Ces nouveaux métiers en vogue dans la finance
En pleine mutation, le monde de la finance fait face à une pression technologique et réglementaire grandissante. Ce qui fait émerger de nouveaux profils de collaborateurs. Zoom sur quatre métiers prometteurs dans la finance d'entreprise et les fonds d'investissements.
Ça bouge du côté de la finance ! En évolution permanente, ce secteur offre de nouvelles opportunités de carrière. Les professionnels de la finance doivent désormais prendre en compte différents enjeux comme la RSE, la digitalisation et ou encore les réglementations. De fait, de nouveaux besoins apparaissent et certains profils sont particulièrement recherchés. Nous faisons le point avec des experts en recrutement sur quatre nouveaux métiers dans la finance.
Quand l'ESG transforme les DAF
Soumis à des enjeux de plus en plus élevés en matière de RSE, les directeurs financiers voient leur périmètre s'élargir. Bon nombre d'entre eux pilotent la gestion financière de l'entreprise mais également la performance extra-financière, basée sur la création de valeur environnementale et sociale. « Avec l'émergence des nouvelles réglementations, comme la CSRD, l'ESG va de plus en plus être rattaché à la finance car elles impliquent de réaliser des reportings extra-financier », confirme Ilann Boukais, senior manager au sein du cabinet Robert Walters. De fait, certains DAF évoluent vers des postes de chief value officer (CVO), fonction qu'ils considèrent plus adaptée aux nouveaux enjeux de leur métier. Si la rentabilité de l'entreprise reste un aspect important, les CVO prennent en compte d'autres critères comme la valeur environnementale, sociétale et humaine de l'entreprise. « Depuis presque deux ans, nous constatons une augmentation des créations de postes de directeurs des valeurs. Je suis de plus en plus sollicité pour recruter des personnes sur ces postes, et nous nous dirigeons la plupart du temps sur des profils de directeurs financiers », révèle Ilann Boukais.
Une fonction hybride, entre digitalisation et finance
Certains experts interrogés observent également de plus en plus de demandes pour des postes de chef de projet finance. « Il s'agit d'un métier hybride entre finance et IT. Ce métier fait l'interface entre la partie technique et la partie métier, en l'occurrence la finance », détaille Alexandre Ricard, fondateur du cabinet Elma Recrutement. Cet attrait pour ce genre de profils est lié à la digitalisation de la fonction finance. Le rôle du chef de projet finance consiste à organiser la mise en place de différents outils de digitalisation comme des solutions de business intelligence (BI) ou des ERP. « Il s'occupe de réaliser le cahier des charges, de comprendre les besoins, d'accompagner les équipes finance tout au long du projet et de les former aux nouveaux outils », relate Alexandre Ricard. Pour le moment, les demandes proviennent essentiellement des grandes entreprises. « Nous observons une hausse de volume de recrutement sur ces postes depuis 2 à 3 ans et nous avons pour le moment encore peu de candidats comme il s'agit d'un nouveau métier », remarque Jennifer Buczenski, manager recrutement au sein de Fed Finance. Les profils combinant les deux expertises restent en effet assez rares sur le marché. Les chefs de projet finance sont en général des financiers formés en interne sur la partie outil, ou des profils IT accompagnés en interne sur l'aspect finance.
L'operating partner, un appui pour les dirigeants
En pleine expansion, l'operating partner est intégré à l'équipe d'un fonds d'investissement. Sa vocation première est d'accompagner le développement des entreprises du portefeuille en conseillant les dirigeants sur les différents enjeux de l'entreprise. Ils interviennent aussi bien sur des aspects stratégiques comme le pilotage de la croissance externe ou la transformation digitale que sur des problématiques organisationnelles (amélioration de la gouvernance,
mise en place d'organisations plus efficaces, identification de talents...) ou opérationnelles (réorganisation des process de chaque métier, revue des coûts, etc.). En cinq ans, le nombre d'operating partners a été multiplié par 2,3 en France, selon une étude publiée en 2023 par France Invest et Alvarez et Marsal. Toujours d'après ce rapport, 46 % des fonds de private equity et 24 % des fonds de venture capital disposaient d'une équipe opérationnelle l'an dernier. « Ce métier est reconnu pour apporter de la valeur opérationnelle au sein des fonds d'investissement. Il est en forte augmentation depuis la crise du covid », constate Ilann Boukais. Profils très expérimentés, les operating partners justifient, en général, d'au moins dix ans d'expérience dans des cabinets de conseil ou des grandes entreprises, notamment sur des postes de direction. « L'operating partner a des bases financières mais reste très opérationnel afin d'avoir un impact rapide sur le business model de l'entreprise car les cycles des fonds d'investissement sont plutôt courts, à savoir 3, 5 ou 8 ans », indique Ilann Boukais.
Un métier de niche, mêlant juridique et finance
Autre métier en plein boom : le juriste financier. Peu connu dans le monde de l'entreprise, il est particulièrement plébiscité dans le secteur bancaire et les sociétés de gestion. Son rôle ? Assister et conseiller les collaborateurs de l'entreprise en contact direct avec la clientèle sur toute la partie rédaction de documentations juridiques. Un enjeu de taille, alors que la règlementation est en plein évolution dans ce domaine, ce qui nécessite une veille constante. « Ce poste est aujourd'hui très recherché car il requiert des compétences juridiques mais également financières, fiscales et comptables », constate Charlotte Suffys, talent manager chez Robert Half. Résultat : les besoins en recrutement sont supérieurs au nombre de candidats. « Il s'agit pour le moment d'un métier niche, nous observons donc une surenchère des salaires sur le marché », confirme Charlotte Suffys
La transformation digitale et les législations financières créent ainsi de nouveaux besoins dans la finance. Que ce soit du côté des entreprises ou des fonds d'investissement, les métiers combinant plusieurs compétences sont particulièrement plébiscités.
L'IA transforme les métiers de la finance
L'émergence de l'intelligence artificielle (IA) dans les fonctions financières nécessite une grande adaptabilité et de nouvelles compétences à acquérir pour ces professions. « L'IA permet de s'affranchir de certaines tâches répétitives à faible valeur ajoutée, de gagner du temps dans le traitement de la donnée et d'améliorer la productivité », résume Aurélien Boucly, directeur du recrutement permanent chez Robert Half. Cela devrait donc transformer certains métiers notamment la comptabilité ou encore le contrôle de gestion. Dans la finance, l'IA a également une utilité dans l'analyse prédictive de certains risques et dans la détection des fraudes en amont, des domaines touchant le contrôle interne et la conformité. L'émergence de cette technologie nécessite donc de faire évoluer les compétences des équipes afin qu'elles soient en capacité d'utiliser ces nouveaux outils et d'analyser les données. Fortes de ce constat, de nombreuses entreprises mettent en place des formations en externe et interne pour cultiver l'employabilité de leurs collaborateurs. Selon une récente étude réalisée par Robert Half portant sur les salaires et tendances de recrutement en finance et comptabilité, 44 % des employeurs interrogés envisagent d'ailleurs de proposer des formations internes sur l'IA générative.
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