BCE et réduction des taux : quels impacts sur la trésorerie de l'entreprise ?

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé le 12 décembre dernier une réduction de ses taux d'intérêt directeurs, avec un taux de dépôt à 3 %, son plus bas niveau depuis mars 2023, celui du refinancement à 3,15 %, et celui de la facilité de prêt marginal à 3,4 %.
Autre annonce, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a déclaré ce lundi 16 décembre que la BCE prévoyait de poursuivre cette tendance selon l'évolution des scénarios économiques en cours : « Si les données qui arrivent continuent de confirmer notre scénario de base, la direction est claire : nous prévoyons de baisser davantage les taux d'intérêt. » Son objectif est clair : ramener l'inflation à un niveau cible de 2 % d'ici la fin de 2025, peut-on lire dans Les Echos. Comment ses annoncent peuvent-elles influencer la stratégie des entreprises françaises ?

Des entreprises en passe de moins investir ?

« Les entreprises confrontées à des contraintes financières sont les plus affectées par l'incertitude sur les taux d'intérêt », indiquait en novembre dernier la Banque de France dans un communiqué. L'institution financière expliquait que les entreprises « qui présentent une part plus élevée de dette à court terme réduiront davantage leurs investissements lorsque l'incertitude est élevée, car elles sont plus susceptibles de chercher de nouveaux financements ».
Autre point d'analyse, les entreprises dont les flux de trésorerie (cash flows) diminuent lors d'une augmentation des taux d'intérêt « sont plus sensibles à l'incertitude sur les taux d'intérêt ». Pour la Banque de France, il existerait une « forte relation négative entre l'investissement et l'incertitude pour les entreprises confrontées à des contraintes financières et de fonds propres. » En outre, dans ses projections macroéconomiques du 16 décembre, la Banque de France explique que « La croissance resterait positive en 2025 mais diminuerait un peu, avant de gagner en vigueur en 2026 ». L'investissement des entreprises quant à lui continuerait de marquer le pas jusqu'en 2025, « avant de repartir en 2026-2027» , peut-on lire dans le communiqué.

Dans ce contexte, quelles conséquences cette baisse des taux peut-elle avoir sur la trésorerie des entreprises ? 4 impacts semblent émerger.

1. Coût d'emprunt : des opportunités pour les entreprises

Avec des taux d'intérêt en baisse, le coût de l'emprunt diminue. Les entreprises, notamment les PME et ETI, peuvent bénéficier de conditions de financement plus favorables pour leurs besoins de trésorerie :

-Renégociation des prêts existants : Les entreprises peuvent envisager de renégocier leurs crédits pour alléger leurs charges financières.

-Nouveaux investissements : La baisse des taux ouvre la voie à des projets d'investissements qui pouvaient jusqu'ici être freinés par des coûts de financement élevés.

2. Gestion de la trésorerie : moins de rendement sur les excédents

Si la baisse des taux est favorable pour les emprunteurs, elle l'est moins pour les entreprises détenant des excédents de trésorerie placés à court terme. Le rendement des dépôts et placements sécurisés (comme les comptes rémunérés ou le monétaire) risque de diminuer.

Impact direct : Une rentabilité plus faible sur les excédents de trésorerie.

Stratégie : Les directions financières devront trouver un équilibre entre liquidité, sécurité et performance.

3. Effet de relance économique : un environnement plus favorable

La décision de la BCE vise également à stimuler la consommation et l'investissement en rendant le crédit plus accessible. Pour les entreprises :

-Amélioration des délais de paiement : Les clients et fournisseurs peuvent, eux aussi, bénéficier d'une meilleure trésorerie, réduisant ainsi les tensions sur les paiements.

-Croissance de la demande : La relance économique anticipée peut générer une augmentation des commandes et des ventes.

4. Optimisation des stratégies de financement

Dans un environnement de taux bas, certaines stratégies financières deviennent plus pertinentes :

-Financement via emprunt : Privilégiez les financements externes pour préserver vos fonds propres.

-Crédit de trésorerie : Les solutions comme les lignes de crédit ou les billets de trésorerie deviennent plus attractives.

-Refinancement des dettes : Réduisez vos coûts en renégociant vos encours à des taux plus compétitifs.

Cette baisse des taux d'intérêt par la BCE permet aux entreprises d'envisager un contexte plus favorable pour optimiser leur trésorerie. Si le coût de financement devient plus avantageux, la baisse de rendement sur les excédents impose une révision des stratégies de placement.

Les directions financières devront donc jouer sur plusieurs leviers : optimiser leurs financements, ajuster leurs placements et anticiper une éventuelle reprise économique.