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DossierLes évolutions de la comptabilité dans les PME et ETI

Externalisation, évolution des moyens de paiement, transformation des métiers... La comptabilité en entreprise connaît de nombreuses évolutions et son rôle stratégique s'affirme de plus en plus. Le point sur les évolutions de cette fonction.

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Les évolutions de la comptabilité dans les PME et ETI

1 Et si vous optiez pour l'externalisation comptable?

L' externalisation, ou business process outsourcing (BPO), semble aujourd'hui largement pratiquée par les entreprises françaises: 82% d'entre elles externalisent au moins une fonction, selon l'Observatoire Cegos 2011 "Les stratégies d'externalisation des entreprises françaises", les PME n'étant pas vraiment en retard en la matière (78%).

À première vue, la comptabilité, à l'instar des fonctions finance ou gestion, n'est pas facile à externaliser, comparée à des fonctions du type logistique, informatique, SI. Pourtant, plus de 15% des entreprises privilégient une telle solution, selon ce même observatoire. D'après des chiffres publiés par Grant Thornton/Ifop, les entreprises de 100 à 2000 salariés ont un taux d'externalisation comptable stable depuis 2008. Néanmoins, ce taux augmente en fonction de la taille de l'entreprise (18% pour les entreprises de 500 salariés).

"Initialement, les Daf n'étaient pas favorables à l'externalisation de leur comptabilité, qu'ils vivaient comme une perte de maîtrise de l'information et donc de pouvoir, explique Sophie Salomé, associée, responsable de l'activité expertise comptable de PwC France. Ce n'est plus le cas." Les acteurs du secteur soulignent une mutation culturelle sur ce point. "La pression exercée sur les directions financières pour qu'elles réduisent leurs coûts et qu'elles se concentrent sur l'analyse et la prospective a changé la donne, reprend Sophie Salomé. On assiste à un vrai regain d'intérêt pour les solutions BPO, notamment chez les PME de bonne taille."

2 Quel périmètre d'activité ?

Le périmètre d'externalisation apparaît variable. Comptabilité client, comptabilité fournisseurs, comptabilité générale, consolidation, audit ou contrôle interne, voire la direction financière pour une période temporaire, il existe des solutions sur mesure en fonction des besoins des entreprises. "On distingue traditionnellement deux types d'externalisation. La première consiste à déléguer des tâches à faible valeur ajoutée: validation de règlements, de notes de frais, de bons de commande par exemple. Puis viennent les missions à haute valeur ajoutée comme la consolidation, explique Alain Ouaniche, expert-comptable, président d'OCA. Un groupe de petite ou moyenne taille n'a pas nécessairement les moyens de se doter en interne d'un spécialiste de la consolidation, ni d'investir dans des logiciels très coûteux. Il va préférer faire appel à nos services, car nous pouvons mutualiser ces ressources."

À cet égard, le recours à un tiers à la signature connue est perçu par beaucoup comme un moyen de crédibiliser les chiffres de l'entreprise, ce qui facilite le travail des CAC. Pour Sophie Salomé, "le scope de nos interventions a tendance à s'élargir: tenue de la comptabilité, compliance fiscale, préparation des règlements fournisseurs. Les nouveaux outils collaboratifs qui nous offrent une grande réactivité et qui laissent au client un accès continu à ses informations ont accéléré ce mouvement."

3 Les avantages ciblés par les Daf

Quelles sont les raisons avancées par ceux qui optent pour l'externalisation de leur comptabilité? Avant tout, recentrer leur activité et celle de leurs équipes sur le coeur de métier de l'entreprise. "Grâce au temps gagné sur la production de chiffres, les équipes comptables peuvent allouer plus de temps au contrôle des informations générées et le Daf peut se consacrer à l'analyse de ces informations", résume Alain Ouaniche. Opter pour l'externalisation permet en outre à la direction financière de mieux maîtriser les coûts liés à cette fonction (masse salariale chargée, coûts de formation, d'exploitation et de maintenance du ­système d'information comptable, etc.) voire d'optimiser ces coûts, via à un partenaire externe, afin de développer des économies d'échelle.

La réduction des coûts d'exploitation reste d'ailleurs le premier critère pour près d'une entreprise sur deux optant pour des solutions BPO. "Attention à ne pas surévaluer ces économies, analyse Fabienne Borremans, RAF de France Télévisions Distribution (37 millions d'euros de CA en 2012), qui s'avoue peu convaincue par le principe de l'externalisation, qu'elle n'a en conséquence encore jamais mis en pratique. Je vois mal comment mettre en place ce type de solution sans une interface de liaison importante. Et cette interface va avoir un coût."

