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Quid du financement des entreprises à l'heure du ralentissement économique ?

Le contexte économique actuel impacte de nombreuses entreprises qui ont plus de difficultés à accéder à des financements à moyen et long terme. Face à ce constat, Option Finance a organisé une table ronde dédiée à cette thématique, dans le cadre du forum Innovation for finance qui s'est tenu le 18 avril 2022 à Paris.

Publié par Audrey Fréel le - mis à jour à
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Prévisions de trésorerie à la baisse, difficulté de recrutement, transition énergétique et numérique... Les entreprises sont actuellement soumises à de nombreux défis. Parmi ces challenges, figurent en bonne place la hausse des taux, qui ont grimpé en flèche ces derniers mois (+3,5 % en 12 mois). Frédéric Visnovsky, médiateur national du crédit aux entreprises de la Banque de France et vice-président de l'Observatoire des délais de paiement, a cependant souhaité relativiser cette situation. "Nous avons connu des hausses beaucoup plus importantes dans le passé. Actuellement, le taux d'inflation reste supérieur aux taux bancaires", souligne-t-il. Un avis partagé par Daniel Biarneix, président de l'Association française des trésoriers d'entreprise (AFTE), qui précise toutefois que cette hausse a été très rapide. "Les grandes entreprises sont majoritairement financées par de l'obligataire à long terme à taux fixe, donc elles sont relativement protégées de la hausse des taux, l'impact sera progressif pour elle", ajoute le président de l'AFTE. En revanche, la situation est plus délicate pour les PME qui sont en majorité financées par des crédits bancaires à taux variables. "Mais la plupart d'entre elles ont associé à leur financement à taux variable des dérivés pour revenir à taux fixe. La hausse des taux se fera donc plutôt sentir dans le temps pour les PME, qui ont, elles aussi, le temps de s'adapter à cette évolution de l'environnement financier", analyse Daniel Biarneix.

Moins de difficultés d'accès à la liquidité

Concernant l'accès à la liquidité, les trésoriers perçoivent moins de difficultés depuis fin 2022, selon une étude AFTE. Leur perception s'était fortement dégradée à partir de mars 2022 et le début de la crise ukrainienne. "Depuis fin 2022, les marchés se sont réouverts et les financements bancaires ont continué de croître. Aujourd'hui, nous n'observons pas de difficultés majeures d'accès au financement", indique Daniel Biarneix. Il ajoute que les entreprises françaises évoluent dans un environnement bancaire solide, non soumis à des turbulences pour le moment. "Sur 2020, 2021 et 2022, le risque de liquidité a souvent été écarté mais il faut se demander si cette résilience sera toujours effective en 2023 et 2024. Nous avons des doutes", nuance toutefois Alain Luminel, responsable du pôle expertise financière d'Ellisphere.

Diverses solutions de financement

La table ronde a également permis de faire un point sur certaines solutions de financement, à l'instar des PGE. "Les remboursements se passent correctement, nous approchons les 50 Mrds € de remboursement", assure Frédéric Visnovsky.

Par ailleurs, l'État a lancé en 2021 les Obligations Relances (OR), pour financer la relance des PME et ETI. D'une durée de 8 ans, elles sont remboursables en une fois à l'échéance de l'obligation. "Ce dispositif a rencontré un vif succès et la première enveloppe est déjà épuisée. Une deuxième enveloppe a été mise en place", informe Daniel Biarneix.

La transition écologique a également un impact sur le financement des entreprises. La finance durable a aujourd'hui le vent en poupe, avec un fort développement des green bonds et sustainability-linked bonds. "Sur les émissions obligataires des entreprises non financières réalisées en 2022 en euros, environ 1/3 étaient des green bonds ou des sustainability-linked bonds", commente Daniel Biarneix. Les critères ESG gagnent aussi du terrain du côté des banques. "Nous constatons aujourd'hui qu'il n'est plus concevable pour une entreprise de faire passer en comité de crédit une demande de prêt sans qu'elle soit interrogée sur les aspects RSE de sa stratégie", confirme le président de l'AFTE.

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