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Que peuvent attendre de la Commission européenne les ETI françaises?

En attendant le détail du plan Juncker, la première table-ronde de la 7ème Conférence annuelle des entrepreneurs était consacrée aux relations ETI/Europe avec des représentants de l'ASMEP-ETI, de la Banque européenne d'investissement, d'EY France et de dirigeants d'ETI.

Publié par Florence Leandri le | Mis à jour le
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Que peuvent attendre de la Commission européenne les ETI françaises?

Conférence d'ouverture de la Global entrepreneurship week, la 7eme conférence annuelle des entrepreneurs proposait comme première table-ronde un échange sur les relations ETI et Europe. Le tout entre l'annonce du plan Juncker en juillet 2015 et son détail attendu d'ici la fin de l'année.

"Une aventure entrepreneuriale qui a réussi sur la durée, une aventure humaine marquée par la proximité managériale, un ancrage territorial lié à une histoire industrielle, une aventure internationale ou au moins européenne, et de l'agilité" , voici la carte d'identité de l'ETI selon Élisabeth Ducottet, particulièrement autorisée à donner cette définition, de par sa qualité de présidente de Thuasne et de l'ASMEP-ETI.

Que peut l'Europe pour les ETI...françaises?

Le plan Juncker qui prévoit d'injecter 300 milliards d'euros au service de la relance _ étant précisé que ce n'est pas la seule UE qui injectera cette somme laquelle comptabilise aussi les investissements privés entraînés par ce plan (!)_ devrait être dévoilé avant le Conseil européen du 19 décembre 2014. Mais l'avenir des ETI en Europe ne se limite pas à cela. En premier lieu, si "le financement direct des ETI par l'Europe marche globalement, cela n'est pas le cas en France" déplore Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la Banque européenne d'investissement, pour qui il convient de trouver "une solution, un moyen de faire savoir que l'Europe peut financer les ETI françaises". Lesquelles déjà noyées dans toutes les lourdeurs françaises pour décrocher les aides nationales, n'ont peut-être plus la force de solliciter l'échelon au dessus?

En second lieu, et à l'unanimité des participants de la table-ronde, créer de la concertation et une stratégie européenne en matière économique! C'est Guillaume Richard, président d'O2, entreprise de services à la personne, qualifiée de premier créateur d'emplois en France en 2013, qui s'est fait le porte-parole de tous sur cette question: "le secteur des services à la personne est identifié comme le plus porteur; pour autant il n'y a sur cette activité aucune réflexion, aucune concertation...". Un reproche qu'il a ensuite étendu, sans surprise, à la fiscalité, au social, à la monnaie... pour déplorer cette hétérogénéité à toutes les étages: "dès lors, il est quasiment impossible de faire de la duplication d'un business d'un pays à l'autre, ce qui ralentit le développement d'entreprises en Europe". Et si Sabine Rohlff, director corporate de Brita group, a déploré elle aussi cette "diversité pénalisante", elle a surtout pointé "l'absence d'un réseau d'ETI européennes".


Et ce que peuvent les ETI pour la compétitivité européenne


Rejoignant Sabine Rohlff sur cette absence de réseau, Élisabeth Ducottet a profité de cette édition 2014 de la Conférence annuelle des entrepreneurs, pour annoncer que toutes deux avaient décidé d'initier en 2015 une réunion de 20 ETI françaises et allemandes pour créer un jeu collectif européen: "la première étape sera de définir les modalités requises pour arriver à créer la dynamique ETI européennes".

Pour Philippe Fontaine Vive, un tel réseau mobiliserait l'investissement privé, permettrait de tirer les entreprises plus petites par des exemples marquants (toujours plus parlants) et serait une bonne fondation pour oeuvrer à une nouvelle organisation des banques européennes par pôles de compétences au service de pôles de compétitivité des ETI.

Et coté innovation?


Bien sûr, "il faut créer au sein de entreprises des business models européens mais en l'absence de brevet européen (espéré longtemps et désormais attendu, NDLR) et d'une vraie coordination des instituts de recherche, c'est très difficile" a relevé Elisabeth Ducottet. Et coté financement de l'innovation, Guillaume Richard (qui a choisi d'oeuvrer avec un family office) a pointé la question de la rémunération des gérants de fonds d'investissements, une rémunération à court terme, qui ne répond pas aux besoins de l'innovation qui requiert du temps et beaucoup de cash.

Appelée à la fin de la table ronde pour la note conclusive, Sophie Pedder, chef du bureau The Economist à Paris, a expliqué que le nouveau leitmotiv au Royaume-Uni était: "scale up more than start up", ce qui prouve la convergence entre ce pays et la France quand à la nécessité de booster les entreprises de taille intermédiaire. Et de pointer toutefois une grande différence: l'agilité du système politique anglais en matière économique, sa réactivité versus le fonctionnement français où, dès lors, les ETI nationales sont coincées entre "les freins français et les manques européens".



Entendu aussi

Grégoire Sentilhes, président de Citizen entrepreneurs et de NextSage,société de gestion, dressait la liste des pistes favorables au développement des ETI:
-l'économie drivée par la valeur de l'émotion, la marque et l'expérience client, à l'instar de GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon).
-l'economy on demand comprendre celle qui ne transfert plus la propriété au client mais l'usage;
- l'internet industriel qui représentera 40 milliards de CA en 2015;
- croissance verte et durable;
- les tendances démographiques majeures: le vieillissement de certains pays versus la montée des jeunes dans les pays en fort développement et l'urbanisation


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