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"La confiance des entreprises est amoindrie"

Pénuries, inflation, remboursement des PGE, guerre en Ukraine... De nombreux facteurs impactent actuellement la santé financière des entreprises, en particulier les PME. Celles-ci manquent de fonds propres et les défaillances d'entreprises tendent à se multiplier.

Publié par Audrey Fréel le - mis à jour à
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'La confiance des entreprises est amoindrie'

Le contexte économique actuel pèse sur le moral des entreprises. "Même si les carnets de commande sont globalement pleins, la confiance des entreprises est aujourd'hui amoindrie", constate Denis Le Bossé, président du cabinet ARC, spécialisé dans le recouvrement de créances bancaires et commerciales. Pourtant, l'année 2021 s'était achevée sur une note optimiste. Selon le dernier baromètre d'ARC, publié en octobre 2021, 45 % des entreprises prévoyaient une croissance de leurs activités. C'est désormais de l'histoire ancienne. "Les hausses des prix sur les matières premières, les pénuries, les problèmes d'approvisionnement en Chine liés au Covid, la guerre en Ukraine, l'augmentation des taux d'intérêt et les remboursements des Prêts garantis par l'État (PGE) suscitent de vives inquiétudes", explique Denis Le Bossé.

Pour rectifier le tir, le gouvernement a mis en place quelques aides, notamment le PGE résilience pour soutenir la trésorerie des entreprises affectées par les conséquences économiques de la guerre en Ukraine. "Mais toutes les entreprises ne sont pas éligibles à ce PGE", prévient Denis Le Bossé. Ainsi, de nombreuses sociétés, en particulier les TPE et PME, sont aujourd'hui dans des situations délicates. "Certaines, notamment dans le bâtiment, rencontrent des difficultés pour sécuriser leurs cash car elles ont consommé leur PGE et sont confrontées à un manque de matières premières qui ne leur permet pas de mener à bien leurs chantiers. Elles ne peuvent donc pas se faire payer et doivent, en même temps, commencer à rembourser leurs PGE", détaille Denis Le Bossé.

Un allongement des délais de paiement

Par ailleurs, les délais de paiement tendent également à s'allonger. Le dernier baromètre d'ARC l'atteste : le retard de paiement moyen s'établissait à 15 jours en 2021, contre 13 jours en 2020. "Et ce retard tend à s'intensifier au premier trimestre 2022. Certaines entreprises, peu vertueuses, créent un rapport de force avec leurs fournisseurs", remarque Denis Le Bossé. La désorganisation des services et le télétravail peuvent aussi expliquer cette hausse dans les grands groupes. D'après le baromètre d'ARC, les dirigeants ont d'ailleurs déclaré que 33 % des retards de paiement en 2021 étaient dus à un process de validation des factures trop long, soit 10 points de plus qu'en 2020.

Un manque de fonds propres

Selon le président d'Arc, de nombreuses TPE et PME françaises manquent aujourd'hui de fonds propres et doivent consommer du cash. "Dans ce contexte, on peut se demander quelle va être la position des banques. Vont-elles accepter de soutenir les entreprises en accordant de nouveaux prêts, notamment à celles dont le PGE n'est pas remboursé ?", questionne-t-il. Sans nouvelles aides de l'État ni possibilité d'obtenir un prêt, certaines entreprises pourront choisir de céder leurs crédences à un factor, établissement financier tiers. En échange, elles recevront le paiement des factures de la part du factor. "Il s'agit d'un levier d'optimisation financière pour les grands groupes, mais la plupart des TPE et PME considère la solution d'affacturage comme trop coûteuse car cela absorbe bien souvent leur marge bénéficiaire", analyse Denis Le Bossé. Résultat : les défaillances d'entreprises tendent à grimper en flèche depuis quelques mois. "Les Urssaf ont stoppé le recouvrement depuis le début de la crise Covid, quand elles vont reprendre, cela entraînera probablement une augmentation des dépôts de bilan", s'inquiète également Denis Le Bossé. Reste à savoir si les pouvoirs publics mettront en place de nouvelles aides pour limiter la casse.

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