Mais un autre argument peut être avancé en faveur de l'externalisation comptable: le manque de compétences en interne. "On se heurte à un déficit de ressources comptables de bonne qualité, témoigne en effet Fabienne Borremans. Depuis une dizaine d'années, les jeunes se sont détournés de la comptabilité pour privilégier d'autres métiers jugés plus attractifs. J'ai de vraies difficultés à recruter un comptable fournisseur ou un comptable client. À cet égard, l'externalisation pourrait incarner une solution."

4 L'externalisation, pour qui?

L'outsourcing convient-il à toutes les équipes? Il est particulièrement adapté aux entreprises dont les opérations comptables de base, saisie et contrôle des factures fournisseurs par exemple, ont un volume important. "Ce volume va permettre des économies d'échelle significatives en faisant appel à un prestataire extérieur qui aura standardisé ces opérations et réduit d'autant ses marges", explique Alain Ouaniche, dont la société OCA a créé une filiale dédiée basée en Tunisie. "Cette plateforme back-office centrée sur les tâches d'exécution nous permet d'offrir des prix très attractifs à nos clients."

Autre situation dans laquelle l'externalisation s'impose: celle des entreprises qui souhaitent une plus grande flexibilité face aux variations d'activité. Ainsi, les PME qui doivent effectuer chaque mois rapidement un reporting à leurs sociétés mères ont, pendant les journées de préparation de ces éléments, des besoins en main-d'oeuvre bien supérieurs à ceux qu'elles connaissent habituellement. Il en est de même des entreprises qui sont traditionnellement confrontées à des pics de production ou de vente.

"Autres consommatrices de solutions externalisées, les sociétés rachetées par des fonds d'investissement: les nouveaux actionnaires vont non seulement chercher à rationaliser les coûts, mais également souhaiter fiabiliser et accélérer la production de ­l'information comptable", analyse Alain Ouaniche.

5 Quels risques?

"À mon sens, il est difficile pour un prestataire externe d'avoir la même connaissance métier qu'une équipe internalisée, explique Fabienne Borremans. Or, la fonction support des équipes comptables est de plus en plus valorisée. On nous demande de pouvoir concrétiser un modèle économique pour accompagner les commerciaux dans la vente d'un nouveau produit, de réfléchir d'un point de vue financier à l'intégration d'un nouveau métier au sein de l'entreprise, etc. Autant de fonctions qui ne me semblent pas délocalisables."

Autre crainte affichée par les directions financières, une perte des compétences en interne sur les processus externalisés et donc une difficulté à réinternaliser le cas échéant. Le manque de maîtrise ou de compréhension de l'information sur ses propres données et un risque de déperdition des procédures de contrôles sont également mis en avant.

Perçue comme une perte de pouvoir il y a encore peu de temps, l'externalisation de ses services comptables a de plus en plus la faveur des Daf. Le point sur les atouts et les faiblesses des solutions outsourcées avec les professionnels du secteur.

6 [Témoignage] Tiphanie Bordier et Pascal Imbert (Solucom): "L'externalisation comptable ne doit pas être décidée en fonction de facteurs de coûts"

Comment avez-vous décidé d'externaliser la fonction comptable?

Pascal Imbert: Ce n'était pas du tout une priorité initiale. Bien au contraire, après notre introduction en Bourse en 2000, la stratégie a consisté à étoffer les équipes comptables. L'introduction du référentiel comptable international IFRS, il y a huit ans, a changé la donne. Concepts complexes, voire mouvants, volume d'information à fournir très important: j'ai réalisé que pour une PME comme la nôtre, il était impossible de faire face. Au regard de l'inflation législative et réglementaire, mon analyse s'est confirmée: une PME est désormais obligée de s'appuyer sur des conseils externes et perd la maîtrise de ses états financiers.


Comment s'est fait le choix du cabinet à qui vous avez délégué ces fonctions et comment fonctionne cette délégation au quotidien?

Tiphanie Bordier: Les relations entre le cabinet Grant Thornton, avec qui nous travaillons, et l'équipe interne sont extrêmement fluides puisque chacun raisonne comme faisant partie d'une seule et même équipe, avec en objectif commun l'optimisation et la fiabilisation des process comptables. La renégociation annuelle du contrat se fait dans le même esprit.

D'ailleurs, nous n'avons toujours pas pris le temps de comparer les coûts des fonctions comptables, internalisées et externalisées. C'est peut-être une erreur. Mais je continue à penser que ce type de décision ne doit pas être pris en fonction de facteurs de coûts. Les atouts de l'externalisation sont ailleurs: permettre à la direction financière de se concentrer sur des tâches à forte valeur ajoutée et mieux accompagner les équipes opérationnelles au quotidien. Ou encore pour contribuer à la réussite des acquisitions ou rapprochements avec d'autres sociétés, sujet qui nous a beaucoup occupés ces dernières années.


