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Face aux risques, managez comme un pilote

Un daf comme un pilote de ligne doit garder le cap et atteindre les objectifs fixés dans un environnement incertain et soumis au stress. Dans un tel contexte, comment bien piloter et manager ses équipes ? Réponses avec Pascal Borie, ancien pilote instructeur dans l'armée de l'air, conférencier et enseignant en management.

Publié par Marie-Amélie Fenoll le | Mis à jour le
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Airplane cockpit. Pilots sitting front of dashboard aircraft inside vector carto
© ©ONYXprj - stock.adobe.com
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Quelle(s) analogie(s) faites-vous entre un pilote et un manager ?

On peut considérer un vol comme un projet ou une entreprise. En effet, il s'agit de transporter d'un point A à un point B des passagers et des biens en toute sécurité. L'équipage de l'avion est chargé de ce projet, comme l'équipe que gère le manager. Et comme dans une entreprise, il s'agit pour le commandant de bord de manager cette équipe afin d'atteindre l'objectif fixé.

Dans le monde des organisations, le manager doit porter une équipe ou un projet avec succès en optimisant au mieux le facteur humain qui lui est indissociable. L'entreprise aujourd'hui évolue dans un environnement économique, concurrentiel ou réglementaire incertain. De nombreux facteurs externes et internes complexifient son développement. Les décisions peuvent devoir être prises rapidement. C'est dans ce contexte que nous avons souhaité apporter des méthodes simples, des façons de faire éprouvées et très pragmatiques pour gagner en efficacité.

Quelle(s) réaction(s) / automatisme(s) doit appliquer un pilote comme un daf en situation d'urgence et /ou de crise ?

L'équipage s'appuie sur des méthodes et des dispositifs tels que les briefings et les check-lists pour faciliter la prise de décision la plus judicieuse dans un temps toujours contraint. L'intégration de ces outils est inculquée dès la formation initiale et doit être exercée avec une rigueur exemplaire.

Les briefings servent à s'assurer que tous les membres de l'équipage ont la même compréhension de la situation et qu'ils partagent les mêmes intentions sur les actions à venir. Les check-lists permettent aux membres de l'équipage de s'assurer qu'ils n'oublient aucune étape critique dans les actions qu'ils doivent réaliser et qu'ils réagissent de manière appropriée en cas de problème.

Ces outils peuvent être extrêmement précieux pour un DAF, car cela peut lui permettre de gagner du temps, améliorer la communication au sein de son équipe, et donc la performance de celle-ci pour atteindre les objectifs fixés dans une situation d'urgence. Finalement, on simplifie au lieu de complexifier et cela entraîne une meilleure fluidité dans les interactions tout en limitant les risques. Un DAF doit parfois prendre des décisions rapides tout en limitant les risques, ce qui représente une lourde responsabilité. Surtout en période de crise ! Nous avons choisi de traiter ce sujet à travers la gestion de la charge de travail, celle du stress et bien sûr l'optimisation de la communication, qui sont des facteurs clés de succès pour le DAF et l'entreprise.

Enfin, comment bien communiquer entre un pilote / manager entre son équipage / ses équipes ?

Comme le pilote et les personnes avec lesquelles il interagit (autre pilote, contrôleur aérien, mécanicien, personnel au sol...), le manager et son équipe ont conscience qu'une incompréhension peut avoir de très lourdes conséquences. Il arrive souvent que plusieurs communications aient lieu en même temps : contrôleur-pilote, pilote-équipage ou encore contrôleur-pilotes d'autres avions. Un contrôleur qui échange simultanément avec plusieurs pilotes n'a aucune conscience des échanges internes de chaque équipage. Il peut lui arriver donc d'interrompre ces échanges internes. C'est inévitable.

C'est donc à l'équipage de s'adapter : il doit savoir s'interrompre quand il est sollicité par le contrôleur et revenir à ses échanges ensuite.

Dans les entreprises, il en est de même. Les canaux et les flux de communication sont multiples et simultanés. Or on sait bien que la communication est au coeur du bon fonctionnement d'un projet ou d'une équipe. C'est la raison pour laquelle s'inspirer des bonnes pratiques du pilote nous semble pertinent. Car en matière de communication, les pilotes respectent des règles précises :

-Utiliser un langage professionnel : clair, bref et sans ambiguïté. Accuser réception et ne pas hésiter à demander à son interlocuteur de répéter en cas de doute.

-En communication externe (avion/contrôleur), terminer toute réponse en rappelant son indicatif d'appel.

-Respecter les autres dans leur activité : ne pas les interrompre si ce n'est pas nécessaire.

-Ne pas sacrifier le dialogue avec l'équipage au profit du dialogue avec la machine.

-Utiliser la communication comme un outil de négociation et d'enrichissement mutuel.

-Respecter strictement les procédures de communication en vigueur.

-Apprendre et pratiquer.

Pour le manager, bien communiquer, cela signifie réduire à l'essentiel pour réduire les risques (d'interprétation par exemple), fluidifier les échanges pour gagner en efficacité et enfin, assainir les relations interpersonnelles qui sont la clé du bon fonctionnement de l'équipe.

Dans cet ouvrage "Managez comme un pilote - Les meilleures pratiques d'un pilote de l'Armée de l'air pour manager en environnement incertain", paru aux Editions DBS, Pascal Borie, ancien pilote instructeur dans l'armée de l'air, conférencier, enseignant en management et Célina Rocquet, Manager, fondatrice d'entreprise, enseignante et consultante en innovation responsable dressent des pistes d'actions et de réflexion managériales à partir d'études de cas pratiques, check-lists de survie, mises en situation, captain attitudes, ... propres aux pilotes qui peuvent s'appliquer en entreprise.




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