l'abri en cas de danger et résoudre les conflits.
Si la façon de diriger autoritaire du gorille peut s'apparenter à un style dictatorial et créer du mécontentement parmi les employés, elle peut cependant s'avérer utile pour prendre des décisions rapidement dans des moments critiques. "Ce style de leadership peut être efficace quand on n'a pas le temps de discuter et qu'il faut réagir vite à une situation d'urgence", analyse Erna Walraven.
Management adaptatif, comme la hyène
Chez les hyènes tachetées, le leadership s'est adapté progressivement au fil des années, afin de garantir une plus forte survie aux petits. Désormais, ce sont les femelles les plus âgées qui dominent car elles ont une meilleure connaissance du terrain. Mais elles bénéficient de l'aide de leurs subordonnées et le clan n'a pas de chef absolu pour prendre des décisions.
Cette approche adaptative du leadership est intéressante lorsque les anciennes méthodes ne fonctionnent plus et que les équipes stagnent. "Le changement peut être lent, mais la recherche régulière d'une autre voie peut permettre de progresser", estime Erna Walraven. S'inspirer des hyènes permet de garder en tête qu'une autre voie est possible en cas d'échec, que la flexibilité peut permettre de résoudre des problèmes.
Management libéral, comme le lion
Le lion d'Afrique est un chef libéral, au sens où sa domination ne s'exerce pas de manière ostentatoire : son attitude est en effet très décontractée. C'est essentiellement une équipe de lionnes, autogérée, qui s'acquitte du travail de chasse pour nourrir la meute ; le mâle dominant se contente de fixer les objectifs de la mission, de faire des petits mais aussi de protéger le groupe.
Appelé également leadership "délégatif", le style du lion fonctionne bien au sein d'une équipe d'experts. "L'équipe doit avoir les aptitudes et la capacité à travailler de façon autonome et d'accomplir sa mission avec très peu d'instructions", met en garde Erna Walraven. Impossible, donc, à mettre en place auprès de jeunes inexpérimentés. Par ailleurs, même s'il est en retrait, le chef doit être présent pour fournir tous les outils nécessaires, donner son opinion et apporter son aide si besoin.
Management démocratique, comme le buffle
Au sein de certaines espèces, comme les buffles d'Afrique, mais aussi les cerfs communs, les pigeons, les abeilles et les babouins, des principes démocratiques ont été observés, notamment en termes de prise de décision. Il existe bien un chef mais celui-ci ne prend pas toutes les décisions : elles sont soumises à un vote auprès des subordonnés. Les déplacements, par exemple, sont décidés démocratiquement : chez les buffles d'Afrique par exemple, les femelles adultes expriment leur choix en se levant et en fixant du regard une direction avant de se recoucher, afin d'indiquer où elles préfèrent aller.
Ce leadership démocratique, présent chez bon nombre d'animaux, permet de favoriser le consensus en offrant à chaque membre la possibilité de faire part de ses idées librement ; les gens se sentent appréciés pour leur expertise et des solutions plus créatives peuvent émerger. "Pour qu'il fonctionne bien, l'équipe doit avoir des membres compétents ayant réellement quelque chose de précieux à partager [...] et il faut prévoir du temps dans le cadre des projets pour le processus de consultation", rapporte Erna Walraven.
Management paternaliste/maternaliste, comme l'éléphant
Les troupeaux d'éléphants sont des sociétés matriarcales : ce sont les femelles les plus âgées qui dirigent le groupe, se servant de leur expérience pour le guider vers l'eau et la nourriture et le protéger des prédateurs. Ces matriarches ne sont pas des leaders autoproclamés mais sont choisies par leur famille, qui les respecte.
Chez les humains, les chefs maternalistes (ou paternalistes) donnent à leurs employés des conseils basés sur leur expérience. Par ailleurs, ils se soucient d'eux et veillent à leur bien-être et à leur réussite. Les employés ainsi dirigés se sentent écoutés et valorisés. "Le style maternaliste/paternaliste est désormais souvent considéré comme démodé, notamment parce qu'il peut facilement virer au style dictatorial. Malgré tout, il peut parfois être utilisé dans certaines circonstances et avec des personnes qui ont davantage besoin de conseils et de soutien", avance Erna Walraven.
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Management politique, comme le chimpanzé
Chez les chimpanzés, le chef a une position précaire : plusieurs mâles se disputent en effet le rôle de leader. Pour conquérir et conserver le pouvoir, les chimpanzés mâles utilisent trois stratégies : la violence et l'intimidation, l'intelligence et enfin les alliances politiques. Le système d'alliances est en effet très marqué : les chimpanzés veillent à ménager les susceptibilités de chacun pour s'assurer du soutien des autres chimpanzés... tout en veillant à ce qu'ils ne se rapprochent pas trop pour organiser un éventuel coup d'État.
On peut retenir de ce système de leadership l'importance de former des alliances bénéfiques sur son lieu de travail.
Management égalitaire, comme le bonobo
Au sein des sociétés de bonobos, ce sont les femelles les plus âgées qui dirigent. Mais elles ne monopolisent pas pour autant la nourriture et la partage avec tous ; elles permettent par ailleurs aux autres de participer aux décisions.
Le principe du leadership égalitaire est l'égalité pour tous. "Le chef égalitaire implique l'équipe dans les décisions relatives aux nouvelles orientations et rallie le consensus", décrit Erna Walraven. Sous ce style de leadership, les gens sont encouragés à proposer leurs idées et sont rémunérés équitablement. Les dirigeants n'affichent quant à eux pas ouvertement leur pouvoir, apprécient les contributions de leurs subordonnés même si ce sont eux qui ont le dernier mot.
Ce style permet d'allier entreprise et éthique. Petite mise en garde cependant : "Le consensus et la planification prennent du temps et le chef doit être patient. Ce style peut ne pas convenir à un chef ou à une équipe qui ont besoin de résultats immédiats".
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