Quels autres atouts voyez-vous à cette externalisation?

Tiphanie Bordier: Elle permet de bénéficier d'un conseil avisé sur les derniers changements réglementaires, l'évolution des normes... Ensuite, elle donne la possibilité de benchmarker les pratiques et process. C'est en fait un oeil externe précieux lorsqu'une entreprise a besoin d'optimiser et d'industrialiser ses process. Enfin, elle apporte une équipe à géométrie variable, permettant à la direction financière de disposer des ressources nécessaires pour réaliser les clôtures comptables par exemple.


Repères

Raison sociale: Solucom

Activité: conseil en management et SI

Forme juridique: SAS

Président du directoire: Pascal Imbert

Directrice financière adjointe: Tiphanie Bordier

Effectif 2013: 1200 salariés

CA au 31 mars 2013: 130 M€

Président du directoire de Solucom, société cotée, Pascal Imbert assure, depuis le départ de la directrice financière en 2013, la direction financière de l'entreprise, secondé par Tiphanie Bordier, directrice financière adjointe. Ce duo revient sur leur externalisation comptable.

7 [Tribune] Jean Marchal (IRC) : "Non, l'externalisation comptable ne m'a pas "tuer"..."

Vous qui réfléchissez à l'externalisation de vos services comptables ou qui avez balayé cette option d'un revers de la main, voici un retour d'expérience. Le contexte: une société de 1400 personnes créée par reprise des actifs d'une société en liquidation, un domaine d'activité compliqué (transport sous température dirigée), une fonction administrative et financière sur plusieurs sites (environ 40 personnes en central) et des méthodes et outils obsolètes. J'en prends la direction financière dès la création de la société, avec comme premiers challenges la sortie des comptes de résultats dès le premier mois, la rationalisation des process, l'introduction programmée d'outils modernes (tels que la dématérialisation des factures fournisseurs), bref, avec l'objectif de doter l'entreprise d'une Daf efficace.


Sur les bons conseils de collègues Daf, je décide donc, après en avoir convaincu la direction, d'externaliser les fonctions comptabilité, trésorerie et paie chez un des leaders du marché de l'expertise comptable qui accepte de reprendre une partie du personnel.

Les avantages de cette solution sont nombreux, je citerais:

- la possibilité de moderniser rapidement outils et process grâce à l'apport du prestataire et à ses équipes support;

- le fait que la direction administrative et financière se retrouve concentrée sur l'action et le support aux opérations, pas sur la production du chiffre;

- les gains de productivité liés à la plus grande compétence métier du prestataire (la tenue de la comptabilité est son coeur de métier);

- sans compter, que souvent la comptabilité tenue par un tiers (connu) crédibilise les chiffres sortis en dehors des périodes légales.

En contrepartie:

- il faut accepter de perdre une part de compétence dans l'entreprise;

- il faut convaincre des dirigeants parfois hostiles à cette solution, craignant une perte de contrôle;

- le retour en arrière n'est pas une vraie option car, la réinternalisation est compliquée;

- et enfin, il faut accepter, comme Daf, d'avoir des équipes directes réduites, ça peut poser problème... si on a un ego trop développé!

L'auteur

Jean Marchal a notamment occupé le poste de contrôleur de gestion régional de la branche logistique et franchise supermarchés du groupe Promodès, de directeur du gontrôle de gestion des hypermarchés Continent, puis de directeur de gestion de la logistique France ou bien encore directeur financier d'Ebrex France, logistique et transport sous température contrôlée, 130 millions de chiffre d'affaires.

En septembre 2010, il devient directeur associé au sein d'IRC, société spécialisée dans le conseil en restructuration et la gestion de cellules liquidatives.


Cette démarche n'a pas la faveur des Daf. Pourtant, elle est une solution parfaitement adaptée à certains contextes. Pour preuve, le retour d'expérience d'un ancien Daf. Reste un obstacle : son propre ego. [Publié le 29/06/2012]

8 Moyens de paiement: quel avenir pour le chèque?

Côté entreprises, comme particuliers, la France reste championne de l'utilisation des chèques, juste derrière les États-Unis. La première étude sur ce moyen de paiement, réalisée par Edgar, Dunn & Company (EDC) pour le Comité consultatif du secteur financier (CCSF, dont le rôle est d'étudier les relations entre les établissements de crédits et assureurs avec leurs clients) montre que notre pays reste le premier pays utilisateur en Europe avec 3 milliards de chèques émis en 2010, pour un montant moyen de 555 euros, soit 20% des moyens de paiement utilisés en France. Une part qui diminue avec le temps (elle a d'ailleurs baissé de moitié en dix ans), mais qui reste importante en France.

