IA et CAC 40 : un gain de productivité variable selon les entreprises ?
Alors que l'intelligence artificielle (IA) s'impose dans toutes les stratégies d'innovation personnelles ou professionnelles, une étude du Hub Institute vient éclairer les écarts de potentiel au sein des entreprises du CAC 40. Si les promesses de gains de productivité sont bien réelles, leur concrétisation reste étroitement liée aux spécificités sectorielles, à l'intensité capitalistique et à la nature des métiers exercés. Le secteur de la finance profiterait de son impact. Explications.

Selon la dernière étude du Hub Institute "IA & Productivité 2030 et le CAC 40", l'introduction de l'IA générative pourrait faire progresser la productivité des sociétés du CAC 40 de 2 % à 7 % par an d'ici 2030. Ces chiffres sont loin d'être anecdotiques dans un contexte où la productivité du travail en France est en berne depuis 2019. Mais derrière cette moyenne se cachent d'importants écarts. L'étude met en lumière une forte corrélation entre le potentiel de gains et deux critères fondamentaux : le degré d'automatisation des processus et la dépendance à la main-d'oeuvre qualifiée.
Technologie, finance et aéronautique : les grands gagnants
Certaines entreprises apparaissent comme particulièrement bien positionnées pour bénéficier des effets de l'IA générative comme Orange pour qui, selon l'étude, +5 % à +6 % de productivité serait attendue d'ici 2030. Grâce à l'automatisation du service client, la gestion des incidents et la personnalisation des offres, le groupe affiche une exposition maximale à l'IA sur l'ensemble de sa chaîne de valeur.
Autres exemples cités dans l'enquête : Capgemini et Dassault Systèmes, qui bénéficient d'une forte maturité digitale et de cas d'usage déjà identifiés et industrialisables.
Airbus et Safran, quant à eux, sont des secteurs hautement technologiques, avec de forts volumes de données et des processus longs, idéaux pour l'IA appliquée à la maintenance prédictive, à la logistique ou à l'ingénierie.
Le groupe BNP Paribas pourrait rendre 55 % des tâches éligibles à l'automatisation, notamment dans le traitement des crédits, l'analyse des risques ou la conformité réglementaire.
Ces groupes conjuguent intensité capitalistique, complexité des opérations et structuration numérique avancée, ce qui leur donne un avantage compétitif dans l'intégration rapide des outils IA.
Des secteurs plus résistants au changement technologique
En bas du classement, certaines entreprises du CAC 40 affichent un potentiel plus limité comme Edenred pour qui seul 2,7 % de gain de productivité est prévu. Son modèle est déjà très digitalisé et automatisé, laissant peu de marge d'amélioration via l'IA.
Pour Hermès et Kering, l'étude dévoile un potentiel faible avec respectivement à 2,6 % et 3,2 % de gains estimés. En effet, dans l'univers du luxe, où l'artisanat et le savoir-faire manuel sont essentiels, l'intelligence artificielle reste un outil marginal. Dans ce secteur, le facteur humain reste irremplaçable. Le modèle de création de valeur n'est pas compatible avec une automatisation poussée, et l'IA y restera cantonnée à des fonctions supports ou logistiques.
Ce que les DAF doivent retenir
Pour les directions administratives et financières, ces écarts de maturité et de potentiel posent deux enjeux stratégiques : savoir évaluer finement le ROI des projets IA, en fonction de la structure des coûts humains, du degré de numérisation des processus et de la criticité des tâches concernées ; définir une trajectoire d'intégration opérationnelle, en ciblant les fonctions les plus transformables (finance, relation client, conformité, achats) sans diluer les ressources sur des cas d'usage peu rentables.
Vers une IA sélective et stratégique
Toutes les entreprises du CAC 40 ne tireront pas les mêmes bénéfices. L'IA ne doit pas être perçue comme une solution miracle, mais comme un levier sélectif, à actionner là où la valeur ajoutée est mesurable.
Pour les DAF, l'enjeu est désormais de transformer l'expérimentation technologique en gains opérationnels tangibles, en pilotant les investissements IA avec la même rigueur que tout autre actif stratégique.
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