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Danone, un exemple à suivre en matière de reporting climat

Ecoact, société qui accompagne les entreprises dans leur stratégie de développement durable, vient de publier une étude sur les performances en matière de reporting climat des entreprises des indices boursiers. L'occasion de zoomer sur les bonnes pratiques d'un bon élève en la matière : Danone.

Publié par Eve Mennesson le - mis à jour à
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Danone, un exemple à suivre en matière de reporting climat
© siraanamwong - Fotolia

En matière de reporting climat, les entreprises se savent pas toujours comment s'y prendre. C'est dans l'optique de mettre en lumière les bonnes pratiques des bons élèves en la matière qu'Ecoact, qui accompagne les entreprises sur le sujet du développement durable, publie depuis plusieurs années une étude sur les performances en termes de reporting climat des entreprises des indices boursiers (CAC40, FTSE 100, IBEX 35 et DOW 30). L'étude 2020 vient de paraître.

Au niveau du CAC 40, ce sont BNP Paribas, Danone et Schneider Electric qui arrivent en tête. BNP Paribas et Danone se classent même dans le Top 10 International, respectivement à la 5e et 8e place, derrière Microsoft, Unilever et Acciona qui occupent les première, deuxième et troisième places.

L'intérêt des investisseurs pour les critères ESG

Que fait Danone pour figurer parmi les entreprises les plus performantes en matière de performance climat ? Lors d'un webinaire organisé par Ecoact en septembre 2020, Christian Didier, Nature & Sustainability Finance Director de l'entreprise, est venu donner des éléments de réponse.

Il a tout d'abord souligné l'importance du sujet pour l'entreprise, pour laquelle l'ambition d'agir pour le climat n'est pas nouveau. "En 2015, Danone a publié sa politique climat et parlait déjà d'atteindre une neutralité carbone d'ici à 2050", rapporte Christian Didier.

Le sujet est également important pour les investisseurs : le Nature & Sustainability Finance Director de l'entreprise rapporte que les questions des investisseurs concernant les critères ESG se sont multipliées par deux entre 2018 et 2019 et par trois pour les sujets concernant exclusivement la nature. "Blackrock, par exemple, se montre exigeant sur l'obtention d'informations justes et transparentes vis-à-vis de la construction d'un modèle résilient", indique Christian Didier.

Réduction, séquestration, compensation

Dans ce contexte, la stratégie de Danone est claire. Elle repose sur trois piliers : la réduction, la séquestration du carbone et la compensation. "Nos efforts concernant la réduction se concentrent sur l'amont agricole : nous luttons contre la déforestation, travaillons avec les agriculteurs pour mettre en place des fermes bas carbone...", décrit Christian Didier.

Au niveau de la séquestration du carbone, Danone travaille aussi avec l'amont, en favorisant la transition vers des pratiques agricoles régénératrices qui améliorent la santé des sols et permettent la séquestration du carbone dans le sol. L'enracinement naturel des cultures dans le sol est par exemple préféré au labour, la polyculture est encouragée, etc. "Avec les pratiques agricoles régénératrices, l'agriculture devient une solution pour réduire l'impact carbone", se félicite Christian Didier

Enfin, pour les compensations, Danone a créé en 2008 le Fonds Danone pour la Nature afin de ne pas seulement acheter des crédits carbone pour compenser les émissions mais davantage s'investir dans les projets. Devenu le Fonds Carbone Livelihoods en 2011, il a été rejoint par d'autres entreprises. Aujourd'hui, Livelihoods gère deux fonds d'investissement dont l'objectif est d'aider les communautés agricoles et rurales de pays en développement d'Afrique, d'Asie et d'Amérique Latine. "Les projets concernent surtout l'agroforesterie", rapporte Christian Didier.

Christian Didier souligne que, parmi ces trois piliers, c'est sur la réduction que les efforts sont le plus concentrés.

Des objectifs scientifiques, une stratégie claire

Cette stratégie de Danone fait ressortir une ambition : la stratégie climat du groupe concerne l'ensemble de la chaîne de valeur du groupe, et notamment l'amont. "Les 2/3 de nos impacts carbone sont liés à l'agriculture. Nous nous devons de trouver des solutions", insiste Christian Didier.

Un travail avec les sous-traitants qui n'est pas courant : l'étude Ecoact note que si les entreprises qui déclarent, à minima partiellement, leurs émissions de Scope 3 sont de plus en plus nombreuses, seules 38 % incluent ces émissions dans leurs objectifs de réduction, alors même qu'elles représentent souvent l'essentiel de l'empreinte carbone d'une entreprise.

Autre élément qui fait de Danone un bon élève en matière de reporting climat : les objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre s'appuient sur la science climatique (initiative SBT, Science-based targets). "Nos recherches ont démontré que les entreprises ayant défini un SBT sont plus susceptibles de réduire leurs émissions", écrivent les experts Ecoact dans leur note de synthèse de l'étude. L'objectif de l'initiative SBT, en accord avec les Accords de Paris, est de conserver un indice de réchauffement climatique inférieur à 2°C.

Danone a même renforcé son engagement au travers de la signature du "Business Ambition for 1,5° C pledge" qui vise à maintenir le niveau de l'indice de réchauffement climatique inférieur à 1,5° C. Pour y parvenir, elle va procéder par pallier et réduire d'ici 2030 50% de l'intensité d'émission (c'est-à-dire le volume d'émissions par tonne produite) des scopes 1,2 et 3 et 30% des émissions absolues des scopes 1 et 2.

La stratégie est donc claire et précise et c'est pourquoi Danone est classée haut dans l'étude d'Ecoact : l'organisme a en effet relevé que les entreprises s'engagent de plus en plus pour la neutralité carbone sans avoir une définition claire de ce que cela implique. En effet, seule une stratégie claire, mesurable et mesurée, basée sur des indicateurs fiables, permet de réellement agir sur le climat. Les Daf ont donc un grand rôle à jouer.

Méthodologie

Dans l'étude d'Ecoact, les entreprises sont notées sur la base de 64 critères couvrant quatre domaines : mesure et reporting, stratégie et gouvernance, objectifs et réduction et enfin engagement et innovation.

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