À l'inverse, ce moyen de paiement a disparu dans 14 États européens et ne représente plus que 5% des paiements de la zone euro. Ainsi, "l'utilisation des chèques a tendance à reculer, puisque le nombre de chèques émis en 2012 a baissé de près de 6%, et de 9% en montants", ­souligne Emmanuel Constans, président du CCSF. L'arrivée du virement Sepa (single euro payments area ou espace unique de paiement en euro) devrait accélérer le rythme, voire poser la question de la disparition du chèque en France.

9 Salaires et fournisseurs payés par chèque

Toujours selon l'enquête de EDC menée auprès de 302 professionnels (entreprises de moins de dix salariés) et 201 PME-PMI (entre 10 et 249 salariés), ces entreprises émettent entre 9 et 35 chèques par mois, soit près de 500 millions de chèques par an. Ils sont essentiellement utilisés pour le règlement des fournisseurs et des salariés. Ainsi, au sein du groupe Korian (spécialisé dans la prise en charge de la dépendance et réalisant un chiffre d'affaires de 1,3 milliard d'euros), "nous avons beaucoup de CDD. Les salariés étant traditionnellement habitués au ­paiement par chèque, nous conservons, pour le moment, ce mode de règlement qui est plus souple, même si cela pose le problème de sécurité des paiements et d'une productivité faible", estime Didier Bonet, trésorier chez Korian.

L'impact réel du peu de productivité du chèque se mesure notamment en heure travaillée à son établissement, sa comptabilisation, sa signature manuelle dans le cas de chèque talon et parfois au contrôle de la banque. Quoi qu'il en soit, "en 2013, nous avons émis environ 4500 chèques par mois, uniquement pour le versement de salaires. Le montant moyen par chèque est d'environ 535 euros, soit au total près de 4% de notre chiffre d'affaires annuel en France" explique-t-il.

Son utilisation a un aspect psychologique: "Le chèque résulte d'une longue tradition, permettant la visualisation du montant dépensé et offrant la possibilité de gagner quelques jours de trésorerie", pointe Véronique Nassour, déléguée générale de l'AFTE (Association française des trésoriers d'entreprises). Surtout, la gratuité de ce moyen de paiement renforce son attractivité pour les entreprises. Pourtant, "le virement ne coûte que quelques dizaines de centimes d'euros, alors que le coût de manipulation du chèque est très élevé. Entre l'impression, la préparation, l'envoi, plus le temps passé du côté de l'encaissement, le coût total de la chaîne peut s'élever jusqu'à 80 euros par chèque", estime Véronique Nassour.

De même, pour les banques, le chèque revient très cher. Le CCSF évalue à 2,5 milliards d'euros le coût des 3 milliards de chèques émis chaque année, pour les banques. Le traitement d'un chèque varie donc de 50 centimes à 1 euro, selon la banque. La Cour des comptes chiffrait plutôt ce coût entre 15 et 40 centimes en 2010. Les banques encouragent donc largement les utilisateurs du chèque à aller vers des moyens de paiement dématérialisés comme les cartes de paiement, les prélèvements ou encore les virements.

Véronique Nassour l'assure: "Nous sommes clairement pour la disparition du chèque. Le traitement par les banques est cher et répercuté de manière indirecte aux entreprises." Et, dans certains cas, "la banque prélève des commissions sur les flux payés par chèque", souligne Didier Bonet. La gratuité n'est donc qu'une façade, tant pour les utilisateurs que pour les banques.

10 Disparition programmée?

L'avenir du chèque est en suspens. "Il est amené à disparaître de nos moyens de paiement. Mais cela demande des développements informatiques importants. Toutes les entreprises ne peuvent pas supporter un tel investissement", souligne Didier Bonet. Reste qu'un rapport publié en novembre 2012 par Emmanuel Constans et Georges Pauget, ancien président du Crédit Agricole, prévoit une baisse de moitié des émissions de chèques d'ici à cinq ans. Mais "il ne disparaîtra pas car il correspondra toujours à certains besoins, tant chez les particuliers que dans les entreprises. Ces dernières pourraient toutefois jouer un rôle moteur dans la baisse de l'utilisation du chèque, avec les particuliers", estime Emmanuel Constans.

