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Les Daf optent pour une stratégie "antichoc"

Le 6ème baromètre des CFO établi par Deloitte révèle la prudence des Daf. S'ils considèrent que la situation économique mondiale, française et de leur entreprise est sur la voie de l'amélioration, ils continuent à avancer pas à pas, sécurisant les finances et l'activité de leur société.

Publié par Eve Mennesson le | Mis à jour le
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Les Daf optent pour une stratégie 'antichoc'

Jean-Paul Betbeze, conseiller économique chez Deloitte parle d'une phase de "maturation". "Les responsables financiers sentent que la situation économique s'améliore peu à peu. Face à cela, ils optent pour une stratégie "antichoc" faite d'auto-financement et de modération salariale", constate l'économiste.

En effet, la 6ème édition du Baromètre de Deloitte consacré aux CFO, qui a consulté 1300 directeurs financiers en Europe (dont 100 en France) en septembre et octobre derniers, révèle la prudence des Daf. Les Daf français ne sont en effet plus que 22% à estimer pouvoir prendre des risques contre 40% en avril dernier.

Perspectives pleines d'incertitudes

Premier élément : les Daf français sont assez pessimistes vis à vis de la conjoncture. Ils sont uniquement 14% (vs 27% en Europe) à se dire optimistes au sujet de la conjoncture actuelle comparée à celle d'il y a trois mois et 23% à se dire pessimistes. La plus grande majorité (64%) se situe dans la neutralité.

Ce qui pèse : le sentiment d'incertitude, ressenti fortement par 68% des Daf interrogés. Une incertitude qui vient de 3 éléments selon Jean-Paul Betbeze : "Le choc pétrolier qui n'est pas que bénéfique - il affecte de nombreux pays voisins - et qui fait se poser des questions sur que faire de l'argent économisée, le ralentissement en Chine et dans les pays émergents - le Brésil est en forte récession - et la possible remontée des taux d'intérêt aux Etats-Unis".

C'est donc une croissance modérée qui est en train de se dessiner. Ce que les CFO accueillent avec réalisme : plus du deux tiers des Daf français s'attend à une stagnation en légère croissance de leur chiffre d'affaire et de leur marge. Dans le reste de l'Europe, les perspectives sont plus roses : 64% des CFO interrogés misent sur une croissance de leur chiffre d'affaires (75% en Espagne, Italie et Portugal).

Des dépenses mesurées

Interrogés sur l'évolution des dépenses en capital, les Daf français sont 55% à les imaginer stables et 28% seulement en croissance (contre 41% en Europe). En effet, leurs 3 priorités pour les 12 prochains mois restent la croissance organique (55%), le contrôle des coûts (43%) et la réduction des coûts (43%).

Le nombre d'employés devrait également rester stable, selon 49% des Daf interrogés (24% en croissance et 22% en dégradation). Par ailleurs, 86% des Daf privilégient une hausse limitée des salaires.

Côté financement, sans surprise, les conditions d'accès aux emprunts bancaires sont considérés comme attractifs voire très attractifs par 31% des Daf français. Notons que les conditions d'accès au crédit sont jugées normales (57%). Mais c'est surtout l'autofinancement qui est au coeur de la reconstitution des fonds propres avec 40% des Daf qui le considère comme attractif voire très attractif.

Maîtriser le cash et le sécuriser

Côté trésorerie, la priorité n°1 est d'optimiser le BFR (83%). "Nous voyons clairement que les Daf souhaitent maîtriser le cash et le sécuriser", note Pascal Colin, associé Transformation finance chez Deloitte. En effet, en matière de liquidité, leur première priorité est de sécuriser le cash (54%).

Une trésorerie qui, si elle est en excédent, est consacrée aux investissements (63%), à la R&D (25%), au développement international (25%) et aux acquisitions (24%). "Sur ce dernier point, 71% des CFO interrogés disent que l'activité fusions/acquisitions connaîtra une augmentation dans les 6 prochains mois", rapporte Pascal Colin.


Des investissements pour sécuriser l'activité

Les investissements devraient connaître une légère accélération : les Daf investissent autant qu'il y a 6 mois (48%), voire plus (37%). Et sur les 12 prochains mois, ils sont 59% à prévoir investir.

57% des investissements prévus sont des investissements de capacité, suivis d'investissements de rattrapage (30%) et d'investissements de restructuration (25%). "Il s'agit de capacité qui permettent non pas de produire plus mais de produire plus sûrement, précise Jean-Paul Betbeze. Il s'agit d'investissements dans la surveillance, la protection, le juridique, la formation, la RSE."

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