Trésoreries des ETI et grandes entreprises : des tensions persistantes mais pas majeures
La dernière enquête AFTE, METI et Rexecode publiée en juillet met en avant l'impact des tensions commerciales sur la trésorerie et des incertitudes de la situation politique. Détails.

En juillet, la trésorerie d'exploitation des grandes entreprises et des ETI retrouve des couleurs marquée par une légère amélioration, mais reste dégradée. En effet, 25 % des entreprises jugent leur trésorerie difficile, contre une moyenne de 16 % en temps normal. Cette situation reflète des tensions persistantes liées à des résultats d'exploitation peu porteurs. Cependant, la trésorerie globale rebondit nettement, bien qu'en tendance elle reste proche de sa moyenne de long terme. Cette amélioration est à nuancer, car elle fait suite à une forte dégradation observée le mois précédent.
Impact du contexte politique
Dans le détail, une large majorité d'ETI et grandes entreprises estime que l'incertitude liée au contexte politique actuel en France impactera leur trésorerie (86 %), leurs conditions de financement (65 %), leurs projets d'investissement (71 %) et leurs projets d'embauche (76 %). Seules 16 % des entreprises craignent un effet fort sur les investissements. Des réponses recueillies avant les annonces budgétaires du 15 juillet par le gouvernement Bayrou, l'enquête de septembre sera plus déterminante sur ce sujet national.
À noter, environ un quart à un tiers des ETI et grandes entreprises ne prévoient aucun impact sur les différentes dimensions, à l'exception de la trésorerie, où seulement 14 % estiment que l'incertitude n'aura aucun effet, soulignant ainsi les tensions persistantes.
Gestion de la trésorerie
En juillet, le solde d'opinions sur la trésorerie globale des grandes entreprises et des ETI rebondit nettement (+33 points), compensant la forte dégradation observée le mois précédent. 82 % des trésoriers ont observé une évolution de leur trésorerie en accord avec leurs prévisions, marquant une augmentation de 8 points par rapport à juin. Cette tendance confirme l'atténuation du choc négatif constaté le mois précédent, avec une réduction des surprises défavorables. Cependant, les revenus d'exploitation continuent d'être le principal facteur de mauvaise surprise concernant la trésorerie.
En effet, les trésoriers d'entreprise ont globalement conservé leur stratégie d'allocation des ressources. Ils ont principalement privilégié les comptes rémunérés pour le placement de leur trésorerie, représentant 36 % des choix. Les dépôts à vue ont également été largement utilisés, avec une part de 33 %, ce qui témoigne d'un climat d'incertitude persistant. Par ailleurs, 16 % des trésoriers ont dirigé leurs liquidités vers des placements en OPCVM, une proportion significative dans un contexte de sous-performance des actions cotées.
Délais de paiement des clients
Le solde d'opinions concernant les délais de paiement des clients a légèrement reculé, marquant une baisse de 3 points, mais il demeure à un niveau particulièrement élevé, proche des sommets atteints en dehors de la période Covid. Cette tendance semble indiquer une détérioration de la situation financière de certaines entreprises. Par ailleurs, 29 % des trésoriers ont signalé une augmentation récente des délais de paiement de leurs clients, un chiffre nettement supérieur à la moyenne historique de 19 %.
Délais de paiement des fournisseurs
Côté fournisseurs, un allongement des délais de règlement arrive désormais bien au-delà de leur moyenne de long terme. Le solde commercial - écart entre délais clients et fournisseurs - s'améliore, mais essentiellement en raison de cet allongement côté fournisseurs, ce qui reflète des tensions persistantes sur les disponibilités de trésorerie des ETI et grandes entreprises.
Influence du prix des matières premières
Pour les grandes entreprises et ETI dont la trésorerie est impactée par les prix des matières premières, 50 % indiquent un impact négatif, en nette hausse. À l'inverse, seules 19 % constatent un effet positif, en recul par rapport à juin. Une dégradation due à la volatilité récente des cours et à la hausse des prix de certaines matières premières (terres rares, cuivre, étain, bois, métaux précieux).
Influence du taux de change euro-dollar
La proportion de trésoriers considérant que le taux de change euro/dollar a un impact positif sur la trésorerie a de nouveau diminué, atteignant 37 %. Cette baisse survient dans un contexte de dépréciation du dollar, après une période de stabilité désormais jugée moins favorable. Début juillet, l'euro a dépassé le seuil de 1,18 dollar, un niveau inédit depuis octobre 2021. Ce renforcement de l'euro reflète un affaiblissement du dollar, fragilisé par les incertitudes liées à la politique commerciale des États-Unis. Les récentes déclarations de Donald Trump concernant de potentielles surtaxes douanières ont accru ces tensions et pesé sur la devise américaine.
Financement bancaire
Une majorité des trésoriers de grandes entreprises et d'ETI (83 %) ont eu recours au financement bancaire pour leur trésorerie, tandis que 17 % ont préféré un financement de marché. Les taux d'intérêt sont globalement perçus comme stables, avec une légère tendance à la hausse. Parmi les entreprises ayant choisi le financement bancaire, 26 % estiment que l'accès à ce type de financement est plus facile que d'habitude, 60 % le considèrent comme normal, et 13 % le jugent difficile. Dans l'ensemble, l'accès au crédit bancaire semble s'être légèrement amélioré.
Méthodologie
L'enquête présente les résultats de la dernière enquête de trésorerie auprès des ETI et grandes entreprises réalisée entre le 2 et le 10 juin 2025. Un peu plus de 1200 trésoriers ont été interrogés, 99 d'entre eux nous ont transmis leurs réponses.
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