Malgré tout, "il y a un déclin naturel de l'utilisation du chèque, mais il faudrait accélérer, accompagner et organiser cette érosion, sans pour autant rendre ce mode de règlement payant. C'est pourquoi nous avons proposé un plan d'action dans lequel nous misons sur la concertation entre les professionnels par secteur d'activité, les banques, et les organisations professionnelles. Cela devra ainsi passer par des décisions politiques consensuelles plutôt que par une loi, continue-t-il. Mais les banques ne doivent pas distribuer automatiquement des chéquiers à leurs clients ", conclut-il.

Quoi qu'il en soit, "un monde sans chèque n'apporterait que des avantages", estime Véronique Nassour. Cela engendrerait un gain de temps et d'argent, tant pour l'émetteur que pour le receveur du chèque. Mais surtout, "l'impact de la disparition du chèque, pour l'entreprise, serait un pas complémentaire vers la dématérialisation, donc vers des traitements plus sécurisés, plus économiques et plus intégrés au système d'information", conclut Didier Bonet.


L'Europe a travaillé à la disparition du chèque

En Belgique, le chèque a depuis longtemps disparu du paysage des moyens de paiement. Devenu payant, son utilisation s'est érodée naturellement, le pays n'utilisant désormais que des chèques certifiés pour les grosses dépenses (équivalent du chèque de banque, payant d'ailleurs en France).

La Grande-Bretagne a voté une loi pour une disparition programmée du chèque le 31 octobre 2018, en se réservant toutefois la possibilité de revoir le dispositif en 2016 face au comportement des Britanniques.

De son côté, l'Allemagne distribuait les chèques à l'unité et payant, les banques touchant une commission sur chaque chèque. Ces derniers ont été supprimés avec l'arrivée de l'euro en 2002.

Enfin, seuls les États-Unis rivalisent avec la France, non seulement parce que chaque banque locale distribue des chéquiers à ses clients, mais aussi parce que le règlement par carte bancaire est beaucoup moins sécurisé qu'en France.

Si l'utilisation des chèques a baissé de moitié en dix ans, la France reste le premier pays d'Europe à recourir à ce moyen de paiement. Sa disparition n'est donc pas à l'ordre du jour. Un plan d'action pour réduire son utilisation est toutefois prévu.

11 [Fiche métier] Le chef comptable, bras droit du Daf

C'est un pilier de l'entreprise: bras droit du directeur administratif et financier, le chef comptable demeure le garant de la fiabilité des informations comptables et fiscales. Son rôle est tellement crucial qu'en ces temps de crise financière, la précision de son regard intéresse jusqu'à la direction générale, qui lui demande de fournir des indicateurs à l'ensemble des services de l'entreprise. Un nouveau rôle s'ouvre à lui: ce technicien, auparavant très opérationnel, devient chef de projet.

12 Sa mission

De la rigueur en toute chose... "Le chef comptable pilote l'ensemble du processus et, à ce titre, il garantit l'exactitude des informations chiffrées", explique Johann Van Nieuwenhuyse, directeur chez Michael Page, cabinet de conseil en recrutement. "Sa mission consiste avant tout à fournir une information fiable en temps et en heure, renchérit Loïc Saluden, consultant senior au sein du cabinet de conseil en recrutement Hudson. Il doit savoir structurer l'information, rester méthodique malgré ses nombreuses tâches et, bien sûr, honorer toutes les échéances de paiement."

Rattaché au directeur financier, il est responsable de la production des états financiers (bilan, comptes de résultats et leurs annexes), mais aussi du pilotage comptable et fiscal de l'entreprise au quotidien. Avant toute chose, il gère la trésorerie, mais c'est aussi lui qui effectue les déclarations de TVA, d'Urssaf... Dans ce cadre, il anime les équipes en charge des comptabilités générale et auxiliaire et s'assure de la bonne application des normes comptables.

Parce qu'il se trouve à la source de l'ensemble des indicateurs chiffrés de l'entreprise, le chef comptable joue un rôle d'alerte auprès du directeur financier. En effet, loin de le cantonner à son bureau, son travail de collecte de l'information comptable le pousse à entrer en contact avec les différents services de l'entreprise: le contrôle de gestion, la direction générale, la direction des systèmes d'information ou encore les directions opérationnelles.

Le traditionnel gardien des chiffres devient donc un communicant, d'autant qu'il est aussi en charge des relations avec les établissements bancaires, notamment pour solliciter des demandes de financement. Il est, en outre, l'interlocuteur des commissaires aux comptes et des auditeurs, ainsi que celui de l'inspecteur des impôts, lorsque celui-ci vient pour un contrôle. De plus, la crise étant passée par là, on lui demande aujourd'hui de posséder une vision critique sur les différents services de l'entreprise. "Il doit avoir un avis sur l'organisation des structures pour faire progresser les services", constate Bruno Fadda, directeur associé de la société de recrutement Robert Half.

