Recherche

Politiques monétaires et financières des Etats : quelles conséquences ?

Face à l'inflation et à la réaction des Etats-Unis qui a engagé une forte hausse des taux, de nombreuses banques centrales - dont la BCE - ont mis en oeuvre une hausse des taux d'intérêt. Une politique qui n'est pas sans conséquence pour les entreprises. Les Daf doivent s'habituer à cette nouvelle donne avec optimisme.

Publié par Eve Mennesson le | Mis à jour le
Lecture
3 min
  • Imprimer
Politiques monétaires et financières des Etats : quelles conséquences ?

Les entreprises françaises connaissent une période mouvementée. Et cela est notamment dû aux politiques monétaires et financières actuelles. « Nous faisons face à une hausse des taux d'intérêt inédite depuis 40 ans en termes d'ampleur, de rapidité et d'universalité - elle est pratiquée par plus de 90 banques centrales dans le monde », rapporte Pierre Gruson, professeur de finance à Kedge Business School.

Une hausse qui n'est pas sans impact sur les entreprises, qui voient le coût des financements augmenter. « Nous nous étions habitués au taux zéro, qui devait être transitoire mais qui a finalement duré. C'est le baptême de feu pour certains Daf qui n'avaient jamais connu des taux d'emprunt aussi élevés », ajoute Pierre Gruson. Et il semblerait que ce soit la nouvelle donne puisque la BCE a encore relevé ses taux de 0,25 points le 27 juillet et une autre hausse devrait avoir lieu d'ici à la fin de l'année.

Entreprises fragiles encore plus fragilisées

Cette hausse du coût des financements peut être délétère pour certaines entreprises. « Les entreprises qui ont des profitabilités fragiles risquent d'être encore plus vulnérables quand elles vont devoir renouveler leurs prêts, avance Pierre Gruson. Celles qui vont le mieux s'en sortir sont celles qui ont été prévoyantes et ont emprunté à très long terme quand les taux étaient encore bas ».

Le professeur de finance souligne, de plus, un élément aggravant : comme la courbe des taux s'est inversée, les taux courts sont passés au-dessus des taux longs. « Les entreprises fragiles qui ont besoin de faire appel à des prêts à court terme sont encore plus fragilisées », indique-t-il. Notons aussi que les emprunts à taux variables ne sont plus du tout intéressants dans ce contexte. « Il n'y a pas trop de marges de manoeuvre pour les entreprises, à part les prêts aidés », conclut Pierre Gruson.

Restons positifs !

Philippe Gruson perçoit cependant du positif dans la situation actuelle : « Les entreprises s'étaient habituées à une ressource quasiment gratuite et se lançaient donc parfois dans des projets peu rentables. La situation actuelle fait que seuls les projets rentables sont maintenus, ce qui va permettre d'accélérer la mutation de l'appareil productif en fonction des enjeux actuels », estime-t-il. Les entreprises vont peut-être arrêter de ronronner perchées sur des montagnes de trésorerie et se réveiller, réveiller leurs talents et leur créativité.

Autre avantage : les entreprises vont moins se financer par emprunt, étant donné que ce sera moins intéressant, ce qui va peut-être les amener à renforcer leurs capitaux propres et à faire évoluer leur actionnariat. « Jusqu'à présent le noyau des actionnaires restait stable et les mêmes actionnaires se partageaient le magot », pointe Pierre Gruson. Le professeur de finance imagine aussi que la hausse des taux d'intérêts va permettre de freiner les restructurations d'entreprises. « Les fonds LBO vont eux aussi s'obtenir à des coûts plus élevés et les investisseurs vont donc se montrer plus sélectifs », analyse-t-il.

Enfin, les entreprises à trésorerie positive ne vont plus considérer cela comme un poids. « Les actifs rapportent désormais quelque chose : les entreprises vont peut-être réaliser moins d'investissements productifs mais davantage de placements », imagine Pierre Gruson. C'est donc un nouvel univers qui s'ouvre pour les finansciers d'entreprise.


S'abonner
au magazine
Retour haut de page