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Défaillances d'entreprise : un ralentissement toujours en zone critique

Alors que les experts espéraient un recul des défaillances au deuxième semestre 2025, la réalité s'avère plus sombre. Les prévisions du BPCE L'Observatoire font état de 68 400 défauts d'entreprise recensés à la fin août (sur un an), dépassant ainsi le seuil critique des 68 000. Les économistes tablent désormais sur un niveau record à 69 000 défaillances d'ici fin 2025...

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Défaillances d'entreprise : un ralentissement toujours en zone critique
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Une accalmie attendue, mais qui n'aura pas lieu pour les défaillances d'entreprise ? C'est le scénario assez pessimiste qui ressort de l'analyse des économistes de l'observatoire de la BPCE dans leur une dernière étude publiée ce mardi 23 septembre sur le niveau de défaillances des entreprises à la fin août.

Une situation préoccupante

Malgré un ralentissement du rythme de progression (+3 % sur les huit premiers mois de l'année contre +21 % à la même période en 2024), le nombre de faillites reste préoccupant. D'ici la fin 2025, les experts-statisticiens de l'observatoire avancent le chiffre de 69 000 défaillances (+ 3% versus 2024), soit 1 000 de plus qu'annoncé en janvier dernier.

Ces défaillances concernent en particulier les entreprises entre 3 et 10 ans d'existence, pour 52 % des cas, détaille l'étude. Pour les PME et ETI, cette ancienneté est plus importante, puisque 41 % des structures en difficulté ont 16 ans ou plus. La progression des défaillances est d'autant plus marquée que la taille des entreprises augmente, précise l'Observatoire. Sur la dernière décennie, elles ont augmenté de +50 % pour les PME et de +94 % pour les ETI.

Des secteurs fragilisés en première ligne

Les conséquences sociales s'annoncent lourdes avec près de 245 000 emplois menacés cette année par une procédure collective, même si ce chiffre recule de 8 % par rapport à 2024. Deux secteurs concentrent particulièrement les difficultés, avec près d'un quart des postes en danger : le transport et la construction, déjà fortement fragilisés par la conjoncture.

Selon José Bardaji, directeur des études et de la prospective du groupe BPCE, la dynamique économique demeure fragile. « La demande fléchit, le ralentissement de l'activité pèse sur les marges alors que les salaires continuent d'augmenter », indique-t-il Le remboursement des prêts garantis par l'État (PGE) contractés durant la crise sanitaire constitue un autre facteur de tension.

PME et ETI en difficulté croissante

Le signal le plus inquiétant reste la montée des défaillances parmi les PME et ETI. Entre 2019 et 2025, le taux de défaut est passé de 1,5 % à 2,3 % pour les PME, et de 0,9 % à 1,4 % pour les ETI. Les effets de la pandémie se conjuguent désormais avec des conditions financières tendues, en particulier les taux d'intérêt élevés, grevant les comptes d'exploitation de ces entreprises.

Des impacts sur l'emploi

Le nombre d'emplois menacés par les défaillances d'entreprise en France est désormais orienté à la baisse. En août 2025, ce sont 253 000 postes exposés, soit un recul de 9 % par rapport à août 2024. Malgré ce léger repli, le niveau demeure élevé. Sur les trois dernières années, le surplus d'emplois menacés par rapport à l'année 2019 est plus de deux fois supérieur (+137 %) à la diminution observée sur la période 2020-2022.

La vulnérabilité varie selon la taille des entreprises : sur dix ans, le volume d'emplois concernés s'est accru de 32 %. Pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI), cette progression atteint 64 %, contre 11 % pour les très petites entreprises.

Un paysage entrepreneurial transformé

Le tableau doit toutefois être nuancé. La France comptait 5,9 millions d'entreprises en 2024, contre 3,9 millions dix ans plus tôt grâce au dynamisme de la création d'activité. En proportion, seules 1,1 % des entreprises actives ont fait défaut cette année, un niveau comparable à celui observé en 2019, avant la crise du Covid-19.

Reste que l'incertitude domine. L'observatoire rappelle le contexte économique et politique qui est encore trop instable pour tracer des perspectives claires en 2026.

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