Une telle évolution est sans conteste liée à celle des outils informatiques, qui regroupent sur un seul et même logiciel des informations utilisées par différents métiers, comme le souligne la dernière étude "Finances et comptabilité" de Robert Half. Des logiciels informatiques devenus si complexes qu'ils exigent également de bonnes connaissances techniques. "Le chef comptable contribue très largement à l'évolution des logiciels", souligne Loïc Saluden (Hudson).

Ses compétences techniques doivent aussi être très pointues concernant l'environnement normatif, qui évolue beaucoup et qu'il convient de suivre au jour le jour. D'autant plus que les normes locales ne suffisent plus et qu'il faut être capable de comprendre et d'appliquer les normes IFRS, obligatoires dans les sociétés cotées en Bourse et dans leurs filiales.

13 Ses qualités

À la fois technicien, chef de projet et communicant, le chef comptable idéal est aussi doté d'un bon relationnel. "Il doit être capable d'animer un projet de manière transversale et de communiquer avec ses pairs, précise Bruno Fadda (Robert Half). Le profil le plus recherché est polyvalent, il allie des compétences techniques et managériales."

Ce collaborateur anime en effet des équipes généralement composées de deux à cinq personnes, selon la taille des PME. Autre aptitude de plus en plus demandée: la maîtrise de l'anglais. "Même les PME s'intéressent à des problématiques d'exportation ou ont des partenaires à l'étranger", constate Johann Van Nieuwenhuyse (Michael Page). Mais un chef comptable polyglotte est une denrée rare...

14 Sa formation

Sans surprise, le diplôme le plus attendu pour un chef comptable est un diplôme de comptabilité et de gestion (DCG ou DSCG, ex-DECF ou DESCF). "En revanche, un diplôme d'expertise comptable n'est pas du tout indispensable", précise Loïc Saluden (Hudson). Bien sûr, on rencontre aussi des chefs comptables dotés d'un "simple" Bac + 2/3 (BTS en comptabilité ou gestion). Mais dans ce cas, une expérience professionnelle plus longue sera exigée: de l'ordre de 10 ans, contre cinq ans pour une personne détenant un DCG ou un DSCG.

Généralement, les chefs comptables ont commencé leur parcours professionnel dans un cabinet d'expertise comptable, où ils ont idéalement réalisé des missions au sein de sociétés, par exemple dans le cadre d'un remplacement. Ils peuvent également être entrés directement en entreprise. "Ils y ont alors occupé des postes de comptabilité auxiliaire, puis de comptabilité générale, précise Bruno Fadda (Robert Half). La polyvalence est en effet nécessaire pour évoluer vers un poste de chef comptable."

Quelle que soit la voie choisie (cabinet ou entreprise), le parcours d'un chef comptable est toujours très linéaire. "Ce n'est pas une personne qui change de métier ou de voie, car le savoir acquis grâce à l'expérience est important", rapporte Johann Van Nieuwenhuyse (Michael Page). Un passage par le contrôle de gestion constitue un véritable atout pour celui qui doit aussi comprendre les enjeux "business" de l'entreprise.

15 Son salaire

Concernant la rémunération, le salaire doit suivre le niveau de compétence que l'on exige de son chef comptable. N'oubliez pas qu'il s'agit d'un profil très recherché. "Il existe un réel déséquilibre entre l'offre et la demande, note Bruno Fadda (Robert Half). Cette pénurie de profils explique que les chefs comptables soient difficiles à attirer. Généralement, ils sont déjà en poste et il faut chercher à les séduire, car ils ont souvent plusieurs pistes."

Ainsi, préparez-vous à proposer un salaire en rapport avec vos exigences! Au sein d'une PME-PMI, la fonction est intitulée "chef comptable". Démarrant aux alentours de 40 000 euros bruts par an, le salaire peut atteindre 60 000 euros si la personne est dotée d'une formation supérieure (DSCG/expertise comptable), maîtrise un ERP (progiciel de gestion intégrée), l'anglais, les normes internationales... La rémunération varie également en fonction du nombre d'années d'expérience, de la taille de l'organisation, du nombre de personnes à encadrer, de la complexité de l'activité de l'entreprise, etc. Les chefs comptables n'ont généralement pas de variable, mais ils peuvent bénéficier de primes sur le bilan ou de primes exceptionnelles en cas de changement de logiciel qui demande une charge de travail supplémentaire.

