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Face aux urgences, optez pour l'agilité

Dans un monde de plus en plus incertain, marqué par des crises de plus en plus fréquentes, le Daf se doit d'être agile pour piloter au mieux les transformations, à court ou long terme, de son entreprise. Retour sur l'une des tables rondes organisée lors de l'événement 100% Finance.

Publié par Florian Langlois le | Mis à jour le
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Face aux urgences, optez pour l'agilité

Depuis deux ans, les directions financières ne cessent de se réinventer pour faire face aux différentes crises qu'elles rencontrent. Elles ont d'abord affronté une crise sanitaire, avec l'épisode du Covid, puis géopolitique, avec l'invasion de l'Ukraine, et peut-être demain économique, avec l'inflation qui atteint des taux record en ce moment. Un véritable saut dans l'inconnu, un nouveau, où le directeur financier devrait, une nouvelle fois, être mis à rude contribution. « On entre aujourd'hui dans une période inconnue, la plupart des directions financières n'ont jamais eu à gérer des périodes d'inflation à 7, 10 voire 15%, comme l'on pourra peut-être connaitre. C'est une période de turbulences et il va falloir être à la barre, » explique Emmanuel Millard, président de la DFCG, à l'occasion d'une table ronde organisée lors de l'évènement 100% Finance.

Dans ce contexte toujours plus incertain, le directeur financier se doit d'être agile afin de piloter les différents changements qu'il mettra en place, à court ou plus long terme. « Lorsque l'on est en temps de crise, le risque est de monopoliser toute son énergie sur la gestion de cette crise. Or, il ne faut pas oublier les enjeux stratégiques des entreprises, plus long-termistes, qui sont par exemple aujourd'hui de réinventer des modèles économiques ou des sujets comme la RSE, » détaille Matthieu Espla, regional sales director chez Blackline. Une idée reprise par François-Gérard Bouy, Daf de Labrador. « Il y a un vrai sens à s'intéresser à du long terme, avec la vision de la stratégie de l'entreprise, mais aussi à du court terme, avec des urgences et des actions où l'on doit s'ajuster en permanence. L'enjeu qui nous anime dans une activité agile, c'est cette double vision. »

Des transformations en profondeur

Cette nouvelle notion d'agilité et d'adaptabilité face aux différents éléments extérieurs implique nécessairement un certain nombre de changements. « Les directions financières ont déjà commencé à se transformer. Elles ont par exemple appris à travailler avec la direction des ressources humaines ou avec les DSI, ce qu'on ne voyait pas facilement avant dans les entreprises. On est maintenant dans une ère où on va devoir intégrer de nouvelles choses toutes différentes. Le Daf qu'on a pu connaitre il y a 15-20 ans, plutôt comptable, n'existe plus. On évolue complètement vers une transformation profonde de la profession, » développe Emmanuel Millard.

Ces changements concernent un grand nombre d'enjeux à réconcilier (économiques et financiers, RSE, transformation digitale ...). Pour Ana Boata, directrice de la recherche macroéconomique chez Allianz Trade, le fait d'élaborer différents scénarios permet d'intégrer toutes ces opportunités. « Chez Allianz Trade, nous, économistes, travaillons de plus en plus avec la direction financière afin de réaliser des projections court terme ou moyen terme. Il faut cependant être vigilant, car il y a forcément des choses que l'on sait gérer et d'autres pas. Il m'est par exemple arrivé d'échanger avec le Daf pour essayer de traduire l'impact de l'inflation ou de la stagflation à différents niveaux de business et de temps sous forme de scénarios, qu'ils soient temporaires ou pas. »

Le Daf, pilote de ce changement ?

Quid du rôle du Daf dans ces grands changements ? Peut-il être le moteur de cette transformation ? Oui. Mais il devra une nouvelle fois faire preuve d'agilité. « La direction financière est bien évidemment au coeur de cette transition. Il faut être prêt à accompagner ce changement dans l'organisation, car il faut faire pivoter des équipes qui ont l'habitude de travailler sur certaines tâches et ainsi changer leurs priorités en les faisant travailler avec de nouvelles personnes d'autres départements, » analyse Matthieu Espla. « Quelle que soit la taille de l'entreprise, tous les projets de transformation actuels passent nécessairement par la direction financière, poursuit Emmanuel Millard. Le Daf devient un super chef de projet et c'est à lui d'impulser cette dynamique nouvelle. »

François Bouy met de son côté l'accent sur un point qu'il juge très important : la quête de sens. « La crise du Covid a mis en évidence des ruptures générationnelles majeures. Il y a un enjeu extrêmement important qui est de redonner du sens. L'entreprise peut encore fédérer les générations à condition d'avoir des sujets porteurs de sens. »

La dernière interrogation est désormais de savoir comment piloter cette agilité stratégique. « Cela passe par l'augmentation de l'autonomie qui est donnée individuellement aux équipes, car il y a une logique humaine et de travail en équipe. Cela doit aller de pair avec le fait de maximiser la visibilité et le contrôle qu'il est possible d'avoir sur son périmètre, notamment quand on est directeur financier. C'est parce que l'on donne plus d'autonomie qu'il faut augmenter son contrôle et sa visibilité sur son périmètre, » conclut Matthieu Espla.

Retrouvez la table ronde en intégralité en cliquant ici

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