Femmes administrateurs : il reste du chemin à parcourir
Les femmes sont de mieux en mieux représentées dans le monde de la finance, mais demeurent peu nombreuses dans les organes de gouvernance des entreprises. Un sujet qui a été abordé lors d'une table ronde à l'occasion du 3ème Congrès des Daf.
Adoptée en 2011, la loi Copé-Zimmermann pose une obligation de respecter un quota minimum de membres de chaque sexe afin d'assurer une représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d'administration et des conseils de surveillance des entreprises. La loi fixe pour objectif un quota de 40% de femmes à l'horizon 2017, avec une première étape à 20% en 2014. Une obligation qui s'applique aux sociétés cotées ainsi qu'à celles qui emploient un nombre moyen d'au moins 500 salariés permanents et présentent un chiffre d'affaires d'au moins 50 millions d'euros.
Instance de gouvernance
Mais si la proportion de femmes aux conseils d'administration a augmenté ces dernières années, l'objectif de 40% est encore loin. Le sujet a été évoqué lors d'une table ronde lors du 3ème Congrès des Daf, le 1er juillet dernier. " En 2007, il y avait 6% de femmes aux conseils d'administration des sociétés du CAC 40. Ce chiffre est monté en 2011 à 8% puis à 22% en 2012, un an après la loi. Aujourd'hui, il est de 28% ", a rappelé Agnès Bricard, présidente de la Fédération des Femmes Administrateurs. " La loi Copé-Zimmermann permet de contraindre, mais tout l'enjeu consiste ensuite pour les femmes à savoir convaincre de la pertinence de leur candidature au poste d'administrateur. A ce titre, notre Fédération a souhaité être le " service après-vente " de la loi en orientant les femmes qui cherchent des mandats d'administrateurs vers les associations qui leur permettent de se faire aider dans leurs démarches ", a-t-elle ajouté.
Parmi celles-ci, l'Association Vox Femina, l'Association Administration Moderne, ou encore l'Association des Femmes diplômées d'expertise comptables. Autre solution pour gagner en visibilité et en compétences : l'inscription à une formation spécifique, comme le programme Women Be European Board Ready dispensé par l'Essec. " Un conseil d'administration est aujourd'hui un espace de dialogue et de débat, autrement dit une véritable instance de gouvernance. Les femmes apportent des compétences diverses à un poste d'administrateur, parce qu'elles sont souvent dans des fonctions opérationnelles différentes des hommes et ont des chemins de carrières différents, mais aussi un regard, une dynamique, un recul par rapport à son entreprise et son fonctionnement ", a fait valoir Viviane de Beaufort, fondatrice de ce programme. " Un administrateur indépendant est quelqu'un qui a la capacité d'interpeler le dirigeant, de poser les questions qui font qu'on peut remettre sur la table un certain nombre de décisions ", a-t-elle ajouté. Marie Atallah, Daf de Kobojo, est diplômée du programme Women Be European Board Ready. " Ce type de formation allie des aspects portant sur la gouvernance, des aspects comportementaux, mais également juridiques et un apprentissage des réseaux, la façon de se faire connaître ", explique-t-elle.
Pour Anne Navez, fondatrice et présidente du site Votre Administrateur, réseau dédié à la gouvernance d'entreprise, " ce que recherche l'entreprise chez un administrateur, c'est avant tout la compétence. Une femme qui cherche un mandat doit à mon sens d'abord se positionner sur l'aspect compétence plutôt que sur l'aspect genre ". Elle a également énuméré quelques règles fondamentales pour les femmes cherchant à décrocher un mandat d'administrateur : " être visible, être présente sur les réseaux sociaux, se faire connaître ".
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