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Les entreprises acceptent plus facilement les retards de paiement

La crise en Ukraine a eu pour conséquence de rallonger la durée des paiements pour les entreprises. Mieux préparées depuis l'épisode Covid, elles ont plus facilement accepté d'augmenter leurs délais de paiement avec des conséquences moindres par rapport aux années précédentes.

Publié par Florian Langlois le - mis à jour à
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Les entreprises acceptent plus facilement les retards de paiement

Avec la guerre en Ukraine, la flambée des prix du à l'inflation et les perturbations sur la supply chain, l'euphorie du rebond de début d'année a très vite laissé la place au pessimisme au sein des entreprises. Si bien que plus de 70% des sociétés françaises ne prévoient ainsi plus de croissance pour la fin d'année 2022, selon une étude réalisée par le cabinet de recouvrement ARC (étude réalisée auprès de 202 entreprises de 50 salariés et plus, interrogées entre le 19 mai et le 8 juin 2022). Pire encore, 21% des entreprises interrogées anticipent un recul de leur croissance sur la même période.

Dans ce contexte compliqué, il est possible d'observer un rallongement de la durée des paiements pour les entreprises. Ainsi, en ce début d'année 2022, l'écart entre les délais de paiement contractuels et effectifs a augmenté à 17 jours (contre 11 jours en 2021) selon une autre étude réalisée par Intrum, société spécialisée dans le credit management, auprès de 600 entreprises françaises et plus de 11 000 entreprises en Europe entre janvier et avril 2022. Ces entreprises sont de plus en plus habituées à ces retards de paiement depuis le début de la crise Covid et les acceptent également de plus en plus. Ainsi, toujours selon l'étude d'Intrum, 83% des entreprises françaises ont accepté d'allonger leurs délais de paiement en 2022. De plus, plus d'1 entreprise française sur 2 (56%) déclarent avoir accepté, l'année dernière des délais de paiement plus longs pour éviter les risques de faillites (contre 39% en 2021).

Des conséquences plus faibles

Accepter de rallonger ses durées de paiement, c'est aussi s'assurer de pérenniser ses relations avec ses fournisseurs, une idée avancée par plus de trois quarts (77%) des répondants. L'allongement de ces délais de paiement impacte à la fois clients et fournisseurs et soulève de vraies problématiques pour les entreprises, qui n'ont, pour 58% d'entre elles, pas la capacité en interne de pallier cette difficulté.

Les retards de paiement ont également eu des conséquences moins importantes sur la trésorerie des entreprises en 2022. En effet, les pertes liées aux retards de paiement ont diminué de 37% pour les entreprises cette année. Cela peut s'expliquer par le fait que les entreprises étaient globalement mieux préparées. 61% des répondants ont ainsi affirmé que la crise Covid les avait aidés à mieux gérer ces risques liés à la gestion des retards de paiement, que ce soit en termes de revenus, d'efficacité et de capacité à anticiper les perturbations.

« Les principales victimes seront les PME »

En parallèle, l'étude d'ARC montre que 75% des entreprises interrogées pensent que les délais de paiement risquent de devenir une variable d'ajustement afin de pallier les problématiques de trésorerie des entreprises. En effet, pour plus de 7 entreprises sur 10, c'est via l'allongement des délais de paiement de leurs fournisseurs qu'elles compenseront leurs besoins en trésorerie (la deuxième pratique la plus évoquée étant le découvert bancaire). « Aujourd'hui, dans un contexte de disparition du "quoi qu'il en coûte", de reprise des contrôles Urssaf, de remboursement des PGE, de frilosité potentielle des banques, les entreprises craignent une augmentation des dépôts de bilan de leurs clients et des retards de paiements. Ces dernières vont tout faire pour sécuriser le cash en réclamant le règlement de leurs factures clients et en retardant, en parallèle, celui de leurs fournisseurs. Les principales victimes de ce phénomène seront les petites et moyennes entreprises, » détaille Denis Le Bossé, président du cabinet ARC.

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