Pour le recrutement, les chasseurs de têtes spécialisés demeurent évidemment de bons alliés, mais ne négligez pas non plus les réseaux sociaux, comme Viadeo ou LinkedIn. Pensez donc à mettre en avant le salaire, mais aussi tous les avantages que la société peut apporter à ce collaborateur, notamment l'intérêt de la mission. Et si la quête s'avère infructueuse, n'hésitez pas à vous ouvrir à d'autres profils que le fameux DSCG: un BTS avec une belle expérience peut être tout aussi intéressant!


Le chef comptable en bref

Sa mission
- Produire les états financiers.
- Garantir l'exactitude des informations chiffrées.
- Fournir une information fiable en temps et en heure.
- Assurer une veille auprès des différents services de l'entreprise et alerter le directeur financier au besoin.

Ses qualités
- Communicant, doté d'un bon relationnel.
- Technicien.
- Maîtriser l'anglais est un plus.

Sa formation

DCG ou DSCG, ex-DECF ou DESCF, ou bien BTS comptabilité ou gestion avec une dizaine d'années d'expérience.

Son salaire

De 40 kEuros annuels en début de carrière à 60 kEuros pour un profil plus expérimenté.


Pour aller plus loin...

Retrouvez les principaux métiers de la Daf dans le dossier "Les fonctions de la Daf à la loupe"


Le chef comptable n'est plus seulement un technicien rigoureux. Il doit aujourd'hui être doté de qualités de communication et avoir le dynamisme d'un chef de projet.

16 [Fiche métier] Le consolideur, une fonction-clé

Il est temps de changer d'avis sur le métier de consolideur. Cette fonction très technique s'ouvre aujourd'hui davantage sur l'entreprise, sa stratégie mais également ses activités. "Le passage aux normes IFRS a eu pour effet d'ouvrir ce métier à l'ensemble des fonctions du groupe et notamment opérationnelles", analyse Erwan Lirin, associé au sein du cabinet d'audit et de conseil financier BM&A.

Cette évolution, en plus de rendre ce métier plus motivant, fait de la consolidation un tremplin vers d'autres fonctions comme le contrôle de gestion ou financier. Voire plus, si affinités: Jacques Stern, l'actuel p-dg d'Edenred, société de services prépayés aux entreprises, est l'ancien directeur de la consolidation du groupe Accor. "Les départements de consolidation sont des viviers de talents. Ils regorgent, en effet, de profils polyvalents, à l'aise tant sur des aspects techniques, que sur l'analyse économique des données. Ils offrent de belles perspectives", estime Vincent Tignon, président de l'Association française des consolideurs (AFC).

17 Sa mission

Le travail du consolideur est de publier les comptes consolidés. En clair, il doit présenter la situation financière de l'ensemble des sociétés qui constituent son groupe comme si elles n'étaient qu'une seule et unique entité. Cette tâche répond à certaines obligations légales mais permet aussi d'avoir une vision globale du groupe pour mieux le piloter.

Si la mission du consolideur est en grande partie technique (homogénéiser les différents principes comptables, s'assurer des différentes étapes du processus de consolidation...), la communication n'en est pas exempte. Le consolideur doit restituer l'information auprès des fonctions opérationnelles, mais aussi former les filiales aux aspects comptables et normatifs. Il est également en contact avec les dirigeants auprès desquels il fait une restitution des comptes consolidés en livrant une première analyse.

Enfin, il participe à la stratégie de l'entreprise: il est, par exemple, toujours consulté en cas d'acquisition pour simuler l'impact de l'achat d'une société au niveau comptable mais aussi au niveau du regard porté par le marché et donc du cours de la Bourse.

18 Sa formation

Les consolideurs sont généralement diplômés d'une école de commerce généraliste, formation complétée par une spécialisation en comptabilité et gestion comme le DCG ou le DSCG. "Cette dimension technique rassure l'employeur tandis que le profil école de commerce apporte une dimension internationale également recherchée", indique Bruno Fadda (Robert Half).

Ce profil international est, en effet, essentiel. Aussi bien au niveau de sa maîtrise de l'anglais - "très souvent incontournable" selon Bruno Fadda de Robert Half - que de sa compréhension des cultures étrangères. "Le consolideur travaille avec les contrôleurs financiers des filiales. Il doit les former, les relancer pour obtenir des informations et récupérer les liasses de consolidation... Dans ce cadre, il est primordial d'avoir une excellente capacité d'adaptation", souligne Bruno Fadda (Robert Half).

