Les réserves de cash, un facteur déterminant en phase de reprise
Négocier des délais de paiement fournisseur tout en raccourcissant au maximum les délais de paiement de ses clients, établir régulièrement un plan de trésorerie prévisionnel, avoir une personne en charge des liquidités... Pour gérer au mieux ses flux de trésorerie en phase de redémarrage de l'activité, quelques bonnes pratiques s'imposent.
Avec la fin du "quoi qu'il en coute", les PME et les ETI vont devoir gérer leur trésorerie au plus serré pour faire face au remboursement des Prêts garantis par l'Etat et des aides publiques. C'est justement ce besoin accru de pilotage et de gestion du cash dans les entreprises de taille moyenne, souvent sous équipées, qui inquiète Stéphane Nénez, Associé co-leader du Pôle Transformation Finance, en charge des Cash Services au sein du cabinet Eight Advisory, spécialisé en conseil financier et opérationnel. « Si nous percevons quelques progrès, la fonction trésorerie n'est pas encore assez développée en France dans les ETI et les PME surtout. Beaucoup de moyennes et grandes entreprises n'ont encore pas de système de gestion, ni de personne en charge de la trésorerie, alors qu'elles vont devoir également assurer le financement de leur redémarrage et rembourser leurs charges sociales et leur PGE », s'inquiète Stéphane Nénez. Une situation nouvelle qui va obliger les directions financières à se doter d'outils afin de s'assurer une visibilité à court, moyen et long terme sur leur niveau de trésorerie. « Beaucoup de sociétés sont aujourd'hui "cash rich". Si on enlève toutes les aides qu'elles vont devoir rembourser, la trésorerie va fondre comme neige au soleil », ajoute-t-il.
Avoir des prévisions hebdomadaires
La trésorerie, abondante aujourd'hui, va donc devenir ces prochaines semaines beaucoup plus tendue. Pour s'en sortir, les PME et les ETI doivent se structurer et identifier - en interne ou en externe - une personne en charge de la trésorerie, capable d'anticiper ce qui va se passer demain. « En même temps, les entreprises doivent gérer efficacement leur BFR en optimisant les délais de paiement des fournisseurs et réduire leurs délais clients », assure Stéphane Nénez. Elles doivent aussi s'équiper d'un outil dédié et de process adaptés leur permettant de disposer d'une visibilité sur la trésorerie disponible. « Le Cash report, savoir combien j'ai de cash tous les matins, dans quelles devises et dans quelles banques est essentiel », précise Mathieu Cascallana, directeur au sein des Cash Services de Eight Advisory, qui a lancé le 22 novembre l'offre 8A Cash Control pour permettre aux PME et ETI d'avoir des best practices en matière de gestion, de sécurisation et d'optimisation de la gestion de la trésorerie.
En parallèle, les directions financières doivent se doter de prévisions hebdomadaires des flux d'encaissements et de décaissements sur les 13 prochaines semaines. En plus de comprendre la saisonnalité de la trésorerie de l'entreprise, cette prévision permet surtout d'anticiper et de prendre les décisions avant qu'il ne soit trop tard. « Une visibilité sur trois mois apporte beaucoup de confort à une organisation. Ça lui laisse le temps de se retourner et de mettre en place des actions correctives, des solutions de financement à court terme», estime Mathieu Cascallana, directeur au sein des Cash Services de Eight Advisory.
Sécuriser les processus
Au-delà de la visibilité, les directions financières doivent aussi prendre en compte la sécurité qui peut être apportée aux règlements émis vers les tiers. Un process sécurisé avec des worflows de validation, qui ne repose pas uniquement sur une seule personne, peut réduire considérablement le risque de la fraude au président.
Un dernier conseil : la gestion de trésorerie ne doit pas être le sujet du trésorier ou du Daf uniquement. « Cette culture doit être partagée par tous les membres du comité de direction, sinon cela ne fonctionnera pas. Un acheteur et un directeur commercial, d'habitude concentrés sur des notions de chiffre d'affaires et de marge, doivent aussi parler de délais de paiement », assure Stéphane Nénez. En plus d'assurer la pérennité financière de l'entreprise, les Daf doivent aussi animer une "culture cash" au sein de l'organisation.
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