Billet de Daf - L'agilité est morte, vive l'antifragilité!
Vu la complexité de mise en oeuvre de l'agilité au sein de nos organisations, pourquoi ne pas plutôt essayer de tirer profit des crises et difficultés vécues et ainsi tester le concept d'antifragilité ? C'est la réflexion développée par François-Gérard Bouy Daf de Labrador dans ce billet.
Lors du dernier évènement 100% Finance, au cours d'une table ronde intitulée Face aux urgences, optez pour l'agilité, a été développée l'idée que dans un monde de plus en plus incertain, marqué par des crises de plus en plus fréquentes, le Daf se doit d'être agile pour piloter au mieux les transformations, à court ou long terme, de son entreprise. S'il est facile d'obtenir l'adhésion à cette assertion, définir les enjeux organisationnels liés à l'agilité est plus complexe !
Le terme d'agilité fait échos au manifeste Agile, rédigé en 2001 par des développeurs, qui a radicalement transformé notre façon de mener des projets. Voici leur postulat : « Nous découvrons comment mieux développer des logiciels par la pratique et en aidant les autres à le faire. Ces expériences nous ont amenés à valoriser : les individus et leurs interactions plus que les processus et les outils. Les logiciels opérationnels plus qu'une documentation exhaustive. La collaboration avec les clients plus que la négociation contractuelle. L'adaptation au changement plus que le suivi d'un plan. Nous reconnaissons la valeur des seconds éléments, mais privilégions les premiers. »
20 ans après l'édition de ce manifeste révolutionnaire, le concept d'agilité s'est largement démocratisé et s'est diffusé dans nos organisations bien au-delà des équipes IT. Mais, si beaucoup parlent d'agilité force est de constater que peu d'organisations le sont réellement.
Une enquête menée par Deloitte et McKinsey montre que plus de 90 % des cadres supérieurs accordent une grande priorité à l'agilité, alors que moins de 10 % des entreprises sont aujourd'hui très agiles. Cet écart est bien souvent dû au fait que malgré de bonnes intentions managériales nous appliquons des principes agiles au sein d'organisations pyramidales, bureaucratiques, structurées en silos et empêchons par la même le déploiement des principes fondateurs de l'agilité. C'est pourquoi certains considèrent l'agilité comme vidée de son sens, estimant que cette méthode est devenue un concept marketing, voire une religion, et s'interrogent sur la fin de l'agilité telle que nous la vivons actuellement.
Fort heureusement, Nassim Nicholas Taleb, nous permet de dépasser ces contradictions. Dans son livre Antifragile (2012), il nous présente le concept d'antifragilité, terme créé par ses soins à partir de l'observation de la nature. « Certains objets tirent profit des chocs ; ils prospèrent et se développent quand ils sont exposés à la volatilité, au hasard, au désordre et au stress, et ils aiment l'aventure, le risque et l'incertitude », remarque-t-il.
Dans un monde de plus en plus instable, nous ne devons plus considérer l'agilité comme un processus de production efficace, mais considérer l'antifragilité comme la cible d'un projet organisationnel agile, qui permet de se renforcer lors des difficultés rencontrées.
Mc Kinsey dans son étude « the five trademarks of agile organizations », recense 5 marqueurs d'une organisation agile performante, et donc antifragile que je trouve particulièrement intéressant et que voici :
- Identification en temps réel des opportunités et des ressources à disposition
- Vision qui suscite l'adhésion
- Technologie intégrée permettant une prise de décision rapide
- Cycles de décision et d'apprentissage rapides
- Réseau d'équipes autonomes
Dès lors, il ne tient qu'à nous Daf de tirer profit de ces principes et de les intégrer à nos modes de fonctionnement de façon à faire évoluer nos modèles et à mieux résister en cas de situation délicate.
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