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6 - Notation en ETI : la transparence est de mise

Le contexte actuel de désintermédiation croissante des financements (IBO, placements privés...) va multiplier les demandes de rating. Et cela pas seulement de la part des grands groupes.

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"On assiste à un mouvement de tenaille, analyse Didier Philouze, directeur du cabinet de conseil financier Bfinance. D'un côté, les banques se préparent à Bâle III en réduisant leur exposition au risque crédit, de l'autre, les institutionnels cherchent à diversifier leurs investissements. Les relations entre la plupart des PME-ETI et leurs banques ont été affectées par la crise de 2008. Les marges de négociation sont bien plus importantes pour les sociétés qui peuvent démontrer l'accès à d'autres solutions de financement."

Une tendance clairement confirmée par Standard & Poor's, dont une étude récente montre que les ETI françaises vont devoir lever 800 milliards d'euros de dette dans les cinq prochaines années. L'agence de notation a d'ailleurs lancé un service d'évaluation de la qualité de crédit qui est adapté aux entreprises de 100 millions à 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires.

Globalement, celle-ci reprend la méthodologie d'une notation classique, mais de manière simplifiée. "Nous regardons le risque pays et sectoriel, puis nous analysons la position concurrentielle de l'entreprise et son profil financier, ainsi que sa stratégie, sa gouvernance et sa gestion", résume Alexandra Krief, responsable de l'évaluation mid-market chez Standard & Poor's.


Didier Philouze, directeur du cabinet de conseil financier Bfinance


Effort de transparence

Avec 4 000 ETI en France et seulement 24 % de financement désintermédié, le potentiel en termes de notation est énorme. C'est sur ce créneau que se sont positionnés l'allemand Scope Ratings et l'agence lyonnaise Spread Research. À ce jour, ils sont les deux seuls acteurs en France agréés pour la notation des acteurs de taille intermédiaire. Un créneau plus difficile et moins rentable que la notation classique. "L'univers des PME est différent, car ces entreprises sont moins matures pour s'aventurer sur les marchés de capitaux par rapport aux grandes entreprises, note Guillaume Jolivet, analyste exécutif chez Scope Ratings. Elles n'ont pas forcément un niveau de reporting très développé. L'information circule en général de manière moins fluide que dans les sociétés cotées. En clair, elles ont un effort de transparence à faire vis-à-vis des investisseurs."

La différence entre rating et scoring

En matière de risque crédit, il convient de bien distinguer rating et scoring. Le premier est associé à la notation publique émanant des grandes agences, tandis que le second correspond à une notation privée telle que la pratiquent notamment Ellisphère (ex-Coface services) ou Altares. "Ce sont vraiment deux univers très différents, insiste Jean-Yves Bajon, directeur général d'Ellisphère. Le scoring est une activité non réglementée. Les scores sont le résultat d'un calcul probabiliste à base d'algorithmes mathématiques eux-mêmes fondés principalement sur des variables financières. Ils permettent en particulier d'établir une probabilité de défaut d'une entreprise. Le rating, quant à lui, est une activité réglementée qui fait intervenir, en plus de variables quantitatives, une opinion d'analyste fondée sur l'interprétation de données qualitatives." La finalité n'est pas non plus la même : "Le scoring sert principalement des décisions de crédit court terme et est d'autant plus pertinent qu'il s'applique sur un portefeuille large de risques, alors que le rating se base sur l'analyse de perspectives plus longues et sert des décisions de crédit unitaires importantes."

Yann Petiteaux

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