Afrique : la France perd des parts de marché au profit de la Chine
La balance commerciale de la France n'est pas au beau fixe. Avec des exportations en perte de vitesse depuis plusieurs années, le pays importe plus qu'il n'exporte. Les relations avec l'Afrique ne font pas exception. "L'Afrique représente un poids marginal dans les échanges de la France. Mais le continent a aussi une position particulière car la France y entretient un excédent commercial", commente Ruben Nizard, économiste Afrique subsaharienne de la Coface.
L'assureur-crédit publie mercredi 20 juin 2018 une nouvelle étude sur les échanges France / Afrique. Le résultat ? Les parts de marché à l'exportation de la France en Afrique ont été divisées par deux depuis 2000, passant de 11% à 5,5% en 2017. De manière générale, la tendance touche tous les secteurs d'activité, hormis l'aéronautique, et tous les pays. "C'est une tendance homogène, pays par pays, confirme Ruben Nizard. La France est en recul là où elle était historiquement leader, comme les pays de l'Afrique francophone. Il n'y a qu'au Gabon où elle reste en tête même si, là aussi, elle perd des parts de marché".
Et cela profite directement à la Chine, à l'Inde et même à l'Allemagne. Cette dernière affiche une position de moins en moins forte en Afrique, mais face à la dégringolade de la France, elle devient le principal fournisseur de l'Afrique.
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Dégringolade dans le secteur des machines
En effet, dans le détail, les exportations françaises dans le secteur des machines est passé de 12 % en 2001 à 6% en 2017. Au Sénégal, par exemple, la chute des parts de marché françaises atteint même les 25 points de pourcentage. L'Hexagone doit composer avec la concurrence de la Turquie, de l'Espagne et surtout de la Chine, dont la part a été multipliée par huit pour atteindre un quart des exportations totales des machines.
Le secteur des appareils électriques et électroniques suit le même mouvement : la France enregistre un fort recul tandis que la Chine confirme sa présence. Dans le secteur pharmaceutique, c'est l'Inde qui accumule les parts de marché. Son poids dans les exportations pharmaceutiques vers l'Afrique est passé de 5 à 18 % entre 2001 et 2017, tiré par le segment des médicaments génériques à bas coût.
Le marché automobile s'est lui partagé entre plusieurs acteurs, à cause notamment de la réorganisation des chaines de production. Spécialiste des pièces détachées, la Chine devient l'un des principaux fournisseurs de l'Afrique, au même titre que l'Inde. La France passe du 3ème rang en 2001 au 7ème en 2017, alors que d'autres pays européens progressent comme la Roumanie ou l'Espagne. Enfin, en ce qui concerne le blé, le recul français se justifie par une très mauvaise récolte et la concurrence de la Roumanie, de l'Ukraine et de la Russie qui en 2017 ont fourni plus de 40 % du blé total (contre seulement 3 % en 2001).
La bonne nouvelle provient du secteur aéronautique qui enregistre toujours de bonnes performances : de 12 % en 2001, la France comptabilise désormais 33 % de parts de marché.
Des marges de progression possibles
Loin de vouloir dresser un tableau fataliste, selon la Coface, rien n'est perdu pour la France. "Il est possible d'améliorer les exportations françaises en Afrique et même d'envisager un gain potentiel de 21 % dans 27 pays. Si ce potentiel avait été exploité, cela aurait représenté 1,5 point de parts de marché regagnées en 2017. Il aurait permis à la France d'atteindre son niveau d'avant la crise de 2008 et des subprimes", assure Ruben Nizard.
Par exemple, il s'agit de miser sur deux pays-clés : l'Algérie et le Maroc. Ces deux pays sont de véritables ressources pour les exportations françaises. Parmi les autres pistes évoquées par la Coface : renforcer la présence française là où elle est relativement faible, comme par exemple en Afrique de l'Est voire en Afrique australe, ou concentrer ses efforts envers les pays ayant un système légal d'origine française, comme les marchés d'Afrique francophone, en particulier dans la bande sahélienne (Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad).
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