Si la formation est classique, l'expérience "terrain" est obligatoire: "Il faut avoir au moins une première expérience dans la production de comptes consolidés: ce n'est pas quelque chose qui s'apprend à l'école mais sur le terrain", pointe Erwan Lirin (BM&A). L'idéal, pour les recruteurs, est une personne qui a déjà fait de la consolidation au sein d'une entreprise.

Les consultants en gestion/finance qui interviennent sur la production de comptes consolidés ou la mise en place d'outils de consolidation sont des profils opérationnels qui peuvent également faire de bons consolideurs. "C'est un métier assez pointu qui nécessite de la maîtrise", avertit Bruno Fadda (Robert Half). Les candidats issus de grands cabinets d'audit offrent également un parcours intéressant lorsqu'ils interviennent sur l'audit de comptes consolidés. "Cette première expérience leur confère les premières notions techniques qu'il faudra renforcer ensuite par la pratique", nuance Bruno Fadda (Robert Half).

À noter que l'Association française des consolideurs a créé un master diplômant en association avec Dauphine et Francis Lefebvre qui permettra à des personnes ayant une première expérience de se former pour devenir consolideur. Il ouvrira ses portes en mai 2015.


19 Ses qualités

Les compétences techniques sont indissociables du métier de consolideur. D'où l'importance de la formation et de l'expérience. D'autant plus que le consolideur doit maîtriser les normes internationales (IFRS ou US) ainsi que les outils informatiques associés à la pratique de la consolidation. Cette connaissance technique doit être associée à de la rigueur et de l'implication: le consolideur ne compte pas ses heures de travail, notamment en phase de clôture.

À cela s'ajoute une autre qualité essentielle: la dimension relationnelle. "Les premières années, il est important de se concentrer sur l'aspect technique de cette fonction puis d'élargir à l'analyse des normes et l'optimisation des systèmes. Au-delà de ces trois compétences, il est impératif de développer des qualités de communicant", insiste Erwan Lirin (BM&A). Le consolideur doit en effet être capable de partager son expertise avec un vocabulaire compréhensible par tout le monde afin de favoriser les échanges et de confronter les chiffres à la réalité opérationnelle.

"Ce sont des hommes et des femmes de chiffres et de lettres: ils sont compétents sur la technique et démontrent une aisance rédactionnelle", décrit Vincent Tignon (AFC) qui rappelle que les consolideurs participent à la rédaction du document de référence, mais aussi aux "anti-sèches de road shows" qui permettent de préparer au mieux les réponses d'un directeur financier ou d'un directeur général aux questions posées par des analystes financiers.


20 Sa rémunération

La consolidation est un métier attractif au niveau financier, un débutant touchant généralement 40 000 euros bruts annuels et le salaire d'un directeur dépassant généralement les 100 000 euros. Une manière de récompenser les longues heures de travail, la forte implication... "Un consolideur senior est généralement très bien payé étant donné le niveau de technicité de sa fonction. C'est également un moyen de le fidéliser: peu de personnes poursuivent sur cette voie plusieurs années", révèle Bruno Fadda (Robert Half). En effet, entre le rythme soutenu et la crainte de l'hyperspécialisation, les consolideurs préfèrent souvent se tourner au bout de cinq ou sept ans vers d'autres fonctions financières.

Le consolideur en bref

Sa mission

- Publier des comptes consolidés.

- Informer les fonctions opérationnelles.

- Restituer les comptes consolidés auprès des dirigeants.

- Participer à la stratégie de l'entreprise.

Sa formation

- École de commerce + une spécialisation en comptabilité et gestion (DCG ou DSCG).

- Profil international, maîtrise de l'anglais indispensable.

- Expérience terrain dans la production de comptes consolidés.

- Un master diplômant ouvre ses porte en mai 2015, créé par l'Association française des consolideurs, Dauphine et Francis Lefebvre.

Ses qualités

- Compétences techniques.

- Maîtrise des normes internationales.

- Maîtrise des outils informatiques liés à la consolidation.

- Rigueur et implication.

- Bon communicant.

Sa rémunération

De 40 k€ annuels pour un débutant à plus de 100 k€ annuels pour un directeur de la consolidation. Rares sont les consolideurs qui occupent cette fonction, qui implique un rythme soutenu, plus de sept ans.


Pour aller plus loin...

Retrouvez les principaux métiers de la Daf dans le dossier "Les fonctions de la Daf à la loupe"


Avec l'internationalisation des entreprises, le consolideur devient une fonction-clé. Un poste qui demande amour des chiffres et des normes, rigueur mais également capacité à transmettre ses connaissances avec pédagogie, aussi bien à l'oral qu'à l'écrit.

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