Allongement des délais de paiement : comment protéger nos entreprises !
Dans cette tribune exclusive, Emmanuel MILLARD, secrétaire général Groupe ENDRIX, président national sortant de la DFCG et Président de l'International CFO Alliance (ICFOA) revient sur le sujet d'actualité de la rentrée : les retards de paiement à rallonge et ses effets collatéraux sur les finances des entreprises.

Les délais de paiement des TPE et PME en France ont continué de se dégrader en 2024 et 2025, aggravant leurs tensions de trésorerie et menaçant leur survie. Cette situation est le résultat d'un contexte économique incertain, qui pousse de nombreuses entreprises à rallonger les délais de règlement pour préserver leur liquidité. Le secteur public, en particulier, porte une responsabilité importante dans cette dégradation. En 2026, l'entrée en vigueur progressive de la facturation électronique pourrait améliorer la situation, mais un effort d'adaptation est nécessaire pour en tirer les bénéfices.
Une dégradation alarmante en 2024-2025
En 2024 et 2025, les retards de paiement en France ont atteint un nouveau palier. Selon des analyses d'experts, le retard moyen a atteint 19 jours au deuxième trimestre 2025, un niveau qui efface la brève amélioration du début de l'année. Cette dégradation s'inscrit dans un contexte macroéconomique difficile , marqué par le ralentissement de la croissance - la faible croissance du PIB en 2024 ayant eu des répercussions directes sur la trésorerie des entreprises en 2025 -, des tensions de liquidité, avec un accès au crédit qui se durcit et des coûts de financement qui augmentent, incitant les entreprises à préserver leur cash en allongeant les délais de paiement de leurs fournisseurs, un poids du secteur public, notamment dans le domaine de la santé, qui continue de payer avec des délais significatifs, pénalisant directement les TPE et PME, ....
Les conséquences sur les entreprises sont dévastatrices. En effet, les retards de paiement ne sont pas qu'un simple désagrément administratif. Ils sont la principale cause de défaillance des TPE et PME, avec des conséquences lourdes : difficultés de trésorerie, empêchant les entreprises de couvrir leurs propres charges courantes, augmentation des coûts de financement, liés au recours à des solutions onéreuses comme le découvert bancaire ou l'affacturage, perte de compétitivité, les fonds bloqués chez les clients ne pouvant pas être investis dans la croissance, la recherche et le développement notamment....
Face aux retards de paiement, les TPE et PME ne sont pas démunies. Elles peuvent mettre en oeuvre des stratégies proactives pour mieux gérer leur trésorerie, à travers la prévention des difficultés, une politique de crédit claire, en mentionnant les conditions de paiement sur les devis et les factures, des relances systématiques et automatisées pour ne laisser passer aucun retard.
Elles peuvent aussi rechercher des solutions financières comme l'affacturage, consistant à céder ses factures à une société spécialisée pour obtenir un paiement immédiat, garantissant la liquidité et transférant le risque d'impayé, l'escompte, permettant de proposer une réduction au client en échange d'un paiement anticipé, ou encore le recours légal et la médiation des entreprises permettant de trouver une solution amiable, l'application des pénalités de retard comme le permet la loi, . ..
Perspectives 2026 : l'espoir de la facturation électronique
L'année 2026 marque un tournant majeur avec l'entrée en vigueur de la facturation électronique obligatoire. À partir du 1er septembre 2026, les grandes entreprises et les ETI devront être en mesure de recevoir des factures électroniques, une obligation qui s'étendra aux PME et micro-entreprises en 2027. Cette réforme, bien que techniquement exigeante, a pour but de lutter contre la fraude à la TVA, de simplifier la gestion des factures et réduire les délais de traitement et d'améliorer la compétitivité des entreprises en fluidifiant les transactions. Si cette réforme est une opportunité, elle nécessite aussi une période d'adaptation pour les entreprises, qui devront s'équiper de logiciels adaptés.
Bref, il est clair maintenant que la lutte contre les retards de paiement reste un défi permanent. C'est en combinant une gestion rigoureuse, l'adoption de technologies et le recours aux outils financiers et juridiques que les entreprises pourront sécuriser leur trésorerie et concentrer leur énergie sur leur croissance. Mais tout cela demande des efforts, du temps et des compétences spécifiques !
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